Plus d’un mois après l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires au Canada, les entreprises du secteur alimentaire de la grande région de Québec craignent que ces mesures aient un impact sur la chaîne d’approvisionnement.
Résumé des nouvelles restrictions :
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Les employeurs ne peuvent pas embaucher plus de 10 % de leur main-d’œuvre dans le cadre de la partie à bas salaires du programme ;
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Les employeurs ne peuvent pas embaucher de personnes dans le cadre de ce programme s’ils se trouvent dans des régions métropolitaines de recensement où le taux de chômage est supérieur à 6 % ;
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Les contrats pour les postes à bas salaire sont généralement limités à un an.
Du côté de DRB Distribution, qui distribue des aliments surgelés, réfrigérés et secs depuis plus de 40 ans, nous misons sur l’embauche de travailleurs étrangers temporaires principalement pour le recrutement de chauffeurs et d’entrepôts.
Des emplois extrêmement nécessaires pour approvisionner les épiceries, les dépanneurs, les restaurants, les événements et les festivals… et des emplois pour lesquels le bassin
des candidats québécois n’est tout simplement pas pas là, pas disponible
selon Chloé Tanguay, directrice des ressources humaines de l’entreprise.
Chloé Tanguay, directrice des ressources humaines chez DRB Distribution.
Photo : Radio-Canada / Anne-Sophie Roy
Actuellement, une trentaine d’employés de DRB Distribution sont des travailleurs étrangers temporaires.
Prédire le nombre de travailleurs requis pour soutenir le croissance
de l’entreprise établie à Sainte-Claire, nous avons toujours planifié un an à l’avance
a déclaré Mme Tanguay. Aujourd’hui, nous sommes vraiment dans l’incertitude […] Il faudra faire mieux avec l’équipe que nous avons actuellement.
Cependant, elle reconnaît que devoir assumer le travail à accomplir avec moins de personnel vient mettre un peu de pression sur nos équipes
.
Ce qui signifie plus d’heures de travail, plus de temps. C’est toujours plus difficile à ce moment-là. Nos gens sont plus épuisés lorsque nous avons de grosses règles.
Olymel et le risque de tomber dans une zone critique de rétention de la main-d’œuvre
Suivant représentations gouvernementales à cet effet
le pourcentage d’employés temporaires pouvant être embauchés par Olymel, une entreprise de transformation alimentaire de volaille et de porc, est passé de 30 % à 20 % – et non 10 % – au printemps dernier, rappelle Louis Banville, son vice-président au capital humain. L’entreprise embauche en moyenne entre 400 et 500 employés par usine, pour un total d’environ 12 500 personnes au Québec.
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Au cours des dernières années, Olymel a fermé de nombreuses usines, notamment celle de Vallée-Jonction en décembre 2023. (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada
De ce nombre, 1 500 sont embauchés grâce au Programme des travailleurs étrangers temporaires. Il soutient que 597 [d’entre eux] ont obtenu ou sont en voie d’obtenir leur résidence permanente
.
À 20% […] cela nous complique la vie, cela peut rendre certaines questions plus difficiles
dit-il.
Même si l’entreprise risque de tomber dans une zone de rétention de main-d’œuvre critique pour assurer de manière adéquate la livraison des produits [et] maintenir la chaîne de valeur [ensemble d’activités créatrices de valeur] avec les producteurs
M. Banville croit que nous devrions pouvoir nous en sortir
. LE constructions
et les stratégies de recrutement et de rétention devraient nous aider à nous en sortir
.
Toutefois, si le pourcentage auquel est assujettie Olymel était révisé à la baisse et devenait inférieur à 20 %, nous allons tomber dans une zone que je qualifierais de très, très critique et même dangereuse pour le maintien de nos programmes de production, de nos livraisons aux consommateurs, aux chaînes alimentaires
souffle Louis Banville.
Au cours des dernières années, l’entreprise a procédé à de nombreuses fermetures d’usines, notamment celle de Vallée-Jonction en décembre 2023, et celle de Saint-Jean-sur-Richelieu l’été dernier.
M. Banville craint-il qu’une telle révision du pourcentage entraîne d’autres fermetures dans le futur ?
On peut imaginer des scénarios peu plaisants dans certaines régions.
Une question de durabilité
pour certains
Nous avons des employeurs qui paniquent
» affirme Amélie Richer, consultante en immigration chez ARIMÉ Canada, dont la mission est d’accompagner les employeurs dans l’embauche de main-d’œuvre étrangère.
Il y a des gens qui nous disent très clairement que, sans travailleurs étrangers temporaires, c’est une question de pérennité pour leur entreprise. Ce sont donc des entreprises qui risquent de fermer, de perdre des équipes.
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Amélie Richer, immigration consultant at ARIMÉ Canada.
Photo : Radio-Canada / Anne-Sophie Roy
Quant aux conséquences attendues pour les consommateurs, elle estime qu’ils auront, entre autres, moins d’accès à la restauration rapide, comme Tim Hortons par exemple. Entreprises avec moins de travailleurs
devra se contenter de quelques éclaircies, selon elle.
Ils nous disent très régulièrement que sans leurs travailleurs étrangers temporaires, les quarts de soir, les quarts de nuit sont des choses moins possibles.
Elle précise que ce n’est pas pour payer moins
alors que les entreprises se tournent vers les travailleurs étrangers temporaires. Absolument pas
.
Faire valoir que les salaires sont réglementés
elle souhaite refuser
le discours de certains détracteurs qui associent les travailleurs étrangers temporaires travail à rabais, à «main d’oeuvre bon marché“
.
Les employeurs ne peuvent pas donner aux travailleurs étrangers le salaire qu’ils souhaitent, c’est le gouvernement qui décidera
dit Amélie Richer.
Avec les informations de Louis-Simon Lapointe et Anne-Sophie Roy