Par
Géraldine Lebourgeois
Publié le
20 novembre 2024 à 6h47
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Démâté et mis à sécher pour un grand carénage il y a un an, novembre 2023le terre-neuvier Marité, patrimoine maritime emblématique et ambassadeur du département de la Manche, n’est pas sur le point de reprendre la mer pour le moment fin d’année 2024.
Pourtant, il sortait d’une saison record (5 000 passagers), également celle où son centenaire a été célébré en grande pompe. Mais trois champignons qui lui ont grignoté la coque travail coûteux. LE dommage sont consécutifcomme on peut le voir où attend la coque du trois-mâts, à Port-en-Bessin-Huppain (Calvados).
C’est difficile à voir
Aujourd’hui placée à côté d’un hangar du chantier Bernard, sur son site de Port-en-Bessin, la coque du bateau de 45 mètres est en effet difficile à voir. Un spectacle qui rappelle les heures sombres vécues par ce survivant et témoin de la grande époque des Terre-Neuve.
Construit à Fécamp en 1923le trois-mâts a traversé de nombreuses tempêtesdans tous les sens du terme. Mais comme le Phénix, il renaît à chaque fois de ses cendres, là où les pessimistes le croyaient perdu à jamais.
Que va-t-il se passer cette fois-ci ? Malgré les voix moroses, les membres du Groupement d’Intérêt Public (GIP) propriétaire du bateau depuis vingt ans ne veulent pas baisser les bras.
« La présence de la Marité à l’Armada de Rouen en juillet 2027parmi les 50 plus beaux voiliers du mondeconstitue l’objectif à atteindre ! », se défendent-ils en faisant appel au générosité de tous à travers un collecte de fonds organisé avec la Fondation du Patrimoine.
Le GIP Marité est composé du Département de la Manche, à une majorité de 81 %, des communes de Granville (9 %), de Saint-Vaast-la-Hougue (5 %), de Fécamp (5 %), de la Fondation du Patrimoine Maritime. et fluvial et l’association Les amis du Marité.
Cent ans et sept vies
Construite à Fécamp en 1923, la Marité n’a réalisé que cinq campagnes de pêche à la morue.
Vendu pour la première fois en 1929, il servait au cabotage entre le Danemark et les îles Féroé. Durant la Seconde Guerre mondiale, réquisitionné par les Alliés, il servait au transport de marchandises. Abandonné depuis des années, il a été retrouvé en 1973 au fond d’un port des îles Féroé, racheté en 1978 par trois Suédois, passionnés par ce bateau auquel ils ont consacré dix ans à sa restauration afin de l’affréter.
En 1999, de nouveau en vente, le trois-mâts est sauvé grâce à Gérard d’Aboville, navigateur et président de la Fondation du patrimoine maritime et fluvial. Début d’une tournée des ports pour le Marité.
En juin 2004, il est racheté par le GIP Normand (puis Rouen, Fécamp, Manche, Eure et Agglomération Seine-Eure) pour 2,4 millions d’euros. En 2006, le bateau a dû être entièrement rénové. Cela a finalement coûté 5,5 millions d’euros. Le 14 mai 2011, Marité, remis à neuf, prend Granville comme port d’attache.
Les 24 et 25 juin 2023, nous célébrons le 100e anniversaire du chien Terre-Neuve qui entre dans un grand carénage. Compte tenu des dégâts causés par un champignon xylophage, le programme de navigation 2024 est annulé.
De 2012 à 2024, Marité aura réalisé des missions commerciales bénéficiant à plus de 200 000 passagers.
Victime de trois champignons
” Il y a un fort attachement à ce bateau, le dernier pétrolier à morue. C’est un patrimoine maritime emblématique et c’était depuis plusieurs années, même si les plus jeunes ne le savent pas, le bateau deémission phare à la téléThalassa”, evokes Gilles Ménard, le maire de Granville, port d’attache de Marié depuis le 14 mai 2011.
Nous n’aurions jamais imaginé qu’il était dans cet état. Nous ne pouvions rien voir !
Le lancement de la collectionle 25 octobre 2024se justifie notamment par de nombreuses réactions, individus, associations et entreprises qui s’interrogent sur « les moyens d’agir, d’apporter leur contribution », évoque à cette occasion Marie-Pierre Fauvel, vice-présidentau conseil départemental de la Manche et président du GIP Marité.
Le Marié est finalement victime non pas d’un mais de trois champignons xylophages. Ils ont colonisé la coque en bois de la Marité, principalement composée de chênes : Coniophora puteana, Antrodia sp., Trechispora farinacea.
Les montures concernées sont celles qui n’avaient pas été modifiées il y a 20 ans.
« Mais les champignons ont aussi attaqué le bois installé lors de la restauration . Mais il n’y a aucun doute sur les matériaux utiliséset la restauration réalisée dans les règles de l’art. » Le GIP aime souligner que le Marié n’est pas la seule victime de tels dégâtscitant Hermione comme exemple.
En cause : une autre utilisation faite de l’ancien gréement, « avec la respiration des gens qui descendent là où on ne descendait pas il y a 100 ans », où était stockée la morue salée, et infiltration d’eau de pluie. « La durée de vie des Terre-Neuve était de toute façon d’environ vingt ans. Avoir fait vivre la Marité pendant 100 ans est déjà un exploit », a souligné le directeur du GIP.
“Il faut y croire”
« L’appel au financement participatif est aujourd’hui la seule solution pour le restaurer. » Interrogé, Gilles Ménard n’en doute pas :
Il faut le sauver ! Il faut le croire. Mais dans le contexte actuel, avec la rareté des fonds, les communautés ne peuvent pas réaliser les travaux seules.
Le GIP, qui s’appuie sur le soutien de la Fondation du Patrimoine, devra également recourir à l’emprunt auprès de clôturer le budget.
C’est donc bel et bien au-delà de la fin de cette année 2024 qu’il faut se projeter pour espérer voir le Marié naviguer toutes voiles dehors.
Déjà restauré il y a presque 20 ans
Beaucoup de gens veulent encore y croire. Et l’on se souvient des propos du maire de Louviers dans juillet 2008 une année où la Ville de Rouen a quitté le navire alors que Terre-Neuve nécessitait déjà une importante restauration.
« Le Marité peut encore durer 80 ans ! », a affirmé haut et fort Frank Martin, alors que le poids financier du projet de restauration faisait polémique.
Ces travaux, plus lourds que prévus, déjà confiés au chantier Bernard, auront duré près de six ans. Nous n’avons alors conservé que 15 à 20 % des éléments du bateau d’origine. Déjà un abonnement a été lancé pour aider au financement.
Le Marié a été béni parÉvêque de Coutances et Avranches le 30 juin 2012en présence de son parrainacteur et auteur Jacques Gamblin.
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