escapade contemplative au Reposoir Carmel

En Haute-Savoie, à quelque 1 000 mètres d’altitude, le Reposoir Carmel est une bulle hors du temps. Au pied du massif des Aravis, le site invite à des balades revigorantes, à l’heure où les sommets commencent à se poudrer de neige. Et pour parfaire cette déconnexion avec la nature, avant de plonger dans l’hiver, pourquoi ne pas envisager une retraite dans le surprenant centre de yoga Sanskriti voisin ?

Le cloître Saint-Michel, juste après l’entrée du couvent, avec ses arcades romanes et ses voûtes en berceau © Nadège Druzkowski

A 2 heures de Lyon en voiture, le Carmel du Reposoir, perché au dessus du village du même nom, se niche dans un cirque boisé, au bord d’un petit lac. Entouré de montagnes d’où descendent des sapins, le site bénéficie d’une tranquillité exceptionnelle. Pas étonnant qu’au XIIe siècle, les Chartreux, favorisés par Aymon de Faucigny, seigneur local, aient choisi de s’y installer. C’est ainsi qu’en 1151, accompagné de six moines, arriva Jean d’Espagne qui, en découvrant les lieux, déclara : “C’est mon lieu de repos.” Bien qu’aride et austère, la vallée du Béol, entourée de son écrin rocheux, à une dizaine de kilomètres du célèbre col de la Colombière, offre un cadre idéal au mode de vie recherché par ces religieux contemplatifs.

Le monastère est situé à 1 000 mètres d’altitude, au pied du massif des Aravis © Charles Savouret

Au fil des siècles, ils construisirent et agrandirent le couvent qui devint une véritable petite ville dotée d’une bibliothèque, d’une infirmerie, d’une église, d’ateliers dédiés aux frères tanneurs et cordonniers… Ils effectuèrent également d’importants travaux de défrichement, créèrent des alpages pour les troupeaux et valoriser le territoire.

Entrée du monastère © Nadège Druzkowski

Le couvent ne compte pas moins de trois cloîtres, dont un, datant du XVe siècle, construit dans un style gothique flamboyant, au délicat décor sculpté, mais visible uniquement lors des Journées du Patrimoine. Chassés pendant la Révolution, les moines reviennent en 1846, avant d’être à nouveau expulsés en 1901. La chartreuse devient même un temps un hôtel, avant d’être rachetée, en 1922, par des sœurs carmélites qui, depuis, en ont fait leur Carmel. Une vingtaine de Carmélites y vivent encore.

Le cloître gothique flamboyant © Charles Savouret

La porte de l’âge

A un peu plus de trois kilomètres, sur la route qui monte de la vallée de l’Arve jusqu’au monastère, les vestiges de la Porte d’Âge, construite dans un endroit étroit, entre deux rochers, rappellent qu’elle jouait le rôle de PÉAGE.

The remains of the Porte d’Âge © Nadège Druzkowski

Ruines restaurées d’une ancienne ferme, c’est par ce passage voûté surmonté de trois niches que l’on accède au couvent. Un agriculteur sur place était chargé de percevoir les taxes pour les Chartreux, notamment sur le bois ramassé. La façade actuelle date probablement du XVIIe siècle. La statue de la Vierge à l’Enfant, qui se trouve dans la niche centrale de la Porte d’Âge, est une copie de la statue du XVIe siècle, aujourd’hui conservée dans l’église du Reposoir.


Balades et activités ludiques

Le village du Reposoir offre une multitude de départs de randonnées, plus ou moins sportives, avec plusieurs boucles familiales qui vous mèneront au-dessus du monastère, offrant une vue imprenable sur toute la vallée. Une gamme de jeux d’aventure (dont certains sur tablettes comme Le Secret du Reposoir) permet même d’allier effort et exploration scénarisée, en résolvant des énigmes au fil du parcours. Sur différentes thématiques, pour enfants ou adultes, une dizaine de jeux d’aventure en plein air sont proposés à l’office de tourisme.

Jeux d’aventure en plein air © Charles Savouret

Naissance du Reblochon

Propriétaires de nombreuses fermes autour du monastère, les moines chartreux les louent aux paysans, qui leur versent une redevance. Même si Le Reposoir rivalise aujourd’hui avec Le Grand-Bornand, la tradition veut que les Chartreux faisaient venir des familles de Suisse pour les aider à perfectionner leurs techniques de fabrication du fromage. C’est ainsi qu’est né le fameux Reblochon.

Éloi Blanchet, producer of Reblochon © Charles Savouret

Au Moyen Âge, afin de minimiser l’auciège – redevance due en nature pour la jouissance d’un alpage – les agriculteurs pratiquaient une traite incomplète des vaches. Le lait de deuxième traite (blocche en patois), moins abondant mais plus riche, est utilisé pour fabriquer des petits fromages, les reblochons. Un savoir-faire aujourd’hui perpétué de génération en génération par les agriculteurs de la région, comme Éloi Blanchet, à la tête d’un troupeau d’une quarantaine de vaches laitières.


Une note indienne en Haute-Savoie

À une quinzaine de minutes en voiture du village du Reposoir, à Scionzier, le centre de yoga et de retraite Sanskriti propose une immersion raffinée dans la culture indienne au cœur de la Haute-Savoie. Il est situé dans une ancienne usine, entièrement restaurée, au pied d’une rivière, où les plus téméraires pourront se tremper après une séance de yoga.

Le centre de yoga et de retraite Sanskriti © Charles Savouret

Originaire de la région, Benoît, après deux années passées en Inde, revient dans son pays natal avec Prachi, son épouse indienne. Pratiquant le yoga depuis de nombreuses années, ces deux passionnés ont ouvert ce lieu atypique en Haute-Savoie, qui accueille également une fois par an, en été, un grand festival mêlant conférences, musique, méditations, yoga et ateliers bien-être. Des retraites sont proposées toute l’année, même en hiver, pour des séjours variant de deux à cinq jours. Cours de yoga, repas végétariens, chambres d’hôtes colorées, ambiance détente et randonnées, le lieu allie séjour bien-être et déconnexion, dans une ambiance chaleureuse, avec une touche d’exotisme indien.

Plus d’informations : sanskriti.fr


Chloé Challier a développé la marque de cosmétiques L’Originel © Charles Savouret

Un résumé de la nature en pot

Dans la commune voisine de Marnaz, célèbre pour ses poteries aux couleurs vives, une autre habitante de la vallée a fait de sa passion pour la nature son métier. Initialement formée à la poterie, Chloé Challier a développé une marque de cosmétiques, L’Originel, à base de plantes sauvages, qu’elle récolte à différentes périodes de l’année. Ses produits, proposés dans sa boutique en ligne, associent des huiles de plantes médicinales (à base d’hélichryse, de reine des prés ou d’achillée millefeuille…) ainsi que des baumes botaniques ou des sirops médicinaux. Mais Chloé propose aussi des formations où vous pourrez découvrir avec elle le secret des vertus des plantes et créer vos propres cosmétiques.

Plus d’informations : loriginelrituelsauvage.com


Le Reposoir… on a thread!

Le petit village du Reposoir, de moins de 600 âmes, compte un habitant de haut vol : le funambule Nathan Paulin. Détenteur du record du monde de la plus longue traversée sur fil (près de 2 200 mètres !) au Mont Saint-Michel en 2022, le jeune prodige, qui enchaîne spectacles et traversées partout dans le monde, est resté très attaché à son village d’enfance. Rencontre.

Nathan Paulin, au-dessus du lac près du Carmel, en septembre 2022, pour les Journées du Patrimoine

Lyon Capitale : Vos exploits vous emmènent aux quatre coins de la planète mais vous avez choisi de rester vivre au Reposoir. Quels sont ses attraits ?

Nathan Paulin : Je suis né au Reposoir et j’ai grandi à 400 mètres du Carmel. Même si mon travail de funambule m’amène à beaucoup voyager, j’ai toujours envie de revenir, au calme, dans ce petit village de montagne. J’adore le cadre et je n’ai aucune raison de vivre ailleurs ! A la fois isolé et accessible, Le Reposoir est touristique, surtout l’été, mais sans jamais être dénaturé.

Comment s’entraîne-t-on ?

Je pratique beaucoup de sports : vélo de route, course à pied, parapente… Mon entraînement est plus sportif que sur fil. C’est surtout pour les grands événements, comme l’ouverture des JO cet été, que je m’entraînerai plus spécifiquement. Pour les JO, j’ai recréé, à deux pas du Carmel, sur une sangle détendue, la distance du Pont Neuf et la hauteur du toit de la Samaritaine.

En 2023, le public lyonnais a pu vous voir traverser la place Bellecour lors de la Biennale de la Danse. Quels souvenirs en avez-vous gardé ?

Le temps était magnifique. Je suis parti du clocher de la Charité et j’ai été heureux de traverser une ville que je connais finalement très peu. Il y avait une belle communion avec le public. Dans ce spectacle, intitulé Les Traceurs, chorégraphié par Rachid Ouramdane, aux côtés d’acrobates, on pouvait entendre ma voix diffusée. C’est un spectacle qui a beaucoup tourné (et tourne toujours !) jusqu’à Rio de Janeiro et que j’ai proposé en représentation lors des Journées du Patrimoine, en 2022, aux habitants de mon village.

Quels chiffres vous inspirent ?

Ma discipline est assez jeune, j’ai commencé par la slackline et n’ai découvert le travail des autres funambules que sur le tard. Je m’inspire de gens comme Rachid Ouramdane, aujourd’hui à la tête du Théâtre du Chaillot, pour sa façon de gérer la mise en scène et la tension avec les autres ou encore de l’ultra-bande-annonce Kílian Jornet pour qui la représentation est avant tout un prétexte pour passer de belles moments en montagne.


© Charles Savouret

Gourmande : l’incontournable patte d’ours

Les grands espaces, c’est ennuyeux ! Mais au pays du Reblochon, les plaisirs sucrés sont aussi de mise. Et c’est grâce à un boulanger savoyard d’adoption qu’est née l’une des plus délicieuses gourmandises du village de Mont-Saxonnex. Né en Algérie, Tahar Saïfi crée la patte d’ours en 1982 : une pâte feuilletée et levée, fourrée de crème pâtissière, en forme de patte d’ours et en partie trempée dans du chocolat. La gourmandise séduit et perdure. Aujourd’hui, ce sont ses enfants, Alexis et Djemila, qui ont pris la relève. Apprécier!


Pratique

Où loger ?
• La Chartreuse, hôtel et restaurant
5 pièces au coeur du village – lachartreuse74.fr

• Altipik, des lodges insolites et glamour, avec poêles à bois – altipik.com

• Le Jalouvre, in Mont-Saxonnex
Nid douillet savoyard de 14 chambres toutes de styles différents – lejalouvre.com

Où manger ?
• La Chartreuse, hôtel et restaurant, cuisine bistronomique généreuse
Bib Gourmand Michelin – lachartreuse74.fr

• Le Yogi affamé, à Scionzier
Délicieux déjeuner et dîner végétariens (option végétalienne)
www.sanskriti.fr

• Auberge Pointe du Midi, in Mont-Saxonnex
Copious Savoyard specialties
Tel. : 04 50 96 94 32

Événements
• The Cabaret du Mont Blanc, in Cluses
Plongez au cœur des années 80, avec danseurs, musiciens et costumes
cabaretdumontblanc.com

• 30ème édition de l’exposition Peinture & Sculpture, à Marnaz, du 30 novembre au 8 décembre – marnaz.fr

Comment y arriver ?
• En voiture, 2 heures 10
• En train, 4 heures (changement à Annemasse)

 
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