Les moutons ne leur suffisent plus. La Saône-et-Loire déplore depuis plusieurs mois les attaques de loups sur le bétail. Quel est le tour du troupeau charolais dans la Nièvre ?
Agriculteur installé depuis trois ans sur une centaine d’hectares sur la commune de Magny-Cours, Charles Dessauny, 30 ans, se serait bien passé d’une découverte macabre mais aussi angoissante, vendredi 15 novembre au petit matin. Une de ses vaches gisait dans un pré, mortellement attaquée par un prédateur la nuit précédente.
La surprise a été totale : « Dans ce secteur de Magny-Cours-Mars-sur-Allier-Saint-Parize, c’est le bordel depuis le début de l’été. Mais avec des animaux à cornes, je pensais être en sécurité», déplore le jeune éleveur nivernais.
Pourtant, l’identité du ou des coupables ne laisse aucun doute pour Charles Dessauny : le loup. « Je l’ai vu pour la première fois de mes propres yeux le mardi 22 octobre. Il a été revu le dimanche 27. Il a été revu vendredi 15 novembre tout près d’ici, près du château de Sallay. De nombreuses traces attestent de sa présence. Des amis chasseurs ont trouvé il y a quelques jours deux têtes de cerf non loin d’ici. Le reste avait été dévoré ! »
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Le souvenir de sa rencontre avec le loup est encore fort : « J’étais dans un tracteur sur la route. Il était de l’autre côté de la haie. Trois mètres, quatre au maximum, nous séparaient. Quand on en croise un, il ne peut y avoir de confusion : cette bête n’a pas de boyau (sic), son ventre est étroit. A l’inverse, la poitrine et la bouche sont énormes. Un animal puissant ! » observe, connaisseur, Charles Dessauny.
« Quand on en croise un, il ne peut y avoir de confusion ! »
Leurs regards se croisèrent : « Un œil froid ! » » se souvient l’éleveur.
La perte du bovin se mesure au-delà de sa seule valeur financière : « Ce n’est pas n’importe quelle vache que j’ai perdue. Je suis d’autant plus attristé par le décès de cette vache qu’elle était inscrite au Herd-book Charolais. Elle avait six mois et a réussi les tests le mois dernier. Je voulais qu’elle devienne éleveuse. »
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Il imagine qu’il sera indemnisé. « Mais d’ici deux ans, elle devait avoir un veau. Ce croisement et cette lignée sont perdus. Toute la perspective est réduite à néant à cause de ce loup ou de ces deux loups, car selon moi, un seul loup ne fait pas tomber une vache de 300 kg ! « .
Des agents de l’Office français de la biodiversité sont venus faire une observation vendredi et prélever des échantillons. « On ne peut pas utiliser la chasse au loup pour tuer ce prédateur, car Magny-Cours n’est pas dans une zone signalée comme exposée. Et pourtant, il est là. Et je le referai, c’est sûr ! » assure le jeune éleveur. Il craint le pire « au printemps prochain quand les petits veaux seront au pré ».
Jean-Christophe Henriet