Que ressent-on à 50°C à l’ombre ? On pourrait atteindre cette température plusieurs jours de suite à Paris en 2050. Une chambre climatique mobile installée dans un camion permet de vivre dans un climat extrême.
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“Je suis inquiet, mais finalement, je suis aussi rassuré après cette expérience extrême, moi en 2050, je pensais qu’on allait tous mourir”confie Léona en sortant de la chambre climatique. Cette réalisatrice de trente ans se dit sensible aux préoccupations environnementales et estime faire partie d’une génération qui a adopté des comportements plus vertueux.
“Je n’achète plus beaucoup de vêtements, et quand je le fais, c’est de seconde main”explique la jeune femme. Léona habite à Paris dans le 6e arrondissement, un quartier très urbain. “Les choses changent par exemple, dans ma rue je vois des gens descendre avec leur bac à compost, c’est bien »elle ponctue.
L’installation consiste à s’immerger dans « le climat du futur » et se déroule en trois étapes : ressentir, comprendre et enfin passer à l’action. Cette expérience a été créée par l’explorateur et chercheur Christian Clot, qui entend pousser chacun à l’action.
« Les 50°C qu’on a pu avoir à Paris, c’est quelque chose que personne n’a encore connu et l’idée était de pouvoir leur donner vie. » expliquer Christian Clout à l’origine du projet Climati Sense. Une expérience immersive qui plonge le visiteur dans une enceinte climatique à 50°C pendant une trentaine de minutes.
“J’ai conceptualisé ce projet parce que dans nos études, nous avons vu que pour aider les gens à changer quelque chose dans leur vie, il fallait du ressenti et malheureusement, le climat du futur est difficile de l’avoir déjà vécu, même si nous avons des canicules, des inondations qui commencent sensibiliser les gens », explique l’explorateur-chercheur qui mène des expéditions d’exploration et de recherche à travers le monde. « Mes travaux portent plus spécifiquement sur la capacité humaine à s’adapter face aux changements et aux crises, en menant des études en situations réelles »précise le chercheur.
Le camion installé rue Lobau, derrière l’Hôtel de Ville de Paris attire les passants. Alain se prête à l’expérience. Installé à l’intérieur, il dit être passé par cette rue par hasard, mais s’est montré très intéressé par le sujet du changement climatique. « Finalement ça va, il ne fait pas trop chaud, je ne transpire pas, cependant je crois que je suis tout rouge »il plaisante.
Plusieurs étapes attendent les cobayes volontaires qui tenteront l’expérience immersive. Tout d’abord, les visiteurs passent dix minutes sur un vélo d’exercice. Deux amis marchent d’un bon pas sur le tapis roulant depuis cinq minutes. La discussion s’engage sur l’organisation de l’anniversaire de l’un d’eux. «Encore un peu chaud»dit l’un d’eux au bout d’un moment.
Alain entame la deuxième étape. Il termine son verre d’eau et s’approche des objets posés sur une table. Il pose la main dessus et est surpris par la température de l’objet. “Je ne m’y attendais pas”, il explique. “C’est là qu’on comprend que la température est vraiment élevée”continue-t-il.
Les dix dernières minutes d’immersion, dans cet univers à 50°C, consistent à réaliser une épreuve de logique assez simple. “J’avais clairement l’impression que mon cerveau fonctionnait plus lentement” dit Léona. “En fait, nous sommes en mode lent, car nous voulons préserver nos capacités de base : respirer, moduler la température de notre corps”analyse la jeune femme.
Même sentiment pour Alain qui n’observe pas »pas de réelle difficulté à répondre au test”mais concède “lire les questions plusieurs fois”.
Des panneaux sont installés dès la sortie du camion, il propose 50 solutions pour éviter que les températures ne s’affolent à Paris. Léona est sensible aux solutions qui peuvent être prises à une échelle individuelle. « Cette immersion est intéressante, mais ce qui me semble très important c’est qu’on ait des réponses et des moyens pour réduire nos impacts »dit-elle.
Un objectif assumé par Christian Clot. « Le but n’est pas seulement d’effrayer les gens en leur montrant à quel point cela va être dur, mais de leur faire prendre conscience que même si, bien sûr, le climat va se réchauffer, nous avons encore aujourd’hui la capacité d’agir », il explique.
Installé jusqu’à jeudi soir, ce dispositif immersif gratuit permet de vivre une trentaine de minutes à 50°C, une température que pourrait connaître Paris au milieu du siècle.