Ce lundi 4 novembre 2024 est un jour de rentrée apparemment comme les autres à l’école Thomas Pesquet de Montfort-sur-Risle (Eure), village d’environ 800 habitants. A midi, dans un brouhaha de souvenirs de vacances, la majorité des élèves se dirigeaient vers la cantine scolaire. Sans prêter grande attention à la présence, dans le coin de la salle à manger, d’un conseiller municipal bénévole. Celui-ci contrôle la bonne conduite de chacun, alors que des cas de harcèlement scolaire troublent l’école depuis plusieurs mois. En attendant la mise en place de ce dispositif, assumée par le maire de la commune, Jean-Luc Barre.
Les problèmes ont commencé au cours de l’année scolaire précédente, lorsqu’un trio de garçons de la classe CM1/CM2 s’est démarqué dans le village, « parce que les parents ont retiré leurs enfants de l’école pour aller chez l’école voisine du village », explique le maire. « Il fallait résoudre le problème. Les parents de l’accusé ont reçu une lettre. Ils étaient en sursis. » Mais la mesure n’a pas suffi à éviter que cela ne se reproduise : « Cette année, trois petites filles ont été martyrisées par les mêmes personnes. En plus, ces garçons sont tellement désagréables que l’instituteur est parti en arrêt maladie. Les parents des filles ont porté plainte auprès de la gendarmerie nationale, qui est intervenue dans l’école. Pour l’instant, c’était calme», précise Jean-Luc Barre.
Pour décider de la réaction à adopter, le maire a reçu tous les parents d’élèves concernés, l’association représentative, et a demandé conseil par courrier à l’inspecteur de l’Éducation nationale. « C’est tout un dispositif qui s’est mis en place et pas seulement la réaction d’un élu », insiste le maire.
Les pouvoirs de la commune étant limités à la crèche, au périscolaire et à la cantine, le conseil municipal n’était pas totalement libre de réagir. Mais il a au moins validé l’exclusion des harceleurs de la cantine pendant cinq jours en octobre. « En conséquence, le leader n’est jamais revenu. Les deux autres, le lieutenant et le suiveur n’avaient pas accès à la cantine”, explique le maire. Depuis, chaque midi, quatre élus bénévoles se relaient « pour surveiller le bon fonctionnement de la cantine et garder un oeil sur les deux fauteurs de troubles ».
« Je sais que ce n’est pas notre rôle, souligne Jean-Luc Barre, car il y a un surveillant. Mais elle ne représente plus l’autorité, car il y a trop de proximité. Ce n’est pas à nous de faire la police, mais alors comment réagir ? Notre intervention a résolu le problème pour le moment. Il admet cependant que le système ne pourra pas être maintenu très longtemps. Et que le sujet reste tabou « chez les autres maires, alors que des cas comme le mien existent pas loin ». « Je l’ai remarqué depuis la crise sanitaire. Avant, nous n’avions jamais entendu parler de l’école, qui est une priorité pour notre village. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais on est dans une ambiance moins conviviale. C’est pourquoi nous resterons vigilants », conclut-il.