Honneurs au trésor électronique de la SMEM

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Formidable collection au rayonnement international, le Musée et Centre suisse des instruments de musique électroniques, à Fribourg, est lauréat d’un Prix de la musique suisse.

Swiss Music Awards: distinction pour le trésor électronique de la SMEM

Swiss Music Awards: distinction pour le trésor électronique de la SMEM

Publié le 23/05/2024

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Il s’agit d’une archive qui résonne dans le présent et dont les riches harmoniques sont parvenues aux oreilles du Jury fédéral de musique. Parmi les personnalités du paysage sonore suisse désignées jeudi par l’Office fédéral de la culture figure une immense collection de claviers dépoussiérés conservés dans les sous-sols de Bluefactory, à Fribourg. Fondé en 2016, le Musée et Centre suisse des instruments de musique électroniques (SMEM) est lauréat d’un Prix Spécial Musique, une prestigieuse distinction d’une valeur de 25’000 francs, qui récompense le travail des gardiens de ce sanctuaire où se cache l’histoire de la musique moderne.

« C’est une très belle surprise, qui récompense les milliers d’heures investies pour donner vie à cette collection. Cela nous permettra de continuer à tester, réparer et restaurer les instruments, car il reste encore dix ans de travail à faire… » réagit Christoph Allenspach, président de l’association SMEM. Une petite structure d’une trentaine de bénévoles qui fonctionne avec un budget de 200’000 francs par an et tente de remettre en jeu un trésor de près de 5000 synthétiseurs introuvables, boîtes à rythmesamplificateurs à lampes, orgues, séquenceurs et autres modules d’effets truffés de potentiomètres, véritable Graal vintage de la musique d’aujourd’hui.

La salle de jeux, où l’on peut tester les différents claviers vintage. © SMEM

Ces pièces inestimables, patiemment rassemblées par le spécialiste bâlois Klemens Trenkle dans ces décennies où le numérique avait rendu l’analogique obsolète, étaient entassées dans l’entrepôt d’une menuiserie avant d’être prêtées définitivement à SMEM. Quarante déménagements plus tard, ces modèles parfois uniques arrivent à Fribourg, où ils continuent d’être inventoriés. «Nous avons trié tout ce qui ne rentrait pas vraiment dans la collection, comme les radios et les télévisions, avant de commencer à documenter les pièces lorsque nous avons réussi à rassembler suffisamment de connaissances, car les informations manquent souvent», note Christoph Allenspach. Actuellement, 2600 objets sont publiés sur le site du SMEM et 20 % de la collection est brièvement documentée. Il nous faudra encore 3 ou 4 ans pour tout faire. Car entre-temps, quelque 500 instruments ont été ajoutés à la collection, souvent offerts par leurs propriétaires. « Et ça continue d’arriver chaque semaine ! Le dernier en date, c’était hier, un orgue portable Lipp, tout petit mais très lourd, qui nous est venu du fond de la Bavière !

« Il reste encore dix ans de travail »
Christophe Allenspach

Doubler la surface

Car si la SMEM est un musée à vocation patrimoniale, qui accueille chaque année quelque 1500 à 2000 curieux, c’est aussi un centre de ressources technologiques dont l’aura numérique dépasse les frontières. Et surtout, il est devenu une plateforme d’expérimentation, un atelier ouvert à des artistes parfois très expérimentés qui viennent connecter leurs flûtes à bec aux sorties audio de ces instruments insolites ou rares, comme cet orgue Hammond Novachord de 1938, tout juste restauré. Dans le salle de jeux inauguré en 2018, le musicien électro français Thylacine est venu peaufiner la bande originale d’une série pour Canal+, les Young Gods sont venus dessiner des sons samplés pour leur album En C, les figures du drone Stephen O’Malley ou de la techno Legowelt ont joué de nouvelles ambiances sonores. Un rayonnement également nourri par des résidences internationales soutenues par Pro Helvetia, ainsi que par des collaborations avec diverses institutions, dont la Philharmonie de Paris.

Mais si l’aura comme les collections ne cesse de grandir, les murs ne bougent pas… et les 650 m2 sont désormais remplis du sol au plafond d’instruments. « Chaque millimètre carré a été utilisé », constate Christoph Allenspach. Nous souhaitons rester à Bluefactory car les espaces sont idéaux pour notre projet et parce que nous sommes soutenus par la ville. Mais à terme, il faudra pouvoir doubler la surface.» L’histoire de la musique électronique continue de s’écrire.

 
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