un hôpital de campagne installé dans la Nièvre

Un hôpital de campagne a été installé dans la salle des fêtes de Decize, mardi 19 novembre, à l’instigation de sa maire, Justine Guyot. Elle a voulu dénoncer la situation des Padhue, ces praticiens qualifiés hors de l’Union européenne, et la population a pu s’exprimer via des cahiers de doléances.

« Défaut d’assistance à personne en danger. » « Très en colère contre la gestion de la santé dans la Nièvre. C’est scandaleux de ne pas écouter la douleur des citoyens en 2024.»

Mardi 19 novembre, les cahiers de doléances positionnés à l’entrée de la salle des fêtes de Decize transformée en hôpital de campagne ont été rapidement remplis.

La population est en colère. Comme Denise, une Decizoise de 90 ans.

Je suis venu comme tout le monde, pour savoir si nous allons avoir des médecins.

L’octogénaire ne conduit pas et est obligé de se rendre à Dornes pour se faire soigner. 40 km aller-retour. « Ma fille est venue de Moulins me chercher à Decize pour y aller. » Elle vit cette situation depuis deux ans, « lorsque mon médecin de 76 ans a pris sa retraite. »

Colette, 75 ans, et André Anvenier, 80 ans, également originaires de Decize, parcourent 50 km aller-retour. « Mon médecin traitant est à Fours et pour le kiné, je me rends à Lucenay-lès-Aix, à 18 km. Tant qu’on peut conduire… », déplore André qui cherche « un dermatologue, un diabétologue… C’est très difficile d’avoir un rendez-vous ». Et d’ajouter : « On dit que les personnes âgées ne devraient plus conduire, alors que devons-nous faire ? »

Des difficultés dénoncées par de nombreuses personnes venues rencontrer les Padhue, ces praticiens diplômés hors Union européenne qui n’ont pas le droit d’exercer à titre privé.

Des médecins qui seraient les bienvenus dans les déserts médicaux. « Il n’y a plus de diabétologues, les dermatologues, les spécialistes et les médecins traitants sont de plus en plus rares. Le nôtre est presque à la retraite», s’inquiètent Daniel et Francesca Chassery de Cossaye. “On vous emmène plus vite dans le privé mais on vous demande de l’argent et avec notre petite pension…” explique le septuagénaire.

Retrouvez tous les articles sur l’hôpital de campagne de Decize

Le couple a fait le déplacement mardi 19 novembre « pour voir les tribunes. Mais nous n’avions pas forcément de réponses. Si plus tard il y avait la possibilité d’avoir des consultations sur place, ce serait bien. »

Francesca avoue : « Aujourd’hui, je n’ai pas pensé un seul instant aux consultations. J’étais là pour avoir des informations. » Et d’écrire en sortant dans le cahier de doléances :

Aucun spécialiste en dermatologie dans la Nièvre pour traiter mon problème.

Les portes de l’hôpital de campagne ont été ouvertes à 9h15 et fermées à 17 heures. Environ cinq cents Nivernais ont fait le déplacement et une cinquantaine de doléances ont été rédigées.

Une trentaine de Padhue et de revendications

Une trentaine de spécialistes, principalement Padhue de région parisienne, ont reçu sur leur stand. Ici, médecine générale. Là, la dermatologie… une trentaine de spécialités. «Nous expliquons qui nous sommes, notre situation et nos revendications», explique le Dr Abdelhalim Bensaidi, vice-président de l’association Ipadecc.

Des médecins qui seraient prêts à venir s’installer dans la Nièvre s’ils le pouvaient.

Corinne déçue de ne pas avoir pu consulter

A la sortie, Denis, l’un des trente bénévoles reconnaissables à leur foulard rouge, aide les visiteurs à formuler leur demande comme celles d’Annick et Gilles de la ville de Saint-Just. « Il nous faut des médecins dans la Nièvre et particulièrement à Decize où il n’en reste que deux pour dix mille habitants », dicte Gilles, 67 ans. « Il n’y a plus de maternité, plus de chirurgie. L’hôpital deviendra une maison de retraite. »

Ce dispositif, pour le couple, « devrait bousculer un peu les choses. Les responsables doivent comprendre qu’il y a un problème grave. »

Sur la page suivante, un cœur rouge est dessiné. Une déclaration d’amour. «J’adore mon hôpital. La maternité a permis la naissance de mes enfants. […] L’hôpital où ma vie a été sauvée, soignée et accueillie à plusieurs reprises. Cette époque semble lointaine. Mais cela ne doit pas être fini. Santé […] pour tous nécessite le maintien des hôpitaux locaux et d’un nombre suffisant de médecins privés, Padhue ou autres […]. »

Corinne a également laissé un mot : « Je pensais venir en consultation et j’en suis ressortie déçue car l’ARS les a bloqués. »De gauche à droite : Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, et Justine Guyot, maire de Decize.

Certes, pas de consultation, pas de prescription mais de la mobilisation. Celle de la soixantaine d’élus de Niverna qui ont signé un arrêté municipal interdisant à leurs concitoyens de tomber malade, du sénateur Patrice Joly, des conseillers régionaux, dont le président de la région Bourgogne-Franche-Comté, et départementaux… et de la population effrayée et inquiet pour son avenir.

Emmanuelle Delaigues

 
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