Par
Hervé Pavageau
Publié le
5 novembre 2024 à 16h58
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Près d’une banderole avec le message direct « Battons-nous pour nos gains, arrêtons les profits », des palettes brûlent.
Plus loin, une sono crache des chansons engagées de Telephone, Damien Saez…
Ce mardi 5 novembre, de 8h à 12h, l’équipe de la Chimotaie à Cugand (Vendée) établissement du MGEN (Mutuelle Générale de l’Education Nationale))* était en grève.
80% du personnel en grève
Selon l’intersyndicale, 80 % du personnel a manifesté devant l’entrée de l’établissement dans lequel travaillent 230 personnes.
Jamais un mouvement n’a « été aussi suivi »selon les salariés et les responsables syndicaux.
C’est même « une première dans l’histoire » de la structure qui n’en est pourtant pas à sa première action.
Au grand nombre de grévistes s’ajoute sa diversité.
La représentation est large.
Médecins, infirmiers, aide-soignants, kinés, ergothérapeutes, psychologues, diététiciens, techniciens en pharmacie, services administratifs, logistique, maintenance, restauration, etc., tous les emplois de jour et de nuit sont présents.
Un mouvement national
Les salariés du centre de Cugand ne sont pas les seuls en grève.
Le mouvement lancé par l’Intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT et UNSA), et soutenu par les patients et leurs familles, est national.
Elle touche les 35 établissements de santé, médico-sociaux et centres médicaux d’un groupe de 10 000 salariés qui assure historiquement la couverture sociale des enseignants.
Tout le monde craint et dénonce le transfert d’établissements vers VyV, groupe que la MGEN a cofondé avec Harmonie Mutuelle en 2017.
Le découpage, organisé par région, doit s’étaler dans le temps. La première est prévue pour janvier 2025. Pour Chimotaie, seul établissement MGEN de la région, la vente est prévue pour juillet 2026.
Peur de perdre les acquis sociaux
Cette décision entraîne le transfert de plus de 4 000 salariés, avec une remise en cause drastique de leur statut social.
En changeant de groupe et d’employeur, les salariés craignent de voir disparaître leurs acquis sociaux, construits à travers le dialogue social et les accords.
« Cela concerne beaucoup de choses : les offres du comité d’entreprise, les bourses d’études supérieures, le remboursement des frais de scolarité ou les locations de vacances », commente Christelle Clémot.
« Qu’en est-il aussi des primes sur le pouvoir d’achat ? Cela représente 500 € en fin d’année chaque année. Ou la prime d’intéressement », poursuit le délégué syndical CFDT, qui craint également la perte de jours de RTT dans certains services.
« La fin de ces prestations pour un professionnel est une perte estimée entre 1 500 et 2 000 euros par an », précise Marita Hervouet, représentante de l’UNSA.
Avec ce projet de transfert, le risque est de voir des salariés quitter l’établissement et un secteur d’activité qui peine déjà à recruter.
« C’est la question. Les professionnels resteront-ils s’ils ne possèdent plus ces compétences ? », insistent les représentants du personnel.
S’interroger également sur l’avenir du site
Derrière le questionnement ajoute une autre peur.
Celle de l’avenir de l’établissement.
Les services tels que la gestion et l’administration pourraient être partagés et centralisés sur d’autres sites.
Interrogée, la direction de Chimotaie n’a fait aucun commentaire.
« Il s’agit d’un appel national. Des négociations sont en cours. Au niveau de l’établissement, nous nous sommes organisés pour la prise en charge des patients et des résidents”, a réagi Elizabeth Richard, directrice adjointe qui a salué le travail des “équipes très solidaires et engagées”.
Les négociations se poursuivent
Les négociations avec la direction de la MGEN et le groupe VyV se poursuivent.
L’intersyndicale doit se réunir à Paris cette semaine pour faire le point. Elle a un mois pour négocier. Un accord sur la vente doit être finalisé d’ici le 13 décembre.
Pour l’instant, aucune autre mobilisation n’a été annoncée.
* L’établissement MGEN de Chimotaie comprend un EHPAD de 83 places et un centre de soins médicaux de réadaptation de 113 lits.
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