C’est une séance du Conseil général qui marquera Boudry. Lundi soir, le législateur était appelé à élire le remplaçant du démissionnaire Gilles de Reynier qui a quitté son poste de conseiller municipal fin octobre pour des raisons de santé. Le PLR avait choisi la semaine dernière, parmi plusieurs personnes intéressées, de présenter Pascal Pedimina, membre du conseil général de Boudrysan. Mais finalement, rien ne s’est passé comme prévu.
La politique dans Boudry, c’est comme cette vieille série américaine et sa chanson : Dallas, ton univers impitoyable. Pour l’occasion, la salle de spectacle qui a accueilli cette réunion extraordinaire du Conseil général a porté bien son nom. Après une heure de présentation studieuse du plan local de développement, la nomination d’un membre du Conseil Municipal arrive à l’ordre du jour. Et c’est à ce moment-là qu’il fallait apporter du pop-corn. L’entrepreneur Pascal Pédimina est présenté par son chef de groupe, Delio Musitelli, qui met en avant ses atouts pour la Municipalité. « Son expérience professionnelle, mais aussi politique. Un homme au savoir-faire technique incontestable, 12e mieux élu au Conseil Général lors des dernières élections communales, tous partis confondus. »
Tournure dramatique
Puis vient la surprise… Assis au même rang, le libéral-radical Stéphane Keller, pas très à l’aise, se lève et prend la parole pour annoncer la candidature de Pascal Chapuisod. Il le décrit « comme un enfant de Boudry qui n’a aucun conflit d’intérêt avec la Commune. » Le ton est donné. Une proposition surprise, inattendue, du moins pour les journalistes présents. Le président du groupe socialiste, Nicolas Rousseau, avait alors demandé une suspension de séance, invoquant « une proposition qui embarrasse son parti ». Vingt minutes plus tard, le PS précisait qu’il laissait à ses adhérents la liberté de voter. Les urnes sont retirées et les 41 membres du Conseil général votent à bulletin secret. Résultat : le candidat « libre » Pascal Chapuisod a obtenu 23 voix et obtenu la majorité absolue dès le premier tour. Pour ce dernier, même si sa candidature n’a pas obtenu de majorité lors de la session interne du PLR la semaine dernière, « c’était le moment ou jamais. » Bien que conseiller général suppléant, à ses yeux, son élection à l’exécutif est légitime. « Sur 6 400 habitants, être conseiller général suppléant, c’est avoir déjà participé à une élection. Et c’est ouvert à tous, il n’est pas nécessaire d’être conseiller général ou suppléant. »
Des conflits d’intérêts potentiels qui ont certainement pesé dans la balance
De son côté, Pascal Pedimina, certes un peu amer, accepte sa défaite. Mais se sent-il trahi par une partie de son groupe PLR ou plus largement par le Conseil général ? «Non, non», répond-il. « C’est de la politique, nous savons comment ça se passe. »
Quant aux potentiels conflits d’intérêts évoqués par certains, Pascal Pedimina précise : « Il y a des mandats de la Commune qui sont réalisés via mon entreprise (2P+ Management). Et selon le dicastère que j’aurais eu, peut-être aurais-je éventuellement eu une double casquette. Mais dans cette situation, je ne pense pas que cela ait été le cas, car on aurait très bien pu encadrer les mandats, contractuellement établis depuis de nombreux mois, et qui vont bientôt se terminer. Nous aurions pu facilement répondre à ce problème. »
Un Boudry PLR en mauvais état
A l’issue de cette séance, le malaise était clairement perceptible dans les rangs du PLR de Boudry. Les cicatrices de la campagne sur le projet de fusion Basse-Areuse qui avait tant divisé les membres de la section locale semblent encore bien vivantes. C’est ce que pense Delio Musitelli, le président du groupe libéral-radical au Conseil général, qui a eu du mal à analyser la situation après ce coup assourdissant.
Il appartiendra désormais au comité de section de déterminer la suite et si le nouvel élu Pascal Chapuisod représentera toujours les couleurs officielles du PLR de Boudry. /jpp