Il ne devrait y avoir aucun lien avec le football et les Diables Rouges. Non, l’Union belge est, en l’occurrence, aujourd’hui, une mutuelle qui possède une maison de retraite qui servit d’hôpital militaire aux soldats belges pendant la Première Guerre mondiale.
Des mineurs de plus en plus jeunes impliqués dans le trafic de drogue : « Certains préféreront peut-être la vie de voyous, avec l’espoir d’une promotion sociale rapide »
Solidarité noir-jaune-rouge
En 1886, il y avait près de 500 000 Belges en France. Dix pour cent d’entre eux vivent à Paris et sa proche banlieue. « Ils formèrent longtemps la plus grande communauté étrangère en France, jusqu’à ce que les Italiens la dépassent dans les années 1910 »explique Paul de Gerlache. « A Paris, les Belges travaillaient alors sur les chantiers des quartiers haussmanniens ou sur le chantier de la ligne 1 du métro. C’est le groupe Empain qui a obtenu la concession. Elle fait venir ses ouvriers belges qui avaient déjà pu participer à des travaux similaires, au fil du temps, des familles commencent à s’installer durablement à Paris et aux alentours de la capitale. Mais ils ne peuvent pas bénéficier de l’Assistance Publique en France puisqu’elle est réservée aux Français.
Pour venir en aide à ces familles immigrées, leurs compatriotes, mécènes belges, fondèrent en 1888 l’Union belge, une société d’entraide, qui reçut le soutien de la famille royale et du gouvernement belge. « Puis est rapidement arrivée la question de la maison de retraite. L’Union belge achète ensuite un terrain à Courbevoie en 1909 pour y construire son propre établissement. Elle y parvint grâce à l’aide financière de Ferdinand Bischoffsheim et de sa sœur Clara de Hirsch. Elle fait appel à un architecte de renom, Ernest Sanson, qui ne travaille que pour les familles nombreuses et la bourgeoisie. On lui doit l’hôtel particulier de la famille Bischoffsheim à Paris, qui est aujourd’hui le siège de la société Baccarat. La maison de retraite ouvre ses portes en 1912. Puis vient le début de la Grande Guerre. L’invasion de la Belgique débute le 4 août 1914.
Pendant que Paul de Gerlache, passionné de mémoire, raconte l’histoire des lieux, les familles venues rendre visite à leurs proches s’installent dans la salle de réception. Pendant qu’ils discutent, le président de l’Union belge nous fait ensuite visiter le propriétaire, dans le grand parc situé à l’arrière du site.
Pour les soldats en convalescence
« Les premiers jours de la guerre ont été extrêmement sanglants et les blessés ont été rapatriés en région parisienne. Les réfugiés affluèrent. Ils étaient dans un dénuement complet, ne pouvant rien emporter avec eux. Dès le départ, et à la demande de la légation belge à Paris, c’est-à-dire l’ambassade, l’Union belge prend en charge les réfugiés belges ainsi que les miliciens belges voulant rejoindre leurs unités. Elle distribue par exemple des bons alimentaires, des bons de lait et de l’eau. ‘argent. En novembre 1914, le gouvernement français décide d’accorder une indemnité journalière aux réfugiés belges et français.
Les soins aux blessés sont organisés en France et la maison de retraite de Courbevoie, alors gérée par la Belge Amélie Beruard, devient également un hôpital militaire, le numéro 118. Au début de la guerre, une trentaine de pensionnaires occupent les locaux, qui comptent 75 lits. La capacité d’hébergement augmente alors pour accueillir davantage de blessés. La salle du conseil est transformée en pharmacie.
Le site abrite principalement des soldats en convalescence. “Beaucoup d’entre eux viennent de l’hôpital Albert Ier de Paris, une aile affectée à l’armée belge de l’hôpital Hôtel-Dieu, où sont soignés les blessés graves.”
Les militaires passent généralement plusieurs mois à l’hôpital militaire n°118. Une fois rétablis, ils se rendent dans un camp de réforme près du Mans (Sarthe), avant d’être réaffectés dans une unité et de retourner au front.
Parallèlement, l’Union belge poursuit ses missions de secours, caritatives et maisons de retraite. Des mécènes et des organisations, dont le syndicat de la presse, financent les caisses. Les temps sont durs, l’inflation est endémique. A l’hôpital militaire, une partie du parc est transformée en potager.
Après l’ivresse olympique, le spectre de la gueule de bois politique
Visite d’Albert Ier
Les célébrités se rendent au chevet des convalescents. Parmi eux : le baron François Empain, très impliqué dans l’organisation du secours aux familles belges. En mars 1915, la visite du président Raymond Poincaré à l’hôpital militaire n°118 est retransmise dans les cinémas parisiens.
Peu après la signature de l’Armistice le 11 novembre 1918, le 5 décembre, Le roi Albert Ier se rend à Paris. Très populaire en France, il est plébiscité par les locaux. Le lendemain, le Roi Chevalier se rend à Courbevoie avec son fils, Léopold III. Quelques mois plus tard, Amélie Béruard reçoit la médaille des mains de la reine Elisabeth, reine nourrice.
Au total, l’hôpital militaire n°118 a accueilli 4 897 soldats pendant la Première Guerre mondiale : 4 046 Belges et 851 Français. Le site est ensuite redevenu pleinement une maison de retraite, jusqu’à aujourd’hui.
Les Belges vivant en France ont désormais accès à la sécurité sociale, l’Union belge n’accueille plus forcément les retraités belges. Elle tient cependant à faire revivre cette partie de son histoire, celle de son action méconnue durant la Première Guerre mondiale.