Cprobablement coupable, mais présumé innocent. Les enquêteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB) ne disposent pas des mêmes moyens que leurs confrères de la police scientifique pour une affaire pénale, afin d’établir la responsabilité du loup dans la mort de plusieurs moutons dans le sud de la Charente-Maritime. . Mais l’animal est fortement soupçonné par les agents environnementaux d’avoir cédé à son instinct de prédateur dans une ferme, de la commune de Saint-Augustin. L’affaire remonte au 20 septembre, avant l’observation d’un loup commun dans les vignobles de Haute-Gironde, le 13 octobre, et plusieurs attaques sur des moutons.
“Les agents de l’OFB sont intervenus suite au signalement d’un éleveur de Saint-Augustin, qui avait eu plusieurs moutons prédateurs depuis le 20 septembre”, rapporte Xavier Aerts, directeur départemental des territoires et de la mer. L’OFB a fait un constat début octobre. Sur les dix moutons morts, compte tenu de l’état des carcasses, un seul a pu être convenablement examiné. L’enquête a permis de conclure que la responsabilité du loup ne peut être exclue. »
Les services de l’Etat appellent à la prudence. Toutefois, comme le prévoit la procédure en cas de suspicion d’attaque de loup, les élus des communes du département et les éleveurs, via la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, ont été informés. Une « fiche réflexe » leur a notamment été envoyée.
Modalités d’indemnisation
Ce document explique à tout éleveur, berger ou propriétaire d’animaux domestiques comment signaler une prédation sur des animaux domestiques lorsque les loups sont soupçonnés d’en être responsables. Il recommande également de ne pas toucher à la carcasse d’un animal tué afin de ne pas compliquer le travail des agents de l’OFB en charge des constatations. Si les relevés d’index et autres échantillons biologiques établissent la responsabilité, même probable, d’un prédateur sauvage, la victime peut entamer des procédures d’indemnisation. « L’éleveur de Saint-Augustin a été informé qu’il pouvait faire une demande d’indemnisation pour la brebis », confirme Xavier Aerts.
Cette attaque est la première officiellement attribuée à un loup sauvage depuis la réapparition de Canis lupus en Charente-Maritime en novembre 2019. Des témoins avaient observé un animal solitaire, sans doute un jeune, à Chenac-Saint-Seurin-d’Uzet et à Saint-Seurin-d’Uzet. -Thomas-de-Conac, au bord du chemin. Mais il avait été « innocenté » de la rafle meurtrière dans une ferme de Mortagne-sur-Gironde, dont le coupable était un chien. Une compagnie d’assurance a démontré par le passé que les chiens errants étaient souvent les principaux responsables (1 080 moutons tués en Charente-Maritime en 2014).
En revanche, plusieurs fermes du nord du département, de Saint-Saturnin-du-Bois à Marans, ont bien subi l’assaut des loups un an plus tard, en novembre 2020, mais elles s’étaient évadées d’un refuge aux Deux – Sèvres. Depuis, la Direction départementale des territoires et de la mer indique qu’il n’y a plus aucune autre trace de la présence du loup en Aunis et en Saintonge. « Cela reste exceptionnel », souligne Xavier Aerts.
Plan loup 2024-2029
Pourtant, des observations ces dernières années, en Charente-Maritime, mais aussi en Dordogne, Vendée, Corrèze, Vienne et récemment en Gironde, ont réveillé des craintes ancestrales dans le monde agricole. C’est pourquoi la Charente-Maritime a été inscrite dans le nouveau plan Loup 2024-2029, comme l’ensemble du pays. C’était le souhait exprimé l’année dernière par Cédric Tranquard, président de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA, chef de la commission nationale de la faune à la FNSEA. « Aujourd’hui, le problème ne nous concerne pas, mais si demain le loup s’installe chez nous, nous intégrerons le plan automatiquement. »
C’est fait. La Charente-Maritime est inscrite dans le cercle 3 du plan loup, comme « zone d’apparition possible de prédation par le loup à moyen terme ». Les communes concernées peuvent bénéficier d’une aide à l’acquisition de chiens de protection et d’un accompagnement technique adapté.
« L’idée, résume Xavier Aerts, est de réussir à concilier la survie d’une espèce protégée au niveau européen et la préservation des pratiques agricoles, pastorales et autres formes d’élevage. »
Le sujet reste néanmoins sensible. En juillet dernier, la Coordination rurale de Haute-Vienne a publié sur son site Internet un communiqué et des affiches incitant les chasseurs et les agriculteurs à procéder à l’abattage illégal des loups. L’association de défense des droits des animaux One Voice a assigné le syndicat agricole en justice. Le tribunal judiciaire de Limoges devait se prononcer le 6 novembre.