Yolo de Navarre, « missionnaire de la culture rurale », rappe à bord de son C15 rose

Yolo de Navarre, « missionnaire de la culture rurale », rappe à bord de son C15 rose
Yolo de Navarre, « missionnaire de la culture rurale », rappe à bord de son C15 rose

DDifficile d’être plus optimiste que Hugo Navarro, dit Yolo de Navarre. Même lorsqu’il crashe son « PQ rose » C15 en pleine forêt de Saint-Julien-en-Born, en compagnie du « Sud Ouest », après avoir voulu surfer un chemin un peu trop boueux. Malgré plusieurs tentatives à l’aide d’une sangle de remorquage, la voiture est restée immobilisée dans un étang à sangliers. Pas de chance pour nous, le voyage en C15 a été écourté. « Vous m’inspirez, je vous mentionnerai dans mon prochain couplet. C’est une belle sortie qu’on fait ici», s’enthousiasme le rappeur villageois de 32 ans. La balade se termine donc à pied.

Depuis 2020, Hugo se lance dans le rap version rurale. Sous le pseudonyme de Yolo de Navarre, il rappe des textes racontant sa vie landaise, comme « Le rugby, un prétexte pour tenir le coup jusqu’à lundi », « Détruits, on va finir dans le fossé », ou encore « Ce soir, vous allez voir mon village en feu. Son projet part du constat que « les gens des campagnes n’ont pas de musique qui parle de leur quotidien », notamment dans le rap.

Musicalement parlant, il se classe dans le même répertoire que Patrick 51, MC Circulaire de Vendée et Astaffort Mods du Lot-et-Garonne. Sur certains titres, l’artiste landais décalé atteint les 100 000 vues sur YouTube et les 25 000 vues sur les vidéos Instagram. « Il y a des enfants qui écoutent « Dans mon C15 » tous les matins », s’émerveille le trentenaire.

Le C15, un symbole

Chemises colorées et pantoufles aux pieds, Hugo respire la sérénité en toute situation. Yolo, son nom d’artiste et surnom dans la vraie vie, vient de l’acronyme anglais « you only live once ». « Il joue un peu un personnage, mais Hugo et Yolo sont essentiellement les mêmes », décrit son amie Alice, visiblement pas surprise par notre mésaventure en forêt. C’est justement au cours de ses aventures à bord de son fidèle C15 qu’il trouve l’inspiration. Il emmène son véhicule utilitaire en forêt, le long des plages de Contis et au retour de la troisième mi-temps de rugby. “S’il pouvait parler, il aurait aussi des histoires à raconter”, assure le rappeur, personnifiant son utilité.

Hugo a adopté le C15 depuis son arrivée dans les Landes en 2018 et ne jure depuis que par ce modèle. « J’y ai vécu plusieurs étés car je ne trouvais pas de logement à l’année. » La Citroën est désormais sa marque de fabrique. Sa C15 repeinte en rose est désormais devenue son symbole, malgré une lunette arrière et un phare avant cassés. «Ça lui donne un coup de pouce», affirmait Yolo de Navarre. Pour ses voyages et ses concerts, il aménage le dossier avec un matelas et quelques lattes. Les mêmes lattes qui, à d’autres occasions, servent également à sortir le véhicule utilitaire de la boue.

En plus de la musique, Hugo reste pour le moment actif en tant qu’architecte indépendant. « Quand j’en ai marre de l’architecture, je rappe et vice versa. Mais en ce moment, j’en ai surtout marre de l’architecture. » Musicien depuis sa petite enfance à Narbonne, en tant que batteur et chanteur, Hugo était à l’origine plutôt orienté rock. Après avoir vécu à Lille, il revient dans le Sud en traversant la France à pied, avant de s’installer à Saint-Julien-en-Born. « A Contis, il y a une ouverture d’esprit folle. C’est à l’image du Nord avec les valeurs du Sud Ouest. »


Yolo de Navarre a l’habitude de s’écraser tous les six mois.

Philippe Salvat / SO

L’auteur-compositeur-interprète travaille son ami compositeur Seb, dit Beuss l’Ancien, qu’il a rencontré ici à Saint-Julien-en-Born. « Quand je l’ai vu essuyer le pare-brise manuellement en roulant parce que les balais de sa C15 étaient cassés, j’ai su qu’il était fou. Son énergie me fascine. C’est un éternel optimiste, je suis plus pessimiste. On se régule », confie Seb, qui compare leur musique à de l’organique : sans artifice, authentique. Après déjà deux EP et quatre singles, le duo travaille sur l’album.

“L’accent nous unit”

Cet été, Yolo de Navarre et Beuss l’Ancien partent en tournée, à bord du C15 bien sûr. « En tournée, on roule très lentement pour admirer le paysage », raconte Seb. C’est presque à contrecœur que le duo part alors que les foires locales battent leur plein. Pour se consoler, il remet son objectif en tête : « Nous sommes les missionnaires de la culture rurale pour porter la bonne parole de festayre ! »

Exit les grandes villes et les salles de concert habituelles, le tandem choisit de voyager à travers les villages. « En ville, ça ne marche pas. Ils ne comprennent pas cette folie», confie Seb sans rancune. « On sait qu’on prend un risque en amenant le rap sur la place du village. Mais on essaie d’aller là où il n’y a rien, pas même du tourisme, pour apporter quelque chose. Même si nous n’avons pas tous le même accent, c’est ce qui nous unit », assure Yolo d’une énergie positivement contagieuse qu’il espère diffuser dans les campagnes françaises.

 
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