Un voyage en trois étapes
Lorsqu’un mineur non accompagné dépose une demande d’asile, il est considéré comme une personne vulnérable et bénéficie à ce titre d’une démarche spécifique qui se déroule en trois phases. Le jeune est d’abord accueilli dans un centre d’orientation et d’observation où ses vulnérabilités physiques ou psychologiques seront évaluées, et où son âge sera vérifié (éventuellement par des tests osseux) à la demande de l’Office des étrangers. .
Ensuite, le jeune est envoyé dans un centre d’accueil collectif classique dans lequel des ailes sont réservées à Mena. Certains peuvent être hébergés dans une famille d’accueil et les moins de 15 ans, lorsque des places sont disponibles, sont pris en charge par les services jeunesse. Le jeune suivra également sa scolarité dans des classes qui disposent de moyens spécifiques pour l’accompagner et qui sont surnommées Daspa (pour système d’accueil et de scolarisation des élèves primo-arrivants et assimilés). Il bénéficie également de l’aide d’un tuteur légal qui l’accompagnera tout au long de son périple.
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Enfin, les jeunes de 15 ans et plus, ayant obtenu ou en cours d’obtention du statut de réfugié, sont orientés vers une ILA, une initiative locale d’accueil (ILA) jusqu’à leurs 18 ans. Les ILA sont gérées par les CPAS ou par des organismes privés. des associations comme Caritas International avec son projet Jeunes en transit qui accueille et accompagne 19 mena en studio. “L’objectif d’un tel projet est d’aider les jeunes afin qu’ils puissent être le plus indépendants possible à 18 ans.précise Alice, assistante sociale de Caritas. Nous les aidons à gérer leurs démarches administratives, leur fréquentation scolaire ainsi que les tâches de la vie quotidienne comme apprendre à faire la lessive ou trier leurs déchets. Avec eux, je peux avoir des tâches très différentes dans la journée : expliquer le système de santé belge, rechercher une nouvelle école ou un job étudiant, contacter des services externes… »
Jusqu’à six mois d’attente
Bien conçu sur le papier, ce cours est sujet à de sérieuses difficultés. “Il n’y a plus assez de place dans les ILA qui aident ces jeunesregrette Joke Dillen, chargée de plaidoyer à Caritas International. Certains jeunes attendent 4, 5 ou 6 mois avant de pouvoir en adhérer. Ils attendent donc dans des centres collectifs qui ne leur conviennent pas toujours. Et six mois, à leur âge et compte tenu du parcours qu’ils ont parcouru, c’est énorme. C’est un temps précieux qu’on perd pour gagner en autonomie.
« Aujourd’hui, 300 Mena attendent une place dans un ILA», abonde Benoit Mansy, porte-parole de Fedasil. La responsabilité, selon lui, ne dépend pas tant du gouvernement fédéral (qui finance ces places) que des communes qui, faute de logements disponibles ou de volonté, ne répondent pas aux incitations en la matière.
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Mais ce n’est pas le seul problème qui fragilise le parcours des mineurs étrangers. Ces derniers mois, les acteurs de terrain ont observé une augmentation significative du nombre de jeunes mineurs étrangers, âgés de moins de 15 ans. Depuis janvier par exemple, 461 ont demandé un statut protégé. Cependant, il manque des places dans le secteur des jeunes pour les accueillir au mieux. De même, regrette Joke Dillen, il n’y a pas assez de places dans les structures psychiatriques pour les jeunes, traumatisés par leur parcours migratoire, qui en ont besoin.
Difficultés structurelles
Ces difficultés démontrent à elles seules les fragilités de la politique d’asile en Belgique. Aujourd’hui, si tous les hommes célibataires demandeurs d’asile ne sont pas accueillis dans les centres (2 600 sont actuellement sur liste d’attente et livrés à eux-mêmes), toutes les familles et les jeunes demandeurs d’asile obtiennent une place. Cependant, leur soutien n’est pas optimal, témoignent les associations locales. Et nous ne savons pas de quoi demain sera fait, insiste Joke Dillen. « L’immigration dans notre pays est une histoire de vagues. Selon les conflits dans le monde, certaines années sont plus lourdes que d’autres. C’est la même chose en un an : l’été et le début de l’automne sont bien plus denses que les mois d’hiver. Malheureusement, notre politique n’est pas du tout adaptée à de tels rythmes cycliques. Lorsqu’une crise d’accueil survient, on crée des lieux à la va-vite, puis on. les ferme une fois la vague passée. on licencie des équipes, on ferme des lieux et on perd des compétences avant de devoir repartir de zéro quelques mois ou années plus tard. Si aujourd’hui les Mena manquent de places dans les ILA, il y en aura peut-être demain dans les ILA. des premiers stades d’accueil qui seraient soumis à une plus grande pression. Nous devons trouver un système beaucoup plus flexible.
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« Ce n’est pas le seul défi de notre politique migratoire (la durée de traitement des fichiers est une autre NDLR)mais c’est un véritable défi. Nous devrions maintenir davantage de zones tampons pour mieux réagir en temps de crise.» » acquiesce Benoît Mansy. Actuellement, soulignent régulièrement de nombreuses associations, la pression sur les structures d’accueil pèse sur l’accompagnement des migrants, ce qui ne favorise pas leur insertion socioprofessionnelle.
Quelque 3 500 jeunes livrés à eux-mêmes
Outre les mineurs pris en charge par les institutions belges, quelque 3.500 mena errent actuellement en Belgique, en proie aux réseaux criminels et à la prostitution, a alerté le délégué général aux droits de l’enfant, Soulaÿman Laqdim, mercredi sur les ondes de la RTBF. S’ils ne sont pas pris en charge, c’est parce qu’ils n’ont pas demandé de protection internationale auprès des autorités belges. Les raisons peuvent être variées. Les jeunes se méfient de ces autorités, certains n’ont pas les ressources humaines ou sociales pour entreprendre des démarches, d’autres savent qu’ils ont peu de chance d’obtenir des papiers, et enfin d’autres sont en transit et espèrent pouvoir embarquer pour l’Angleterre. Si des organismes existent pour les aider, si la police tente de les dénoncer pour les réorienter, leur situation est souvent précaire. Beaucoup sont exploités sexuellement, forcés de travailler, ou utilisés par des réseaux criminels, a encore souligné Soulaÿman Laqdim, notant qu’il y a de plus en plus de jeunes Mena.
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Ce mardi, à l’approche de l’hiver, un groupe d’associations de terrain, regroupées au sein du consortium « hub humanitaire », a appelé les autorités à augmenter le nombre de places d’accueil.pour garantir que personne, et encore moins aucune famille, ni aucun enfant, ne soit obligé de dormir dans la rue.. En plus des mena, 521 familles sont venues au consortium depuis le début de l’année pour demander un logement. Cependant, a-t-il affirmé, «plus de la moitié (276) n’ont pas pu trouver de place dans le réseau d’hébergement d’urgence, car celui-ci est complètement saturé.»