11h56 – Modifié : 11h59 par Dolorès CHARLES
Les Départements de France sont à Angers, dans le Maine-et-Loire à partir de ce mercredi 13 novembre, pour la 93e Conférence nationale. Au cœur des débats et des inquiétudes : les futures coupes budgétaires qui plombent les collectivités locales. Entretien avec les présidents des départements du Finistère et du Maine-et-Loire.
Les Assises des Départements de France sont organisées à Angers pendant trois jours, jusqu’à ce vendredi. La colère des communautés doit être entendue, car elle est grande contre le gouvernement. Tous ont du mal à boucler leur budget 2025. L’Etat a annoncé une baisse de plusieurs milliards d’euros, dans le projet de loi de finances, un effort de 2,2 milliards d’économies est demandé aux conseils départementaux.
« Irréaliste et beaucoup trop lourd »estime Florence Dabin, présidente du Département du Maine-et-Loire et vice-présidente de l’association »Départements de France« .
“Les 103 départements compensent 17 milliards d’euros de dépenses, qui devraient être supportées par l’Etat.”
« De même, les départements sont prêts à participer à l’effort de redressement financier de notre pays. Or, concrètement, les départements font comment : nous choisissons entre nos aînés et nos enfants à protéger. On choisit les collégiens ou les pompiers, on choisit l’entretien des routes ou l’entretien des collèges. Nous sommes confrontés à une situation grave qui risque de continuer à fracturer notre pays… Je tiens tout de même à préciser que l’Etat n’est pas obligé de voter l’équilibre budgétaire et que les 103 départements compensent annuellement 17 milliards d’euros de dépenses qui devraient être assumées par l’Etat.»
Crédit : Yann Launay
Les départements soulignent l’effet ciseau dont ils sont victimes depuis plusieurs années : leurs revenus, qui proviennent notamment des transactions immobilières (droits de mutation), diminuent, tandis que les dépenses continuent d’augmenter. Des dépenses qui n’ont rien à voir avec une mauvaise gestion, mais qui sont liées aux besoins de la population, assure Florence Dabin.
Les Départements vont demander au gouvernement de revoir sa copie
Il y a « une augmentation impressionnante des dépenses dans les domaines de la solidarité, de l’enfance, du handicap ou de nos aînés. C’est aussi ce qui fait la force et les valeurs de notre pays. Il faut prendre soin de nos aînés, et tout le monde n’a pas les mêmes chances dans la vie… On a tellement fait aussi pour dénoncer les enfants victimes de douleur, qu’on signale davantage, il faut donc apporter plus de soutien et cela a un coût .»
Les Ministères entendent demander au gouvernement de revoir sa copie. Pour Florence Dabin, «les départements pourraient percevoir une part plus importante, dans le cadre des droits de mutation. L’État pourrait également reprendre une partie des aides de soutien en matière de solidarité. L’intérêt est de trouver « un équilibre et une prise de responsabilités partagée… C’est ensemble que nous devons réussir à sauver notre pays ».
Crédit : Yann Launay
Maël de Calan, le président du Département du Finistère, n’est pas opposé à tout effort budgétaire, mais il émet de sérieuses réserves. « Ce ne sont pas les collectivités locales qui sont responsables du déficit de la France. Ceux qui ont contribué à creuser le déficit, ce sont les ministères parisiens qui ont créé de nouveaux droits et de nouveaux postes sans jamais chercher à les financer.
Les départements ont déjà fait beaucoup
Ensuite, les départements ont déjà réalisé des dizaines de millions d’euros d’économies ces trois dernières années… pour faire face à la baisse des recettes et à l’augmentation des dépenses décidées à Paris. Nous l’avons fait sans nous plaindre. Nous l’avons fait pour contribuer à l’effort global mais aujourd’hui, nous avons atteint un point au-delà duquel nous ne pouvons plus aller. Pour Maël de Calan, cette ponction excessive sur les Départements aurait des conséquences totalement contre-productives, et directement vécues par la population. Cela signifie « Moins d’investissements dans les routes, dans les collèges, moins de subventions pour les projets municipaux. Et nous devrons choisir dans nos dépenses obligatoires ce qui pourrait être catastrophique.»
Crédit : Yann Launay
Michel Barnier attendu vendredi à Angers
Maël de Calan et les autres présidents de Départements entendent unir leurs voix pour obtenir une réduction, voire une exonération de cet effort budgétaire alors que les Départements ne peuvent que subir l’augmentation de certains postes budgétaires, « liés au vieillissement de la population ou à la protection de l’enfance… Le nombre d’enfants pris en charge est par exemple en forte augmentation depuis une quinzaine d’années. »
L’association Départements de France estime que 80 % des départements seraient en grande difficulté, voire en faillite, dès l’année prochaine, si le gouvernement coupe leur budget dans les proportions annoncées.
La Conférence des Départements de France démarre ce mercredi, à Angers, pour trois jours. Le Premier ministre Michel Barnier devrait s’y rendre vendredi en fin de matinée.