« Nous continuons à y réfléchir. Dès qu’il pleut, je m’inquiète pour le cours d’eau. Il y a une peur qui est toujours là « . Si pour certains, mai est déjà loin, Philippe Schutz se souvient très bien des 17, 18 et 19 mai 2024. Le maire de Boulay-Moselle était avec ses équipes municipales au front pour lutter contre les inondations. ” Nous avions déjà eu des inondations dans la ville dans les années 1980. Mais à une telle échelle, c’est du jamais vu « . Son homologue de Bouzonville, Armel Chabane, se souvient avoir été « surpris ” par ” des alertes qui n’arrivaient qu’au compte-goutte « . Très vite, une mission a été imposée aux élus, vite rejoints par les personnels techniques, mais aussi les pompiers et la gendarmerie : « Il fallait sécuriser toutes les personnes, notamment dans les étages pour ceux qui le pouvaient, pour suivre de près la situation heure par heure, minute par minute.continues Armel Chabane. Nous devions nous assurer que les enfants pouvaient rentrer à la maison. Nous avions un groupe scolaire qui revenait de Londres. Pendant deux jours, Bouzonville était une mini-île, avec un seul accès possible à la ville ».
Plusieurs centaines de milliers d’euros de dégâts
Une mission d’autant plus délicate que la caserne des pompiers de Bouzonville, située à côté d’Ohligbach, a « a dû être évacué et un centre opérationnel a été créé de toutes pièces à l’école « . Au plus fort de la montée des eaux, la commune comptait entre 1,50 et deux mètres d’eau. Pour Armel Chabane comme pour Philippe Schutz, une victoire : ne pas avoir à déplorer de blessés ni de victimes. Il reste des dégâts qui laissent encore des traces à Boulay et Bouzonville. ” Ces inondations ont coûté plusieurs centaines de milliers d’euros. Il y a les 70 000 euros pour réhabiliter les archives de la mairie, 40 000 euros pour l’informatique, 100 000 euros pour la chaufferie… Il va falloir refaire le sol de la salle du conseil municipal. Il y a une partie que je devrai supporter, tout ne sera pas couvert par l’assurance », Estimé Philippe Schutz. « Entre la voirie, le périscolaire, la caserne des pompiers et le centre associatif, on est à environ 200 000 euros de dégâts sur les bâtiments publics.ajoute Armel Chabane. Et sur le parc privé, entre 60 et 100 maisons ont été touchées ».
Pour les habitants des deux communes mosellanes, vint ensuite l’heure des questions administratives : « Cela prend beaucoup de tempsregrette le maire de Bouzonville. Il faut tenir compte du passage de l’expert, du délai de remboursement… L’attente entraîne souvent l’incertitude, l’incertitude de l’angoisse, et l’angoisse, parfois, la colère. Nous avons écrit deux lettres aux citoyens, en mai et en septembre, pour leur dire que les services municipaux sont à leur écoute. On ne les lâche pas, et surtout on ne les oublie pas « . Le conseiller de Boulay ajoute : « Face à une situation exceptionnelle, vous ne disposez pas toujours des références nécessaires. On vous dit qu’il ne faut pas jeter, qu’il faut conserver les devis, un certificat d’irréparabilité. Plus il y a d’échanges administratifs, plus cela prend du temps, plus on se décourage ».
Et maintenant ?
Il ne reste plus qu’à adopter une culture du risque. ” Les inondations sont-elles évitables ? Je ne sais pas, mais peut-on mieux les prévenir, et mieux les guérir, en réponse et en réaction ? C’est possible », indique le maire de Bouzonville, qui a lancé un plan communal de protection, en cours d’élaboration. ” Cela montre la fragilité de la commune face aux événements naturels. Mais dans ce contexte d’incertitude climatique, il faut aller de l’avant. Et surtout faire en sorte que tous les acteurs de terrain travaillent ensemble. Les élus sont contactés au niveau local, et c’est normal, mais la solution doit venir d’une réponse collégiale. Il faudra passer par l’installation de batardeaux, de bassins de recouvrement, l’aménagement du gué pour permettre un écoulement préférentiel… C’est un sujet qui peut paraître complexe. Mais en réalité, le plus difficile est de réunir tout le monde autour de la table. », a ajouté Philippe Schutz.