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Statues, ferronneries, chaux, charpente : la Dordogne en tête
Pari tenu. Il faudra cinq ans pour que la reconstruction de Notre-Dame de Paris soit achevée. Une prouesse à laquelle plusieurs entreprises périgourdines ont largement participé. Dans ce département richement doté en sites historiques, classés ou remarquables, une filière d’excellence a su se développer. La Fondation du Patrimoine, qui soutient quelque 3 000 projets par an en France, a également pu, via sa délégation départementale, apporter conseil et expertise en complément d’une aide financière.
Economie en Dordogne : ces entreprises qui restaurent le patrimoine
« Sud Ouest » a choisi de mettre en avant les restaurateurs du patrimoine. Dans un département richement doté en sites historiques, classés ou remarquables, une filière d’excellence a su se développer. Elle s’étend bien au-delà des frontières de la Dordogne, par exemple sur le chantier de Notre-Dame de Paris. Aperçu
Personne n’a oublié l’arrivée à Socra, la célèbre entreprise de Marsac-sur-l’Isle, trois jours avant le drame, des 16 statues ornant la flèche, qui devaient y être restaurées.
On se souvient aussi du sauvetage du coq qui le surmontait et qui a été retrouvé 90 mètres plus bas dans les décombres. Lui aussi a été soigné à Socra.
Mais d’autres entreprises de Dordogne sont intervenues directement ou indirectement durant ces cinq années, révélant leur excellent savoir-faire. A commencer par l’atelier de forge à Hautefort (AOF). Réputée pour son savoir-faire en ferronnerie, l’AOF s’engage à assurer à la fois la réhabilitation des garde-corps érigés à l’intérieur du bâtiment et la restauration des portes qui se dressent à l’extérieur du fleuron de l’Île de la Cité.
Il y a aussi Pro Tech Lightning à Saint-Michel-de-Double. Spécialisée dans les paratonnerres « esthétiques » pour monuments historiques, l’entreprise a été chargée en 2011 de la mise aux normes du système de protection contre la foudre de Notre-Dame de Paris. S’il a résisté à l’incendie, Pro Tech Foudre a reconstruit certains éléments de ce système, et son patron, Anthony Dupuy, est également intervenu au niveau du paratonnerre de la flèche, à 106 mètres de haut, avec son matériel d’accès par cordes.
La Scierie Delord, à Tocane-Saint-Aprede son côté, on a coupé les poutres principales du chêne pour le clocher.
Citons enfin le Chaux de Saint-Astier. Depuis plus d’un siècle, l’entreprise extrait les minéraux des sous-sols calcaires de la Dordogne qui servent à rénover les plus grands joyaux du patrimoine. Ce producteur de chaux hydraulique naturelle, utilisée dans la préservation du patrimoine, a apporté son savoir-faire à la restauration de Notre-Dame.
Les chênes de Charente
Il aura fallu mille chênes centenaires pour reconstruire à l’identique la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, détruite par l’incendie. Compte tenu des besoins, ces arbres devaient avoir des diamètres de 50 à 110 cm, ce qui correspond peu ou prou à des arbres de 80 à 150 ans, voire jusqu’à 200 ans pour les plus grands.
Le Charentais Mécénat Hennessy en a offert 36 à l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’œuvre du projet de restauration de la cathédrale. Ces arbres centenaires ont été prélevés dans la forêt que possède le négociant de cognac dans l’Allier. Ils serviront à reconstituer la flèche et les charpentes perdues dans l’incendie.
Dons du groupe forestier privé Forey pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, cinq autres chênes ont également été abattus dans la forêt charentaise de Horte, avec l’aide de la scierie Joslet à Chasseneuil-sur-Bonnieure.
Soutien financier de la Charente-Maritime
Comme de nombreuses autorités locales, Royan a participé à la collection nationale en vue de la reconstruction de Notre-Dame de Paris. En avril 2019, le maire Patrick Marengo annonçait que l’effort financier pour la vieille parisienne serait d’un euro par habitant, soit un peu moins de 20 000 euros.
Le Conseil départemental de Charente-Maritime participera également à la reconstruction de Notre-Dame de Paris, à hauteur de 50 000 euros.
Corrèze pour le grand orgue
Épargnées par l’incendie mais couvertes de suie et de poussière de plomb, les tuyaux du grand orgue de la cathédrale ont été entièrement rénovés, grâce au travail minutieux des artisans de l’atelier Cattiaux-Chevron de Liourdres, en Corrèze, spécialistes de la restauration d’orgues, fiers pour contribuer au renouveau de Notre-Dame. Les canalisations sont arrivées dans la capitale en avril 2023 pour être remontées.
Dans les Landes, 1 500 chaises et un compagnon menuisier
La designer française Ionna Vautrin, 43 ans, a été sélectionnée pour concevoir les 1 500 chaises à barres en bois de chêne massif, utilisées par les douze millions de visiteurs annuels de la cathédrale. Et c’est une entreprise familiale d’Hagetmau, Sièges Bastiat, qui a été choisie pour les fabriquer. Ce marché exceptionnel a mobilisé 16 salariés depuis juin 2023.
Les dernières chaises ont pris forme dans les ateliers chalois, avant leur départ pour la cathédrale à partir du 19 novembre. Après la réouverture de Notre-Dame de Paris le 7 décembre, la fabrication du reste du mobilier se poursuivra à Hagetmau jusqu’en février 2025.
En novembre 2023, les chênes abattus un an plus tôt sont devenus les morceaux de l’immense charpente de Notre-Dame de Paris que le Landais Marc Peyres, 56 ans, et son équipe achèvent d’installer. Le surnom de ce Compagnon menuisier des fonctions du Tour de France, originaire de Saint-Pandelon : « Landais y va de bon cœur ». Encore plus lorsqu’il s’agit de la cathédrale…
Pressing, cordistes, expertise couvreur, 3D et chênes centenaires en Gironde
Créée par Karine Da Silva en 2017, à Bassens en banlieue bordelaise, la blanchisserie Georges est spécialisée dans l’entretien des vêtements de travail. C’est elle qui a été choisie par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France, pour nettoyer les tenues « plombées » de tous les acteurs du chantier de Notre-Dame de Paris.
Les cordistes de l’entreprise Adrénaline de Pessac, spécialistes des projets de grande hauteur spectaculaires, sont intervenus sur Notre Dame de Paris après l’incendie.
Certains compagnons de la branche belge de l’Union Technique du Bâtiment (UTB), à qui a été confié le projet de restauration, à l’identique, de la toiture de la gare de Bordeaux Saint-Jean, sont également intervenus sur la cathédrale.
Archéovision, plateforme rattachée au laboratoire de recherche Archéosciences Bordeaux, spécialisée dans le domaine de la 3D appliquée au patrimoine culturel, participe à la vaste reconstruction de Notre-Dame de Paris.
Autre apport girondin, trois des chênes à peine centenaires de la forestière Françoise de Villeneuve ont été abattus sur sa parcelle forestière de Cabanac-et-Villagrains, pour servir à la reconstruction de la cathédrale. Un ou deux autres seront tournés à Blasimon.
Les grues du Lot-et-Garonne et ses experts en taille de pierre
L’entreprise agenaise Dartus Levage, dirigée par Christophe et Victor Dartus, père et fils, a remporté un appel d’offres concernant du matériel de levage pour « le chantier du siècle ». » Visibles sur l’Île de la Cité dès l’hiver 2022, les immenses grues Dartus ont soulevé des pierres, des morceaux de charpente et des vitraux.
L’entreprise agenaise devait également participer à l’un des temps forts du projet : la reconstruction à l’identique de la flèche de Viollet-le-Duc avec l’installation à son sommet, situé à 96 mètres de hauteur, de sa croix, en décembre. 2023.