L’arrachage définitif est presque terminé dans le vignoble français : 110 millions d’euros de l’enveloppe seront mobilisés au vu des demandes décidées aujourd’hui, sans qu’il y ait de coefficient stabilisateur à appliquer. Le secteur demande désormais le déracinement temporaire et l’utilisation des 40 millions d’euros restants de l’enveloppe promise par l’exécutif.
C
Perdu ce mercredi 13 novembre à midi, la téléprocédure FranceAgriMer d’arrachage définitif des vignes françaises recense 5 417 demandes représentant 27 451 hectares (dont 8 600 ha pour 1 311 dossiers d’arrachage total des surfaces d’exploitation pour arrêt de l’activité vitivinicole). Venant principalement du Languedoc-Roussillon et de Bordeaux*, les demandes exprimées atteignent presque le plafond des 30 000 hectares qui peuvent bénéficier d’une prime à l’arrachage de 4 000 €/ha grâce à l’enveloppe de 120 millions d’euros de fonds. fonds nationaux débloqués pour l’aide à l’Ukraine. Avec 109,8 millions d’euros demandés, il n’y aura donc ni réduction ni priorisation des dossiers : toutes les candidatures éligibles pourront être traitées avec l’enveloppe actuelle. Les superficies éligibles à l’arrachage et le montant des primes seront communiqués aux candidats avant le 31 décembre 2024, les arrachages devront alors être déclarés au plus tard le 2 juin 2025 pour ensuite être payés.
«C’est un soulagement de répondre à la demande» relève Jérôme Despey, président du conseil spécialisé du vin de FranceAgriMer, qui souligne la forte accélération des demandes dans la dernière ligne droite (les demandes déposées ont triplé la semaine dernière). « Il n’y aura pas de coefficient stabilisateur, c’est un soulagement pour les viticulteurs à l’heure où c’est difficile de choisir les entreprises » commente Jérôme Despey, qui attend avec impatience la suite : « Je demande à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, de préserver pour le secteur les fonds de 40 millions d’euros qui ne seront pas utilisés sur les 150 millions d’euros promis par le précédent ministre, Marc Fesneau, en début d’année. Ces fonds pourraient aider ceux qui sont les plus en difficulté et les caves coopératives qui ont besoin d’être restructurées et soutenues. L’engagement doit être tenu. »
Suppression temporaire
Autre combat à mener dès maintenant, celui de l’obtention d’un déracinement temporaire. Cette dernière pouvant donner un répit dans le réajustement du vignoble (mais ayant été reportée à une seconde fois en fonction de l’issue des négociations européennes), « C’est une attente forte dans le vignoble, la France doit se mobiliser dans le Groupe de Haut Niveau pour l’obtenir » plaide Jérôme Despey. Les représentants du vignoble estiment qu’il y a 100 000 hectares de vignes à arracher en France, définitivement et temporairement. L’impossibilité d’avoir à la fois des demandes d’arrachage permanent et des arrachages temporaires pourrait expliquer la relative faiblesse de la demande d’arrachage définitif par rapport à une estimation donnée à un moment donné entre 50 et 60 000 ha par le secteur. La demande réduite à 27 453 ha pourrait aussi s’expliquer par la prime définitive à l’arrachage fixée à 4 000 €/ha (critiquée pour sa faiblesse), la pression des caves coopératives pour la non-contribution (selon la politique de chaque entreprise). ..
On peut aussi imaginer « sources psychologiques de l’attachement au métier. Les gens sont vignerons dans l’âme, on ne peut pas leur enlever ça » advances Joël Boueilh, the president of the Vignerons Coopérators de France, who also mentions « le vertige : on s’arrache, mais qu’est-ce qu’on fait après ? C’est un choc. » Sachant que les courts délais de candidature, du 15 octobre au 13 novembre, auraient pu affecter : « Lorsqu’il y a des vignes en location, l’accord du propriétaire est nécessaire pour que l’exploitant puisse les arracher. Cela peut prendre du temps pour prendre une décision. Difficile d’aboutir à la copropriété là où les gens ne se sont jamais souciés de l’avenir des vignes et sont loin de tout ça » souligne Joël Boueilh. Pour ceux qui n’ont pas pu s’inscrire à ce dispositif, le rendez-vous a été manqué alors même qu’il n’existe à ce jour aucun levier réglementaire européen pour arracher définitivement les vignes.
* : Les cinq départements les plus demandés sont l’Aude (4 955 ha), la Gironde (4 219 ha), le Gard (4 015 ha), l’Hérault (3 211 ha) et les Pyrénées Orientales (2 613 ha).