La Chine menace de surtaxer le cognac en représailles aux décisions européennes concernant les véhicules électriques chinois. La ministre du Commerce extérieur Sophie Primas, en déplacement à Shanghai, prône le dialogue et souligne l’importance de préserver les relations commerciales. Inquiets, les producteurs de cognac font pression sur Paris et Bruxelles pour trouver une solution afin d’éviter un impact majeur sur leur secteur.
Ouverture des négociations sur le cognac
La ministre du Commerce extérieur, Sophie Primas, a affirmé que « les négociations restent clairement ouvertes » avec la Chine concernant d’éventuelles surtaxes douanières sur le cognac. S’exprimant depuis Shanghai, où elle représente la France à la Foire internationale d’importation de Chine (CIIE), elle a assuré qu’une solution négociée restait possible, malgré la fermeté de son discours avec son homologue chinois, Wang Wentao. “ Nous ne sommes pas dans une escalade d’une guerre commerciale et nous devons donc entamer des négociations », a-t-elle déclaré, rappelant que la France privilégie le dialogue.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre la Chine et l’Union européenne. En réponse à la récente décision de Bruxelles de surtaxer les voitures électriques chinoises – avec une taxe supplémentaire de 35 % visant à rétablir une concurrence jugée déloyale – Pékin a annoncé qu’il envisageait des mesures similaires sur les eaux-de-vie européennes, dont le cognac constitue la quasi-majorité. exportations totales vers la Chine.
Le Cognac, produit phare des exportations françaises vers la Chine, est en première ligne de cette éventuelle réponse chinoise. Représentant 95% des eaux-de-vie importées dans le pays, elle pourrait voir son accès au marché chinois sévèrement restreint si les surtaxes étaient confirmées. La Chine étant le premier marché d’exportation du cognac, représentant environ 25% des ventes, cette éventualité inquiète fortement les producteurs.
Vers une solution au niveau international ?
L’interprofession du cognac, à travers le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), le dit déjà « sacrifié » par le gouvernement français dans cette bataille commerciale. Début octobre, le BNIC a exprimé son inquiétude quant aux répercussions potentielles, appelant à des actions concrètes pour « mettre fin à cette escalade dont nous sommes les otages « . L’industrie appelle Paris et Bruxelles à suspendre ces nouvelles taxes douanières, qualifiées de « menace directe » pour l’avenir du secteur.
Pour Sophie Primas, une solution pourrait être trouvée lors du G20 au Brésil, prévu mi-novembre, où est prévue une rencontre entre les présidents français et chinois. ” Nous aurons des discussions à trois avec les producteurs de cognac, l’État français et l’Union européenne pour défendre ce marché. », a précisé le ministre. Parallèlement, Michel Barnier a également prévu des échanges entre les Premiers ministres des deux pays pour favoriser un dialogue constructif.
Le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, a de son côté appelé la France à inciter la Commission européenne à trouver un compromis sur la question des véhicules électriques. Selon lui, Pékin souhaite réaliser « une solution acceptable » pour les deux parties.
En Europe, la Commission a annoncé son intention d’évaluer les possibilités de soutien aux producteurs européens de brandy touchés. Par ailleurs, la Chine a ouvert des enquêtes antidumping sur d’autres produits européens, notamment le porc et les produits laitiers, ciblant ainsi des secteurs sensibles pour l’économie européenne.