le retour triomphal des ventes Only Watch

Ce n’était pas gagné. Un événement organisé au cœur même du Pont de l’Ascension, suite à une édition 2023 annulée au dernier moment en raison de polémiques liées aux comptes de l’association organisatrice et à la répartition des fonds récoltés. Nous parlons ici de Only Watch. Une vente aux enchères caritative dédiée au financement de la recherche médicale contre la dystrophie musculaire de Duchenne.

Fondée à l’initiative de Luc Pettavino, président de l’Association monégasque contre les myopathies (AMM), dont le fils a été tué par cette maladie génétique qui touche un enfant sur 3 500, elle a eu lieu pour la première fois en 2005. Sous le marteau : des pièces uniques proposés par les fabricants de montres. Une trentaine de marques ont alors répondu présentes.

Des prix records

Depuis, le concept, placé sous le haut patronage de SAS le Prince Albert II de Monaco, est devenu biannuel. Et surtout, il est devenu l’un des événements majeurs de la planète horlogère. Il faut dire que les enchères atteignent des sommets. En 2019, une montre Patek Philippe en acier, la Grandmaster Chime, a été vendue 31 millions de francs. Soit un montant dix fois supérieur à son estimation haute. De quoi réaliser le record historique absolu pour une montre vendue aux enchères. Et les pièces dépassant largement le million ne sont pas rares. A tel point que depuis 2005, Only Watch a réussi à récolter quelque 122 millions de francs ! De son côté, l’AMM est passée du statut d’association familiale à celui d’association à rayonnement international.

En novembre dernier, lorsque le 10^e édition aurait dû avoir lieu à Genève, 62 lots proposés par 73 marques étaient au programme. Ce vendredi 10 mai 2024 à Palexpo, il n’en restait que 47 pour 52 marques. Parmi les grands absents qui restent prudents : Audemars Piguet, Chopard et Tudor. Les enchères ont toutefois récolté 28,32 millions de francs, contre 29,74 millions lors de l’édition précédente.

Et c’est encore une autre Patek Philippe qui a largement contribué à cette prouesse orchestrée par Christie’s. Il s’agit d’une montre-bracelet combinant grande et petite sonnerie, avec répétition minutes. Il est également réalisé en acier, un métal très rarement utilisé sur les grandes complications de la marque. Quant au cadran, il est guilloché à la main et recouvert d’émail grand feu translucide bleu-vert. Le tout ponctué d’index diamants baguette. Alors que les enchères démarraient à 5 millions de francs, elles s’envolèrent jusqu’à 15,7 millions. Elle dépasse donc à elle seule la moitié de la vente totale.

La surprise du chef

Dans l’ordre, vient ensuite Richard Mille, avec son superbe sautoir RM S14 Talisman Origine terminé par une montre en or rouge et titane équipée d’un mouvement tourbillon squeletté. Il a coûté 2,38 millions de francs. Tandis que le Blue Furtive Chronometer en tantale de FPJourne a été vendu 2,2 millions. Des scores qui n’ont rien de surprenant pour ces marques prestigieuses.

Ce qui n’était pas forcément le cas de Rexhep Rexhepi, cet horloger surdoué qui a fait ses armes chez Patek Philippe puis François-Paul Journe et qui, en 2011, fonde sa propre marque, Akrivia. Il n’avait que 25 ans. En 2018, il remporte le Grand Prix d’Horlogerie de Genève des montres pour hommes et récidive en 2022. C’est pourtant lui qui talonne FPJourne avec son Chronomètre Antimagnétique vendu 2,1 millions de francs. Pas de doute, sa cote est en hausse. Et cela n’a vraiment rien de surprenant non plus.

Pour le reste des lots, beaucoup dépassent les 100’000 francs. Bonne nouvelle pour les victimes de myopathies et de maladies neuromusculaires. Au fil des années, des dizaines de chercheurs ont bénéficié du soutien de l’AMM. De quoi faire progresser les connaissances et créer de nouveaux instruments permettant le développement de nouvelles thérapies. En témoigne le lancement en 2023 d’un « premier essai clinique chez l’humain ».

Nous avons donc atteint un tournant. Les comptes de l’AMM ont été audités et certifiés par un organisme indépendant pour les années 2021, 2022 et 2023. Des changements structurels visant à renforcer sa gouvernance et ses pratiques en matière de transparence et d’éthique ont également été réalisés. Et un comité stratégique de partenaires ainsi qu’un comité scientifique ont été constitués. L’horizon est donc à nouveau lumineux.

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