Comme Tourcoing, Roubaix, Douai et Lille, le musée de Picardie bénéficie d’un prêt du musée d’Orsay dans le cadre d’une exposition nationale célébrant les 150 ans de l’impressionnisme. Sur la plage d’Édouard Manet, peint à Berck-sur-Mer (l’artiste était un habitué de la Côte d’Opale), dialogue ici, Amiens ne possédant pas de collections impressionnistes, avec d’autres représentations de la mer, notamment des marines romantiques aux immenses et ciels tourmentés. D’un côté, cinq tableaux sortis du stockage ; de l’autre, trois autres œuvres, simplement déplacées. Tout cela raconte une histoire qui s’étend sur plusieurs siècles.
Les prédécesseurs de Manet adoptent un point de vue idéal : nous sommes comme au théâtre, sur un fauteuil. Dans le chef-d’œuvre impressionniste, c’est tout le contraire, et révolutionnaire : l’horizon très bas nous donne l’impression d’être un troisième personnage, assis par terre en compagnie du couple ! Pierre Stépanoff, directeur des musées d’Amiens et de la Maison Jules Verne, pointe l’influence du japonisme sur le peintre, avec les bandes de couleurs qui s’amoncellent. Le ciel et la mer sont traités ici comme des morceaux d’abstraction. ” Manet est un génie du noir et du gris », dit-il, évoquant un « façon très efficace de peindre “, de la ” des coups de pinceau vifs qui tombent très précisément « . Les plus observateurs remarqueront la petite lueur rouge de la pantoufle, au milieu de couleurs assez sévères et ressentiront sans doute une pointe de mélancolie, voire de tristesse devant cette scène. ” Un tableau très poétique » devant lequel personne ne peut rester indifférent.
« Sur la plage impressionniste. Dans l’oeil d’Édouard Manet », jusqu’au 16 juin au Musée de Picardie, 2, rue Puvis-de-Chavannes. 9/5 €, gratuit pour les moins de 26 ans. museedepicardie.fr