A l’entrée de l’aérodrome de Maripasoula, ville isolée du sud de la Guyane, les habitants sont partagés entre fatalisme et colère. “Il y a quelques jours, j’ai acheté une bouteille d’essence à 120 euros”deplores Junior Jean, a restaurateur. « C’est 18 euros le pack de six bouteilles d’eau minérale, contre 9 auparavant en magasin.says Pierre Koukouman, a colleague. Il me reste peu d’essence et on n’en trouve plus. Si ça continue ainsi, je serai obligé de fermer. » Sur le tarmac, des militaires déchargent un avion, avec à son bord 4 tonnes de nourriture et d’eau.
Mercredi 13 novembre a eu lieu la cinquième rotation d’un dispositif de l’armée vers Maripasoula dans le cadre du plan Orsec « eau », lancé mardi 29 octobre par le préfet, en raison du niveau historiquement bas de deux rivières – le Maroni à l’ouest. et l’Oyapock à l’est – ce qui a entraîné l’arrêt du transport fluvial vers les communes ou villages les plus en amont. Le système permet de mobiliser rapidement une aide importante face à « des événements affectant gravement la population ».
« Côté températures, la saison sèche 2024 n’est pas encore terminée [celle-ci s’étire traditionnellement de juillet à septembre]est l’un des plus chauds jamais observés depuis 1967souligne Patrick Ranson, responsable du service prévisions de Météo-France en Guyane. Elle intervient également dans un contexte de déficit pluviométrique de près de dix-huit mois. »
Faute de route, le fleuve frontalier avec le Suriname constitue la principale voie d’approvisionnement des localités de Grand-Santi, Papaïchton et Maripasoula – 24 000 habitants au total. Depuis fin octobre, même si le fret transite toujours par Grand-Santi, quasiment aucune pirogue ne retourne vers les deux autres communes. «J’ai 300 tonnes de marchandises coincées à Saint-Laurent… des matériaux de construction, du ciment, du bois, du PVC et du carburantexplique Jonathan Abienso, transporteur à Maripasoula. Je n’avais jamais vu une sécheresse aussi intense, les pertes sont énormes. » Les cinq canoéistes avec lesquels il travaille sont techniquement au chômage.
Selon le site Internet des services de l’Etat en Guyane, le Maroni est un « cours d’eau naturel et non aménagé ». Sur cette rivière ponctuée de nombreux “saute”Ou vite, les canoéistes peinent à faire reconnaître officiellement leur savoir-faire. « Dans ce contexte, comment allons-nous les indemniser ? »s’inquiète Jonathan Abienso.
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