Alors que les sauveteurs sont régulièrement appelés en opération lors des tentatives de traversée de la Manche, la Protection Civile a mis en place un dispositif d’écoute pour assurer leur suivi psychologique.
Des interventions dont les sauveteurs doivent parler. Depuis le début de l’année, 12 secouristes de la Protection Civile du Pas-de-Calais font l’objet d’un suivi psychologique compte tenu de leurs interventions sur des épaves ou des bateaux en difficulté. En 2024, 67 migrants mourront lors de tentatives de traversée de la Manche.
Franck Lhoez est bénévole à la Protection Civile de Béthune depuis six mois et reste marqué par une intervention à laquelle il a participé le 17 juillet à Calais.
“La première chose que j’ai vue, c’est un corps qui descendait du bateau”, raconte-t-il à BFM Grand Littoral. « Ce n’est pas forcément ce qui m’a le plus marqué, c’était de m’occuper d’une femme enceinte. Elle avait froid, elle sortait de l’eau et je me souviens de son regard quand je lui ai dit qu’elle m’avait donné une poche de chaleur.
« Une écoute très particulière »
Le bien-être de ses sauveteurs est aujourd’hui une priorité de la Protection Civile. «Nous insistons pour être attentifs à nous-mêmes, mais aussi à nos coéquipiers», explique Salomé Pinelle, adjointe de direction et formatrice en protection civile, qui compte elle-même plus de 120 opérations à son actif. “Pour voir, lors d’une intervention, s’il y a eu un changement de comportement, s’il y a eu un retrait lors d’une intervention.”
Face aux naufrages récurrents dans la Manche – trois personnes sont encore mortes le 23 octobre dans le naufrage d’un bateau au large de Sangatte – le suivi psychologique des sauveteurs est un enjeu majeur.
« C’est très compliqué d’arriver parfois et d’avoir des gens gravement blessés, voire morts, qu’il faut prendre en charge avec des familles, des enfants, parfois très jeunes. Tout cela est très traumatisant. souligne Adam Beernaert, directeur général de la Protection civile du Pas-de-Calais.
La Protection Civile a donc mis en place un dispositif d’écoute unique pour ses secouristes. « Le dispositif d’accompagnement et d’écoute existe déjà depuis 2016, voire avant. Mais dans cette crise qui est une crise exceptionnelle, nous avons mis en place un dispositif unique, avec une écoute très particulière.»
Ce week-end encore, 35 bénévoles ont été mobilisés pour une intervention de sauvetage d’une soixantaine de naufragés.
Jeremy Mahieux with Laurène Rocheteau