Par
Marc Louison
Publié le
14 novembre 2024 à 17h01
Voir mon actualité
Suivre le lot d’actualités
Le public de tribunal pénal de Cahors du jeudi 14 novembre 2024 n’a pas permis de lever le mystère à ce sujet homicide involontaire survenu le 9 mai 2023 sur le parking d’un supermarché de Souillac. « En fait, ce qui s’est passé semble simple. Mais les raisons restent mystérieuses… » explique le juge rapporteur avant d’entrer dans le vif du sujet.
Il n’a pas vu le piéton
Le 9 mai 2023, A., ébéniste d’origine britannique installé en France depuis 2005, se rend chez Lidl supermarket in Souillac faire du shopping avec son fourgon Renault Trafic. En cherchant une place de stationnement, le conducteur a l’impression de rouler sur quelque chose. Son premier réflexe est d’imaginer qu’il s’agit d’un sac de courses oublié sur la route. Les piétons lui font signe de s’arrêter. Lorsqu’il est sorti de son véhicule pour vérifier, il a découvert un homme allongé sous ses roues.
Les gendarmes ont été appelés sur place vers 18h30. Le médecin du SAMU a constaté le décès de la victime, un homme de 69 ans, vers 18h55.
L’enquête va tenter de déterminer les circonstances exactes de cet homicide involontaire. Dès le départ, le conducteur est incapable de donner une explication. Comme il l’a déjà expliqué aux enquêteurs, il répète devant le tribunal qu’il n’a pas vu la victime. « Je ne sais pas s’il est venu de face ou de côté. J’ai regardé à gauche et à droite pour me garer. Mon attention était portée sur les voitures qui allaient peut-être quitter leur place de stationnement. Je roulais lentement, à 5 km/h. Je ne l’ai pas vu. Il y avait beaucoup de monde autour de moi, il y avait du monde au supermarché. »
Les gendarmes constatent qu’il n’y a pas aucune trace d’impact sur le van. Quelques traces de sang ont été retrouvées sur la porte conducteur. La victime portait un sac de courses au moment de l’impact ; des traces de produits laitiers sont présentes sur le pneu avant gauche. D’où l’hypothèse que le piéton serait arrivé par le côté gauche du véhicule. Sinon, rien de plus.
Après vérification, il s’avère que le conducteur n’utilisait pas son téléphone portable au moment de l’accident. Il n’avait consommé ni alcool ni stupéfiants.
Comment le conducteur a-t-il pu ne pas voir la victime ni même ressentir un choc au moment de l’impact ? Plusieurs possibilités ont été envisagées, comme un éventuel éblouissement dû au soleil bas. La police a même envisagé la possibilité que la victime était déjà allongée au sol au moment de l’impact. Mais une femme présente sur les lieux a déclaré que l’homme était debout lorsqu’il a été frappé. Elle explique que la vitesse de la camionnette était adaptée à un parking. Et précise que la camionnette n’a pas ralenti après le choc, preuve que le conducteur n’a rien ressenti sur le moment.
A l’issue de l’examen du dossier, le tribunal de Cahors cherche toujours des explications. L’attention du conducteur était-elle concentrée sur la recherche d’une place de stationnement, c’est pourquoi il n’a pas vu le piéton ?
Une double phrase
Me Mustapha Yassfyl’avocat des deux sœurs et frère de la victime, Georges Tardieu, exprime sa frustration. « J’ai encore faim, je voulais une explication… » « Ce malheureux accident a eu des conséquences terribles. La famille est connue dans la région de Souillac, notamment dans le monde du rugby. Georges Tardieu était un ancien professeur au lycée Louis Vicat de Souillac. » Pour tenter d’évaluer le préjudice financier pour les proches de la victime, l’avocat évoque le préjudice résultant de la souffrance endurée et le préjudice imminent lié à l’anxiétéestimant que la victime « n’est pas morte subitement, elle était consciente ».
Mmoi Le procureur adjoint estime que le conducteur “a dû faire preuve d’une vigilance accrue sur le parking”. « Il faut être vigilant, attentif, avoir une vision à 360°. Le monsieur nous dit qu’il ne l’a pas vu, il y a eu une imprudence. Il cherchait une place de parking la plus proche de l’entrée du supermarché. Nous avons tous ce réflexe, moi en premier. Au détriment de la vigilance. Le piéton doit être notre priorité. » Elle rappelle le casier judiciaire vierge du conducteur et demande une peine de prison avec sursis de 12 mois assortie d’une suspension du permis de conduire pour trois ans.
“C’est mystérieux” note Me Émilie Geffroyavocat de A. « Nous n’avons pas vraiment de réponse sur ce qui s’est passé, aucune explication satisfaisante pour la famille et pour mon client. Il lui faudra continuer à vivre avec cette remise en question. Il était stressé. Il a été choqué de voir un homme sous ses roues. » L’avocat répond aux critiques formulées par l’avocat de la partie civile. « Il pense beaucoup à la famille, mais il ne leur a pas écrit. Il pensait que cela ne servirait à rien. »
A. parle en dernier. «C’était un terrible accident. Cela va rester avec moi pendant longtemps. »
Il a été condamné à 24 mois de prison avec sursis simple et à une suspension de permis de conduire de 12 mois. Le tribunal rejette la demande de la partie civile au titre du préjudice résultant des souffrances endurées et du préjudice résultant de l’angoisse imminente. “Il n’est pas suffisamment établi que la victime était au courant de ce qui s’est passé, ce n’est pas caractérisé”, estime le président.
Le conducteur a 10 jours pour faire appel.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.