Sylvain Darchy, vice-procureur de Vannes, et la gendarmerie maritime en charge de l’enquête, lanceront très prochainement un appel à témoins concernant la pollution constatée dans le Golfe du Morbihan dans la nuit du 1er au 2 février 2024. Pollution révélée et filmé, en pleine nuit, à l’époque, par un pêcheur de l’Île aux Moines. Ses images montraient une nappe grasse et mousseuse s’étendant sur près de 6 km.
L’enquête, sous la direction du procureur adjoint Sylvain Darchy, a ratissé dans de multiples directions afin de déterminer l’origine de cette pollution et d’établir les responsabilités. Neuf mois plus tard, de nombreuses portes se sont fermées, mais l’origine des dégâts sur l’environnement reste mystérieuse. « Nous avons fait appel à un laboratoire de Brest pour modéliser la trajectoire de la nappe phréatique afin d’en retrouver le point de départ. C’est ce qui se fait par exemple lorsque des paquets de drogue sont découverts sur les plages. Mais le courant est trop fort dans le golfe du Morbihan, et le nombre d’îles trop important pour parvenir à un résultat probant », explique Sylvain Darchy.
Une station d’épuration perquisitionnée
Deuxième piste envisagée : l’utilisation d’images satellitaires. Mais là aussi, la tentative a échoué. Le soir de l’incident, la couverture nuageuse était trop importante pour obtenir des images significatives.
L’analyse de l’eau polluée a conclu à la présence de matières fécales, avec la fameuse bactérie Escherichia coli. Mais le laboratoire n’a pas pu déterminer s’ils étaient de nature humaine ou animale, ce qui aurait permis de resserrer l’étau.
Le parquet de Vannes a alors ordonné la perquisition, le 9 février 2024, de la station d’épuration de Bourgerel, à Baden. Il s’agit de l’installation de traitement des eaux usées la plus proche de l’Île aux Moines. Il est fortement automatisé, mais dispose néanmoins d’une vanne activable manuellement. Mais là encore, les enquêteurs sont repartis sans aucune information concluante.
Pas de nouvelle pollution depuis
Il a alors fallu envisager l’hypothèse d’une vidange incontrôlée du contenu des fosses septiques. Un professionnel de l’Île aux Moines a été entendu comme témoin par les enquêteurs et il s’est avéré qu’il n’aurait eu aucun intérêt financier à exercer de cette façon. Le cas d’entreprises éphémères ayant pu recourir à cette pratique a également été évoqué – il y aurait eu des précédents dans le nord de la Bretagne – mais sans suite.
Le parquet de Vannes décide donc d’appeler à témoins « car toutes les investigations possibles ont été menées ». Le magistrat qui suit cette affaire constate néanmoins qu’aucune nouvelle pollution n’a été observée depuis février 2024 dans le golfe, alors que le pêcheur de l’Île-aux-Moines en aurait vu une dizaine, images à l’appui pour certaines d’entre elles, l’année précédente. . « La médiatisation de cette affaire a peut-être servi cet objectif. Ce qui est sûr, c’est que jamais une procédure à ce point n’a été portée devant la justice pour ce type d’événements”, constate Sylvain Darchy.