l’essentiel
L’annonce est sans précédent. Aucun match de Football n’aura lieu ce week-end dans la Haute-Garonne en réponse à l’incendie qui a touché les voitures de deux éducateurs de l’US Colomiers fin octobre. Le président de la circonscription Haute-Garonne, Jean-Marc Sentein, s’exprime longuement.
Pourquoi avez-vous pris cette décision d’annuler tous les matches ce week-end ?
C’est une décision qui fait suite aux événements extrêmement graves et inacceptables survenus à Colomiers. Deux éducateurs ont vu leur voiture brûler chez eux en pleine nuit. Nous venons de franchir une nouvelle étape de violences et, à la demande de nombreux clubs de Haute-Garonne, nous avons souhaité qu’aucune réunion n’ait lieu ce week-end, dans l’animation football, aux niveaux jeunes et seniors.
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Combien de matchs sont concernés ?
Cela représente, dans notre district, en football à 11, plus de 180 matches. 280 équipes issues de quatre équipes de football d’animation, donc chez les jeunes, sont également concernées. Enfin, la Ligue Occitanie de Football a, de son côté, décidé d’annuler tous les matches de jeunes en son sein, soit 140 matches. Il s’agit d’une décision importante et sans précédent, mais ce n’est rien comparé à ce qu’ont subi ces deux éducateurs, et tous les autres.
Comment expliquer cette violence contre les éducateurs ?
Cette violence se retrouve aussi à l’école. Leur progéniture est essentielle pour un parent, mais pas à n’importe quel prix. Dans notre cas, les parents pensent que leur enfant finira par devenir professionnel, alors que cela n’est vrai que dans 1% des cas. Au fond, les éducateurs sont là pour leur apprendre, certes le football, mais aussi la vie en société. Le problème est que les parents se projettent vers le côté business du football et pensent que leur enfant gagnera un jour les salaires des stars du football sans se soucier du côté ludique du sport.
Comment se manifeste cette violence ?
Cela peut être physique, verbal, au bord du terrain ou sur les réseaux sociaux… En effet, les parents ne tolèrent plus que leur enfant joue à deux ou à trois, ne joue pas tout le match et fasse des choses intolérables. Il fallait donc dire stop et appeler au respect et à la bienveillance. Je tiens aussi à rappeler que sans éducateurs, il n’y a plus de football.
Après les arbitres, souvent attaqués, les éducateurs sont-ils les nouvelles cibles ?
Souvent, l’arbitre est une cible trop facile. L’éducateur est, après lui, le deuxième plus exposé. Le problème, c’est que demain le président du club peut être tout aussi exposé si on laisse faire les choses sans rien dire. Depuis 4 ou 5 ans, on voit que ce phénomène de violence contre nos éducateurs se généralise et c’est très dangereux, car ils sont le pilier de notre football amateur.
Que se passera-t-il ce week-end s’il n’y a pas de match ?
La circonscription de Haute-Garonne a donc annoncé qu’il n’y aurait pas de matches. La Ligue Occitanie de Football, de son côté, a décidé de nous soutenir en démarrant les matchs de football seniors du week-end avec 15 minutes de retard sur tout le territoire occitan. Ensuite, en Haute-Garonne, nous organiserons un temps dans les clubs pour échanger avec les parents, pour expliquer les raisons de ces annulations de matchs.
Cette action est forte, mais sera-t-elle suffisante selon vous ?
Nous savons déjà que non. Nous sommes là pour, à notre échelle, semer une graine et faire prendre conscience de ces faits extrêmement graves. Malheureusement, nous savons aussi que nous ne résoudrons pas tout avec cette action de ce week-end. Nous allons donner une charte à tous les éducateurs, à tous les parents, pour qu’elle puisse être lue avec les enfants. C’est un début, mais cela doit en être un.
