Par
Marie Lamarque
Publié le
1 novembre 2024 à 12h12
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Radars couverts, panneaux retournés. Et même sur ce rond-point situé à quelques pas de l’entrée de Mervillela colère des agriculteurs s’exprime : « Macron, vous récoltez ce que vous semez », peut-on lire sur des boules rondes. Ce jeudi 31 octobre 2024, Arnaud Rousseaule président de la Fédération nationale des syndicats d’opérateurs (FNSEA) était en déplacement dans la commune au nord de Toulouse. Il a notamment lancé un appel à la mobilisation pour le 15 novembre.
« Là où tout a commencé »
« Je suis revenu en Haute-Garonne. C’est ici que tout a commencé en janvier, même si ailleurs en France, les agriculteurs s’étaient déjà mobilisés auparavant en retournant les panneaux», raconte Arnaud Rousseau, mesurant la portée symbolique de cette rencontre. Car la Haute-Garonne est aussi l’un des départements français où les revenus des agriculteurs sont les plus faibles. En moyenne, un agriculteur reçoit 330 euros par mois.
Un an après les premières actions, motivées par le slogan « On marche sur la tête », ils constatent que les promesses n’ont pas été tenues. La colère a explosé en janvier, avec le blocage des autoroutes, d’abord sur l’A64 à Carbonne. Un point de départ qui a fait boule de neige. Gabriel Attalalors Premier Ministre, est venu au barrage pour communiquer diverses annonces.
« Nous sommes des milliers à être déçus »
Neuf mois plus tard, les agriculteurs rassemblés autour d’Arnaud Rousseau dénoncent l’inaction du gouvernement. « Des milliers d’entre nous sont déçus. Nous avons vécu une situation dramatique l’hiver dernier, ça s’est aggravé. C’est encore plus difficile pour nous », dit Axel Tran Vancultivateur de céréales. C’est d’ailleurs à son domicile qu’était organisée la réunion de ce jeudi.
Arnaud Rousseau se positionne comme le porte-parole de cette « détresse agricole » marquée par « l’absence de revenus », souligne-t-il. Parmi les principales préoccupations restent la problèmes climatiques: « la question de l’eau est centrale en Occitanie. Il a beaucoup plu ces dernières semaines. Le bon sens aurait été de nous permettre de stocker l’eau sans impacter l’environnement. Dans six mois, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle sécheresse. […] Nous avons besoin d’une plus grande adaptabilité.
« Non au traité de libre-échange »
Autre titre d’actualité inquiétant : les travaux en cours de la Commission européenne pour obtenir un accord commercial avec le Marché commun du Sud, en abrégé Mercosur. Si en février dernier, Gabriel Attal affirmait son opposition à ce traité de libre-échange détesté par les agriculteurs, il pourrait être remis sur la table lors des élections législatives. Sommet du G20 qui débutera le 18 novembre.
« Nous allons lutter contre ça », souligne Arnaud Rousseau. Le sujet devrait être au cœur des nouveaux mouvements de contestation qui se dessinent pour le 15 novembre. « La France doit avoir le courage de dire non. Je ne vois pas pourquoi on ouvrirait grand nos portes à des produits qui ne répondent pas aux mêmes standards que nous. Nous sommes contrôlés. Nous sacrifions l’agriculture», s’insurge Axel Tran Van.
Vaccins, frais administratifs
Le président de la FNSEA évoque d’autres « cibles à aborder » : « la question des vaccins » avec la multiplication des SME [Maladie Hémorragique Épizootique qui se transmet aux animaux par les moucherons, NDLR] et FCO 8 [Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) sérotype 8 dont souffrent certains bovins allaitants, NDLR]. Il y a aussi le retour de la grippe aviaire.»
Autre problème : la charge administrative qui pèse sur les agriculteurs. « Parfois, ce sont des choses qui ne sont pas tenables », déplore Arnaud Rousseau.
“La colère n’est pas un projet”
Les prochaines élections à la Chambre d’agriculture auront lieu en janvier prochain. En attendant, le représentant estime que « la colère ne peut pas être un projet pour l’agriculture ». Arnaud Rousseau s’inquiète également pour l’avenir de la profession « quand on sait que dans les années à venir, 50% des agriculteurs prendront leur retraite».
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