Alors que La Revue trier mon fils Classements des écoles secondaires du QuébecLe ministre Drainville en a profité pour réitérer son intention de publier un « palmarès » gouvernemental écoles avec son tableau de bord. On comprend, M. Drainville veut se démarquer en centralisant les données sous une bannière officielle, et non par un travail journalistique. Mais quelle est la pertinence et surtout l’impact réel d’une telle initiative ?
Une distraction inutile
Le parcours de M. Drainville ne trouvera pas d’enseignants pour combler les postes vacants. Il n’apportera pas de soutien aux étudiants en difficulté. Cela ne réparera pas les fuites des toits ou les systèmes de ventilation et de chauffage défaillants (comme nous le rappelle l’enseignant Simon Bucci-Wheaton). Cela ne réduira pas les délais pour les diagnostics d’orthophonie ou de rattrapage scolaire.
Croire qu’un classement reflète les efforts d’une école est absurde. Le classement porterait sur des données faciles à manipuler : les résultats des examens ministériels. Mais est-ce le seul objectif de l’éducation ? Qu’arrive-t-il aux trois missions fondamentales de l’école québécoise : éduquer, socialiser, qualifier ?
Personnel de l’école au coeur solutions
Les enseignants ne se reconnaissent pas dans ces chiffres : réduire une école à un pourcentage d’élèves ayant réussi un examen ministériel, c’est écarter les 80 % du travail qui ne se voient pas dans un classement.
Ce type de classement créerait une pression énorme sur les directeurs d’école. Contraints de maintenir les résultats pour éviter une mauvaise place, ils doivent aussi jongler avec les enjeux du terrain, souvent ignorés dans les classements. Tout mauvais numéro devient une marque négative, nuisant à leur réputation.
Dans cette quête de performance, les priorités changent : au lieu d’écouter les personnels et les élèves, les écoles courent après les chiffres !
Les écoles des zones défavorisées, déjà sous pression, se retrouvent qualifiées de « mauvaises », quels que soient leurs efforts. Ces résultats, présentés hors contexte, sont réutilisés pour justifier les discours de désinvestissement.
En revanche, les écoles favorisées, mieux accompagnées et souvent dotées de programmes sélectifs, brillent sans surprise en tête du classement. Ces classements reflètent davantage les inégalités sociales qu’ils ne mesurent la qualité des services éducatifs ou l’engagement du personnel scolaire.
Drainville veut un « changement de culture » ? Parfait. Mais ce n’est pas avec de belles tables de chiffres qu’on change un système. Ce dont nos écoles ont besoin, c’est d’un personnel qualifié, d’un soutien aux élèves vulnérables et d’investissements dans des infrastructures décentes. La priorité est de réduire les inégalités, pas de les mettre en avant dans un classement.
L’éducation n’est pas une compétition. C’est un service essentiel, un droit fondamental. Plutôt que de chercher à flatter les amateurs de chiffres et de classements, M. Drainville devrait se demander : de quoi ont réellement besoin les élèves et les enseignants, aujourd’hui, pour réussir demain ?