Dans le procès du prétendu emploi fictif d’assistants parlementaires d’eurodéputés du Front national, Me Nicolay Fakiroff a réclamé ce mardi 19 novembre 2024 la relaxe du maire de Perpignan. Plaidant pendant près de deux heures sur une série d’arguments juridiques, voire juridico-complotistes et politiques, pour tenter de déjouer les lourdes réquisitions contre Louis Aliot : 18 mois de prison dont 12 mois avec sursis, 30 000 € d’amende, mais aussi trois d’inéligibilité avec exécution provisoire. Avec la menace de perdre ses mandats à la tête de la Ville et au conseil départemental des Pyrénées-Orientales dès le jugement rendu début 2025.
Il est ici en jeu et de son destin politique. Mais Louis Aliot est spectateur ce mardi après-midi de ce procès qui pourrait bien sceller la fin de son mandat de maire de Perpignan, ville la plus importante de France remportée par le Rassemblement national. Marine Le Pen était assise deux rangs derrière, comme pour établir une distance symbolique entre l’élu local et le « système » de fraude aux fonds européens accusé par le parti d’extrême droite. Laurent Salles, son assistant parlementaire prétendument fictif, a pris place, le visage livide, aux côtés de l’élu frontiste qui ne lui adressait pas un mot, ni le moindre regard. Continuer à noircir son petit carnet et à surveiller par-dessus ses lunettes la réaction des magistrats auprès de son avocat.
Aujourd’hui, M.e Nicolay Fakiroff porte pêle-mêle les mots de «inoxydable” Bruno Gollnisch, “bon père” Nicolas Bay, mais aussi Louis Aliot“l’affable“qui s’est démarqué dans cette affaire par”un silence obstiné ». Une défense de groupe donc qui dénonce les réquisitions « indigne, scandaleux, partial et au mépris de l’individualisation des peines ». Qui contre-attaque à tout prix, “ambiguïté” du statut d’assistant parlementaire au niveau européen jusqu’à « le délit de principe », dans en passant par l’impossibilité pour le tribunal de juger cette affaire qui aurait dû éventuellement être sanctionnée par le Parlement européen. Et qui se rebelle contre « deux poids, deux mesures ». Référence, entre autres, à l’affaire des assistants parlementaires du MoDem et de ses des « sanctions symboliques » prononcé. «C’était un essai. Avec le MoDem, nous avons appuyé sur la gâchette et, là, nous avons tiré à balles réelles. » lance Me Fakiroff. Reconnaissant soudain, après avoir tenté pendant des jours de justifier la réalité des métiers d’assistants visés, qu’il s’agissait de « des pratiques partagées, connues et acceptées » au sein du Parlement.
“Ça a été fait comme un papa avec un manque de rigueur évident”
Pour les faits reprochés à Louis Aliot, l’avocat le reconnaît : “jeil y a des faiblesses et approximations. Et il diabolise. « Lorsqu’il a été élu député européen, il a été conseiller régional, conseiller municipal et a exercé des fonctions de cadre dirigeant du Front national. Il avait deux assistants locaux à Perpignan, un à Bruxelles, il lui fallait un troisième assistant pour prendre en charge les appels et trier le courrier.. Cela a été fait à la manière d’un papa avec un manque évident de rigueur. C’est vrai, Laurent Salles n’a pas été très productif, il consacre beaucoup plus d’énergie à ses activités partisanes et à son mandat local. Louis Aliot constate vite les insuffisances de son adjoint qui râle car il n’a pas ses fiches de paie. Et il met fin à son contrat. L’avis est exécuté, payé et c’est terminé. Louis Aliot n’a pas le profil d’un fraudeur qui profite d’indemnisations pour les détourner de leurs destinations légitimes et les mettre dans sa poche. Et je vous pose la question, selon la règle du Rasoir de Hanlon : « Pourquoi essayer d’attribuer à la méchanceté ce qui s’explique simplement par la bêtise ?
Quant au risque d’inéligibilité du maire de Perpignan, l’avocat n’en fera même pas mention. Une stratégie de défense peut-être pour faire oublier ou mettre une distance symbolique avec la menace. Et conjurer le destin…