les agriculteurs reprennent leur mobilisation sur les ronds-points

les agriculteurs reprennent leur mobilisation sur les ronds-points
les agriculteurs reprennent leur mobilisation sur les ronds-points

Et soudain, comme un symbole, la grosse botte de paille qui avait servi l’été dernier à fabriquer un ours en peluche souriant, a pris feu. Comme ils l’ont annoncé, lundi 18 novembre 2024, à 19h45, les Jeunes Agriculteurs (JA) et la Fédération Départementale des Syndicats d’Agriculteurs (FDSEA) de l’Indre ont repris la mobilisation qu’ils avaient suspendue, en début d’année. Avec, selon le slogan national de leurs syndicats, l’action ” responsable “ pour “ne pas gâcher la vie des Français” : éclairages géants sur treize ronds-points du département.

“Ce feu doit représenter l’étincelle de notre flamme qui ne s’est pas éteinte”

Une vingtaine d’entre eux se sont rassemblés pour lancer l’action, sur le rond-point de Brassioux, sous l’oeil du préfet Thibaud Lanxade et du directeur de la Direction territoriale (DDT), Rik Vandererven. Difficile, pour l’instant, de mobiliser davantage de monde, entre les récoltes de tournesol, de maïs et de mil et les semailles. Les agriculteurs présents à Brassioux étaient donc essentiellement des représentants syndicaux. “Ce feu doit représenter l’étincelle de notre flamme qui ne s’est pas éteinte”indique Philipe Barrault, trésorier de la FDSEA et agriculteur à Levroux et Baudres.

Les agriculteurs ont également apporté leurs barbecues.
© (Photo NR, Thierry Roulliaud)

Une réunion avec le préfet et la DDT est déjà prévue jeudi 21 novembre au matin, afin de poursuivre la simplification des opérations de contrôle dans les exploitations. Localement, agriculteurs et représentants de l’État sont d’accord : le dialogue n’a jamais été un problème.

La préfecture rappelle ses 20 engagements

Dans un communiqué signé par Thibault Lanxade, préfet de l’Inde, ce dernier rappelle les engagements pris depuis les manifestations paysannes début 2024, dont certains ont déjà été mis en place.

  • Plus de 98 % des dossiers PAC ont pu bénéficier du versement de l’avance d’aide : versement de 75 millions d’euros. Les paiements se poursuivent pour les derniers dossiers et des opérations de règlement du solde ont déjà été initiées par la DDT.
  • Une surveillance particulière a été mise en place, baptisée « Task Force 36 », qui a permis de suivre de près une centaine d’opérateurs identifiés comme étant en grande difficulté.
  • Un signal fort a été envoyé aux élus et aux acteurs de la restauration collective privée pour les inciter à accélérer l’application des lois EGALIM. Des visites de chantier avec les services de l’Etat sont programmées.
  • Des situations de force majeure ont été reconnues afin d’adapter au plus vite les mesures au contexte du terrain (entretien des haies, valorisation des jachères, plan nitrate, dérogation à l’interdiction de labour, etc.).
  • Dossiers liés à l’eau (irrigation et réserve) : un guichet unique a été mis en place avec un engagement de réponse dans des délais courts.
  • Des démarches de demande de reconnaissance au titre de l’Indemnité de Solidarité Nationale ont été initiées par la DDT : onze dossiers sont en cours et les démarches de déclaration de pertes vont débuter.
  • Le ministre a annoncé la mise en place de deux prêts conjoncturels et structurels : pour ces derniers l’Etat apportera sa garantie à 70% dans la limite de 200 000 €.
  • Une exonération partielle de la taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFPNB) de 50% a été décidée par la DDFIP.
  • L’enveloppe destinée à couvrir les cotisations sociales passe de 74 000 € à 194 000 €.

C’est surtout au niveau européen que le monde paysan attend désormais d’être écouté. Et entendu. L’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne est sur toutes les lèvres. Même si Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne le signerait pas tel quel. « Justement, je me méfie beaucoup de cela en l’état… »soupire Philippe Barrault qui attend des « engagements concrets ».

Son collègue Denis Philippon, céréalier, éleveur de volailles à La Champenoise et ancien président des JA, déplore « le manque de visibilité d’une année sur l’autre »avec “des variations de plus de 40% du résultat opérationnel” et « des coûts qui ne cessent d’augmenter ». Au cours des huit dernières années, elle a connu trois résultats opérationnels négatifs : « Il faut être fort avec la banque ! »

“Aujourd’hui, c’est l’acte 1…”

C’est pourquoi les agriculteurs souhaitent alerter le gouvernement français avec cette nouvelle mobilisation. Présidente de JA 36, Mélanie Soulas-Barrault rapporte également avoir adressé plusieurs invitations à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, restées sans réponse à ce jour. “Aujourd’hui, c’est l’acte 1 pour dénoncer les incohérences européennes et mondiales lors de la journée d’ouverture du G20, assurent les deux syndicats dans un communiqué. D’autres suivront. Et nous les dirigerons jusqu’à obtenir le changement logiciel qui redonnera aux agriculteurs : revenus, dignité et visibilité pour l’avenir. » Comment le gouvernement va-t-il gérer cette flamme ? Réponse dans les prochains jours.

Ambiance sur le rond-point d’Ozans

Au rond-point du Menas, à proximité du quartier d’Ozans, Pascal est arrivé chargé de paille. Le céréalier attend, dans le noir, avec la douzaine d’agriculteurs, le début de l’allumage du brasier.
“J’ai pensé à prendre la boîte d’allumettes”dit-il. Tous sont là pour mettre symboliquement le feu au projet d’accord de libre-échange UE-Mercosur. « Cela concerne aussi nos exploitations céréalièressouligne Pascal. Je vends mes céréales pour le bétail : si on importe du bétail, les céréaliers auront moins de débouchés. » Avant de pointer du doigt une « concurrence déloyale ». “Nous importons déjà de la viande qui ne répond pas aux normes auxquelles nous imposons aux agriculteurs français : 52 matières interdites sont importées via l’alimentation”, assure-t-il. En Amérique du Sud, ils n’ont pas les mêmes normes en matière de bâtiments. Le bien-être animal ? Il n’y en a pas. Ils n’ont pas non plus les mêmes normes sur le matériel, pas d’ADBlue par exemple, etc. Ici, avec tout l’équipement, les tracteurs nous coûtent beaucoup plus cher. »
Encore pour Gilles, “en , on essaie d’être plus blanc que blanc”, quand nous acceptons tout le reste. « Cela ne dérange personne car ce qui est importé n’est pas cher »fustige Éric, un autre céréalier.

 
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