La chambre Loiadaptation du roman à succès de Michel Jean, a fait ses débuts mardi au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) à Montréal. Léane Labrèche-Dor incarne Almanda Siméon, une jeune orpheline du Lac-Saint-Jean qui tombe amoureuse de Thomas Siméon, un Innu dont elle adopte la langue et les traditions.
C’est Lorraine Pintal, ancienne directrice artistique et générale du TNM, qui a approché Michel Jean en lui proposant d’adapter Loi pour le théâtre. L’auteur et le journaliste se sont mis d’accord à une condition : que la production soit dirigée par un autochtone. Le nom de l’artiste multidisciplinaire Émilie Monnet, d’origine anishinabe et française, s’impose rapidement.
Pour moi, Émilie incarne ce que signifie être autochtone aujourd’hui : oui, le passé vit encore en nous, mais nous vivons dans une société moderne. Et elle incarne cette modernité, grâce à sa créativité et son sens de l’avant-garde.
explique Michel Jean.
Finalement, la majorité de l’équipe derrière la pièce est issue des Premières Nations, de la distribution à la musique en passant par la conception vidéo, signée Caroline Monnet, sœur d’Émilie Monnet. La société de ce dernier, Onishka, coproduit le spectacle.
The director and multidisciplinary artist Émilie Monnet
Photo : Radio-Canada / Avec la permission
Laure Morali, sur les traces d’Almanda Siméon
L’adaptation théâtrale du roman est signée Laure Morali, une auteure d’origine française qui vit à Montréal depuis plus de 20 ans. Elle a pu bénéficier de l’aide de la poète Joséphine Bacon, qui a traduit certains passages en innu-aimun, tout en agissant comme gardien du savoir innu
en gardant un œil sur le respect de la tradition.
Les deux femmes se connaissent bien : c’est Laure Morali qui a amené Joséphine Bacon à faire connaître son écriture en incluant l’un de ses premiers poèmes dans l’anthologie. Aimititau! Parlons ! (2008), qui rassemble la correspondance littéraire entre écrivains québécois et écrivains des Premières Nations.
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Laure Morali signe l’adaptation théâtrale de “Kukum”
Photo: Théâtre du Nouveau Monde / Marjorie Guidon
Le plus grand défi de l’adaptation Loi car la scène devait distiller les souvenirs d’Almanda Siméon, racontés de manière linéaire dans le roman, en un nombre limité de scènes où les personnages prennent vie. Dans le roman, on les entend à travers l’histoire d’Almanda, mais ici on les fait parler et exister à part entière.
explains Laure Morali.
Cette dernière avait peut-être une longueur d’avance dans la tâche en raison de son propre parcours, qui évoque celui de la narratrice du roman. En 1996, dans le cadre de recherches sur la littérature des Premières Nations, je suis parti sur la route 138, et je me suis rendu à Mingan où j’ai rencontré une famille qui m’a accueilli.
elle se souvient. Il y a eu une amitié qui est née et qui a duré, qui a consolidé mes liens avec les Innus.
L’adaptation du roman « Kukum », de l’auteur Michel Jean, est jouée cette semaine au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal.
Le pouvoir de guérison de Loi
Loi peut compter sur un casting majoritairement issu des Premières Nations, avec Sharon Fontaine-Ishpatao dans le rôle de Christine, Emma Rankin dans les rôles de Jeanette et Claude, Jean Luc Kanapé dans celui de Malek Siméon et Étienne Thibeault dans celui de son fils Thomas. Plusieurs passages de la pièce sont en innu-aimun, avec des surtitres en français qui sont projetés sur les écrans.
Léane Labrèche-Dor, l’une des deux actrices allochtones de la pièce avec Marie-Ève Pelletier, brille dans le rôle principal, selon Laure Morali et Michel Jean, qui vantent tous deux son petit côté rebelle. Ce qui est intéressant avec Léane c’est qu’avec son côté brut, rock et rebelle, plus les passages littéraires deviennent puissants
dit Laure Morali.
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Léane Labrèche-Dor and Étienne Thibeault in the roles of Almanda and Thomas Siméon
Photo de : Théâtre du Nouveau Monde
En voyant tous ces artistes et artisans d’origines différentes travailler ensemble pour donner vie à son roman, Michel Jean avoue avoir vécu un grand moment d’émotion. Quand nous avons fait la première lecture, j’ai pleuré la moitié du temps
il explique.
J’ai entendu tous ces aborigènes, dont certains parlaient la langue et d’autres qui essayaient de se la réapproprier, avec Joséphine Bacon qui était comme la vieille sage d’à côté, et je me suis dit : c’est vraiment extraordinaire, il y a cinq ans, nous n’aurions jamais imaginé que cela serait possible.
Dans le même esprit, Laure Morali estime que la pièce est fidèle au pouvoir guérisseur
extrait du roman de Michel Jean : C’est la rencontre et l’amour entre les cultures. C’est plus que de la réconciliation, c’est presque sacré.