QQuel était réellement le niveau d’implication des trois hommes qui ont comparu ce jeudi 14 novembre devant le tribunal judiciaire de La Rochelle pour vol aggravé ? Entre février et mars 2023, les trentenaires, originaires de Roumanie, ont volé une cinquantaine de GPS agricoles, d’antennes et d’outils, dont une dizaine en Charente-Maritime. Entre le 17 et le 23 mars 2023, ils sont passés par Vérines, Dompierre-sur-Mer, Saint-Médard-d’Aunis, Saint-Xandre. En moins de deux mois, ils sillonnent plusieurs départements (Puy-de-Dôme, Aube, Indre-et-Loire, Vendée…) à la recherche de fermes. Leur mode opératoire était bien établi et toujours le même : l’un conduisait la voiture, l’autre surveillait tandis que le troisième montait dans le tracteur, souvent garé sous un hangar.
« Qui a déterminé l’itinéraire ? », demande le président Paul Roubeix. En détention provisoire depuis leur arrestation en avril 2023, les prévenus ont immédiatement reconnu les faits. Derrière la vitre qui les sépare de la salle d’audience, ils ne parlent pas français mais coopèrent avec l’aide de deux interprètes. « Nous cherchions au téléphone où se trouvaient les fermes. Et nous sommes allés là où le GPS nous l’a indiqué », raconte l’un d’eux. « Avez-vous prévu les vols en Roumanie ? », demande le tribunal. « Non. Nous sommes venus en France pour travailler. Mais nous n’avons pas trouvé de travail. Nous avions besoin d’argent. Nous ne sommes pas des voleurs professionnels », expliquent-ils. Ils prétendent voler pour revendre sur Internet. Un seul des trois a un casier judiciaire. Il a déjà été reconnu coupable de tentative de meurtre.
Un travail d’enquête majeur
Le procureur ne semble guère croire à leur version. « 46 vols de GPS agricoles dans un laps de temps nécessitent un afflux vers des filières spécialisées. Il doit y avoir un sponsor. » Il salue un gros travail d’enquête qui a permis de limiter les téléphones, de géolocaliser les voleurs et de mettre en place une vaste opération de surveillance. Les dégâts s’élèveraient à plusieurs centaines de milliers d’euros. Force est de constater que tout un réseau semble avoir été démantelé. Le procureur requiert 3 ans d’emprisonnement pour les trois hommes et le maintien en détention.
Leurs avocats tentent de minimiser leur engagement. « Ce ne sont que de petites mains, échangeables. Ce ne sont pas eux qui gagnent le plus d’argent. » « Ce ne sont pas les têtes pensantes, les cerveaux du réseau. Ils ont certainement reçu des commandes», affirment-ils.
Le plus commis, celui qui conduisait les tracteurs, a été condamné à 3 ans de prison. Les deux autres ont vu leur peine réduite à 30 mois. Tous trois sont retournés en prison, avec interdiction de remettre les pieds sur le sol français pendant cinq ans. Auparavant, ils avaient le temps de dire qu’ils étaient gérants ou électriciens en Roumanie. Et qu’ils rêvent de retourner en Roumanie pour retrouver leur famille et leurs enfants.