Espèce répandue autour de la Méditerranée, la taranta (ou gecko) de Maurétanie peut désormais être observée loin des côtes. Une expansion récente, qui atteint aujourd’hui le département de l’Indre-et-Loire. Depuis un peu plus d’un an, des individus isolés ont été signalés, photos à l’appui, à la société herpétologique de Touraine, qui mène l’enquête.
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Ils sont surtout connus sous le nom de geckos (ou parfois margouillats) et il en existe plusieurs espèces en France dont la plus répandue est la taranta de Maurétanie. Ce reptile mesure généralement une quinzaine de centimètres et se distingue assez facilement de nos lézards communs : le dos est couvert de petits tubercules qui lui donnent un aspect trapu et épineux. Et les pattes sont prolongées par des doigts et des orteils élargis dont le dessous est constitué de bandes adhésives.
Une particularité qui permet aux geckos de s’installer sur les murs, extérieurs ou intérieurs, des maisons, généralement à proximité d’une Source d’éclairage attirant les insectes dont ils se régalent.
Un spectacle nocturne dont on ne pouvait profiter, jusqu’à présent, que dans les pays chauds du pourtour méditerranéen, où le gecko fait parfois office de porte-bonheur, car il se régale de créatures rampantes ou volantes que les humains considèrent généralement comme indésirables, voire nuisibles.
La silhouette de ce petit reptile très sympathique est également devenue un phénomène de mode, affichée et utilisée à toutes fins utiles sur la mode, la décoration, les articles de sport, etc.
C’est une espèce présente dans le sud-est de la France depuis les années 1970 seulement. Dans l’Antiquité, la Maurétanie désignait le territoire des Maures, c’est-à-dire le nord du Maroc et l’Algérie. Cependant, il est aujourd’hui considéré comme faisant partie de la faune française et, à ce titre, est protégé par la loi comme tous nos reptiles. Elle n’est pas du tout considérée comme une espèce envahissante ou exogène, il est interdit de la capturer ou de la déplacer.
Cyril Michel, Société Herpétologique de Touraine
Mais les mygales de Maurétanie sont signalées de plus en plus loin des côtes ces dernières années, par exemple à Grenoble en 2018, puis à Lyon, Toulouse ou Bordeaux. La Société Française d’Herpétologie (connaissance et protection des amphibiens et des reptiles) demande : « La Maurétanie Tarente pourrait-elle être une espèce indicatrice du changement climatique ? Et lance une enquête de sciences participatives, un programme de recherche mené avec le laboratoire Evolution et Diversité Biologique (EDB).
“Tarente s’est installée particulièrement dans les grandes villes, avec des îlots de chaleur qui lui conviennent bien.reprend Cyril Michel. Le changement climatique n’est pas la seule explication, mais évidemment, les hivers plus doux y sont tout à fait favorables. Aujourd’hui, nous trouvons des populations reproductrices dans toutes ces métropoles.
La Société Herpétologique de Touraine relaye, à son tour, l’enquête participative menée au niveau national en lançant un avis de recherche du gecko : l’Indre-et-Loire est devenue depuis peu l’un des territoires où il est devenu possible d’observer des tarantas de Maurétanie !
« Nous avons été informés d’un premier gecko observé dans l’Indre en 2022, continue l’herpétologueun individu qui a également été surveillé et qui a survécu à l’hiver. Cela m’a poussé à publier un avis de recherche afin que les gens puissent nous faire part de leurs observations. Nous avons ainsi collecté une dizaine de signalements, dont trois dans le centre-ville de Tours, mais aussi trois à Amboise et encore Vouvray, Langeais, Charentilly ou Huismes… Chaque fois avec justificatif à l’appui, photo ou vidéo, car il peut y avoir confusion… nous avons été récemment appelé un triton, pris pour un gecko !
“La taranta n’a certainement pas parcouru 500 kilomètres avec ses petites pattesplaisante Cyril Michel, d’autant qu’il existe de nombreuses ruptures dans la continuité écologique… » Alors comment expliquer son arrivée dans nos terres très, très lointaines ?
“L’hypothèse la plus probable est qu’il utilise notre moyen de transport, comme un passager clandestin. Nous plantons de plus en plus d’espèces méditerranéennes, comme les oliviers. Plantes transportées du sud, dont la motte de terre peut contenir des œufs de Tarente. Ou une tarentule cachée dans les crevasses du tronc. Et puis il y a les voies ferrées, un environnement favorable à tous les reptiles : caillouteux, avec des talus qui captent la chaleur et peu de présence humaine, peu de perturbations. Une tarentule peut s’attacher à un train et voyager avec lui, ce qui expliquerait sa présence dans les centres-villes, par exemple près de la gare de Tours !
Plus simplement, un gecko peut parfaitement se cacher dans une cagette de légumes, se glisser dans la voiture ou la valise d’un voyageur… Ce qui est intéressant c’est que le petit reptile (qui hiberne lors des périodes froides) survit ensuite à nos hivers censés être plus rigoureux. On retrouve ici le problème climatique.
Il convient toutefois de noter qu’en ce qui concerne la Touraine, aucune reproduction de l’espèce n’est encore avérée. Seuls des individus adultes isolés ont été observés. « Ce n’est qu’avec un suivi à long terme que nous saurons si la taranta de Maurétanie s’installe durablement dans notre pays et parvient à s’y reproduire »conclut Cyril Michel.