Dans les Pyrénées-Atlantiques, le Val-d’Oise ou le Pas-de-Calais. La semaine dernière encore, la presse locale faisait état de problèmes similaires. Partout en France, depuis peu, des groupes d’habitants se forment pour s’opposer à la construction de gigantesques antennes-relais à deux pas de chez eux. Non pas tant parce qu’ils sont opposés au monde interconnecté, mais parce qu’ils jugent que cela déforme le paysage et qu’ils estiment que nous n’avons pas le recul nécessaire pour juger de l’impact des ondes sur nos vies et notre santé.
Nouvel exemple à Sorgues, dans le secteur de Brantes, où tout un quartier se mobilise contre un immeuble de ce type de l’opérateur Free. Une pétition a déjà récolté plus de 260 signatures. Mais c’est surtout la proximité directe du château du XVIIIème siècle qui fait bouger tout l’écosystème local. « Aucun contact n’a été pris avec les voisins et les habitants qui voient leurs terrains inévitablement dévalorisés, écrit Charles-Hubert de Brantes, son propriétaire. Ni avec le Château de Brantes même si ce projet d’antenne sera situé dans le rayon de protection de tout monument historique.
Très précisément à 390 mètres de son enceinte, inscrite à l’inventaire des monuments historiques. Et surtout, l’antenne sera bien visible depuis les fenêtres et le parc du château, ce qui déformera encore davantage son environnement déjà très urbanisé. “On a fait le test avec des ballons tirés au bout de fils de 26 mètres de haut, et plus ils montaient haut, plus ça donnait l’idée de l’impact visuel qu’aurait l’antenne, c’était immense”, se désole Colombine d’Aboville, belle-sœur du propriétaire. C’est en février dernier que la famille a été informée du projet par l’association de quartier après l’affichage d’un permis de construire sur un petit terrain du chemin de Brantes. Et le temps presse puisque la dalle de béton qui supportera l’antenne a été coulée ces derniers jours.
Un recours judiciaire non suspensif
Ce vendredi, ils étaient une vingtaine à se réunir sur le terrain en question. « Cela ne m’intéresse pas d’avoir une telle antenne à côté de chez moi, affirme le propriétaire de la maison attenante au terrain. J’ai rénové toute la maison il y a sept ans. Et ça va nuire à la santé de mes enfants, l’un d’eux a sa fenêtre qui donne sur l’antenne. Dans la salle, des enseignants de l’École des Sorgues, de pédagogie Steiner et située à 280 mètres du projet d’antenne, confirment les inquiétudes de nombreux parents. L’école des Bécassières est également à 400 mètres. Tout comme le lycée professionnel Montesquieu. Et une crèche est également en construction.
“Nous avons essayé d’envoyer des lettres recommandées au propriétaire, il n’a jamais répondu, indicates Pierre Pudico, member of the Brantes, La Traille, Guerre association. En personne, il a refusé de discuter et a baissé la tête. Il loue le terrain à Free et cela lui rapporte généralement entre 10 et 20 000 euros par an.
Très conscient du problème, le maire Thierry Lagneau aurait informé le collectif de son impuissance à s’opposer à ce type de projet. Les habitants ont donc décidé de se lancer dans la bataille judiciaire, en déposant un recours devant le tribunal administratif. Non suspensif, cela ne bloque néanmoins pas l’avancée des travaux.
Autre argument et non des moindres, la présence à proximité de plusieurs autres antennes. Notamment à moins de 100 mètres du nouveau, où sont déjà érigés deux grands mâts de près de 20 mètres de haut, l’un pour l’opérateur SFR et l’autre pour Bouygues Télécom. Les riverains pourraient donc se retrouver avec trois antennes dans 100 mètres. « Nous sommes dans une zone couverte à 96 %, estime Jean-François Bielak, qui habite à 350 mètres de l’antenne Discord. J’avais un abonnement Gratuit pour mon père dans le secteur et nous l’avons reçu sans aucun problème. Au-dessus de la mairie, nous partagions une structure pour trois opérateurs et nous ne le ferions pas ici ? Et le riverain garde espoir, affirmant que “les antennes ont déjà été démontées” par décision de justice.