l’essentiel
Les vignerons bio du Lot-et-Garonne se sont réunis pour partager leur millésime 2024. L’occasion de prendre le pouls d’un secteur malmené par le climat.
C’est devenu une tradition, mais surtout l’un des rares moments d’échange de l’année : déguster le nouveau millésime de la viticulture biologique du Lot-et-Garonne. Cette année, pour célébrer sa distinction dans le célèbre Guide Hachette des Vins, c’est Sandrine Annibal du Domaine de Lancement qui a accueilli les vignerons lot-et-garonnais – et leurs bouteilles. Malgré le bonheur de se retrouver pour comparer produits et assemblages de cépages, une étrange ambiance règne au-dessus des domaines bio du département.
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« L’essentiel, c’est qu’il y ait un épuisement », révèle Jacques Réjalot, le doyen des vignerons au sein de cette confrérie de vignerons bio. Celui qui fut l’un des pionniers du domaine Pichon est, comme ses confrères, dépendant d’un climat qui ne cesse d’osciller. “Après la sécheresse de 2023, on se retrouve face à une année 2024 vraiment étrange, à l’inverse”, commente le professionnel. Des précipitations abondantes, du mildiou mais aussi des insectes – « une augmentation en août », juste avant les vendanges – ont perturbé le développement de la vigne.
Campagne d’arrachage : « Nous allons perdre notre patrimoine viticole »
« Il faut toujours être prêt à monter dans le tracteur », souffle Sandrine Annibal, la vigneronne de Thézac. « L’épuisement n’est pas seulement moral, il est aussi physique. » Intervenir dès l’apparition de la maladie ; il faut constamment être à l’affût. A ses côtés, Rémy Delouvrié (Domaine de Quissat), Audrey Chassenard (Domaine de Salisquet), David Sazi (Domaine de Courège-Longue) mais aussi un confrère vigneron indépendant – mais pas encore totalement bio – Matthieu Tylski (Mas de la Borde Haute ) partagent le même constat. Des cépages qui ne sont pas arrivés à maturité, comme David Sazi qui « s’est battu pour avoir le merlot », tant bien que mal, et qui envisage de passer au cabernet franc. L’arrachage des vignes est dans l’air du temps. L’État a lancé un vaste plan d’arrachage de la vigne pour réduire la taille du vignoble français.
Une décision qui n’est pas du goût de Jacques Réjalot. « Le problème, c’est qu’on va cueillir à l’aveugle. Certaines vignes ont 70, 80 ans. Il faut les sauver, sinon nous perdrons tout un patrimoine viticole.» S’ils ne peuvent que constater la tendance nationale à la baisse de la consommation, les viticulteurs bio incitent les acteurs locaux à « jouer le jeu ». « Les restaurateurs ne doivent pas choisir la facilité et introduire les indépendants », souffle David Sazi. Malgré les vents contraires, les vignerons bio du Lot-et-Garonne maintiennent le cap.