Pourquoi Rennes est la grande ville qui vote le moins pour le RN en France… après Paris

Pourquoi Rennes est la grande ville qui vote le moins pour le RN en France… après Paris
Pourquoi Rennes est la grande ville qui vote le moins pour le RN en France… après Paris

Il s’agit d’une véritable exception électorale. Grand vainqueur des élections européennes avec 31,4% des suffrages exprimés au niveau national, le Rassemblement national a réalisé une percée presque partout dans le pays, sauf… à Rennes.

Avec 9,4% des suffrages, le parti d’extrême droite réalise son plus mauvais score dans l’une des 20 plus grandes villes de France, juste derrière Paris (8,54%). Élection après élection, le constat reste le même : le vote RN n’avance quasiment pas dans la capitale bretonne.

Entre cette année et les dernières élections européennes de 2019, seuls 1.946 électeurs supplémentaires se sont tournés vers la liste de Jordan Bardella, soit une augmentation de 1,53 point. Presque une bagatelle pour une ville de 220 000 habitants.

Rennes, dernier bastion anti-RN ?

Pour expliquer ce phénomène, il faut d’abord s’intéresser de plus près à la sociologie de la capitale bretonne. « Il y a une vraie singularité à Rennes, analyse Christian Le Bart, politologue à Sciences Po. « C’est une capitale régionale, une grande ville universitaire, il y a aussi de nombreuses classes moyennes supérieures dans le secteur public et privé. Nous sommes très loin de la ville ouvrière.

Par rapport aux autres grandes villes françaises, Rennes présente une surreprésentation parmi sa population de titulaires d’un diplôme supérieur à un bac +3. « Cette catégorie qui vote rarement pour le RN est très présente ici », poursuit Christian Le Bart. “Ces dernières années, nous avons observé un phénomène de gentrification qui a accentué cette tendance.”

Le RN garde espoir

« C’est vrai que c’est peut-être plus difficile à Rennes qu’ailleurs », confirme Julien Masson, porte-parole du Rassemblement national à Rennes. « On constate qu’il y a un certain déni de la part de certains électeurs rennais face à la réalité actuelle. Il y a des œillères sur des sujets forts comme l’insécurité. Nous espérons qu’ils ouvriront les yeux petit à petit.

Au marché des Lices, on croise beaucoup plus de bobos

Si l’on regarde les résultats dans le détail, la liste emmenée par Jordan Bardella a réalisé ses meilleurs scores dans le quartier sensible du Blosne, au sud de Rennes. Là où la proportion de classes populaires est la plus élevée. «Quand on va au marché de Blosne, on est toujours bien accueilli», raconte Julien Masson. « Nous côtoyons beaucoup de personnes issues de l’immigration, des populations qui vivent modestement, des gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Ils écoutent ce que nous avons à dire sur différents sujets. L’ambiance n’est pas la même sur le marché des Lices où on croise beaucoup plus de bobos.

Héritage historique

Au-delà de sa sociologie qui a beaucoup évolué ces vingt dernières années, la capitale bretonne reste un bastion de la gauche qui a historiquement toujours gardé ses distances avec l’extrême droite. « C’est aussi un territoire avec une tradition chrétienne-démocrate importante », rappelle Christian Le Bart. « Il y a une identité politique très forte à Rennes. Le vote RN y est toujours stigmatisé. On ne croise pas beaucoup de gens qui affichent fièrement leur soutien à l’extrême droite.»

Rennes se démarque enfin grâce à son tissu associatif extrêmement dynamique et important. Avec ses plus de 7 000 associations, Rennes est l’une des places fortes du monde culturel au niveau régional. Un univers traditionnellement bien plus fermé au vote d’extrême droite.

 
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