L’arboretum du Domaine des Agreaux, à Retjons, à quelques rangs de l’A 65, prend racine depuis 2012 sur près de 2 hectares. Ces 39 espèces ont été plantées en même temps afin que leur évolution naturelle puisse être étudiée par l’INRAE (Institut National de Recherche sur l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement). Une douzaine d’années plus tard, Alliance Forêts Bois (1) tire également ses conclusions. Ceux-ci permettent à la coopérative forestière d’envisager de nouvelles possibilités sylvicoles – de diversifier les espèces plutôt que de produire – sur des sols sableux et acides comme ici.
Des résultats disparates
« Il y a de bonnes et de mauvaises surprises. Ces résultats nous font réfléchir», annonce déjà Stéphane Viéban, directeur général d’Alliance Forêts Bois. À première vue, les résultats sont disparates. Certains arbres mesurent une dizaine de mètres de haut, tandis que d’autres dépassent à peine les fougères. La bruyère violacée, plante endémique, a remplacé certaines plantes. « Certaines espèces n’ont pas résisté à l’été caniculaire de 2022 », explique le directeur général.
Parmi les déceptions, citons le pin turc, qui a succombé aux conditions. Pourtant, les forestiers de la coopérative misaient sur cette pinacée et sa supposée résistance à la chaleur. Cette espèce n’est pas la seule à avoir disparu de l’arboretum. Le châtaignier commun, les séquoias, le douglas, entre autres, sont également absents.
Heureusement, quelques bonnes surprises sont également sorties de terre. Parmi eux, le hêtre oriental. « Il ne s’en sort pas trop mal », reconnaît le directeur général, prêt à envisager cette dernière pour une diversification, c’est-à-dire en dehors de l’essence de la production, mais sans plus. «Ça reste compliqué de sortir des planches», explique Stéphane Viéban, prônant une «évolution tranquille mais efficace» de la sylviculture. D’autres espèces laissent les forestiers plus perplexes. «On ne sait pas quoi penser du bouleau», avoue-t-il en examinant les arbres qui mesurent 5 mètres de haut mais dont les troncs sont fins.
A deux pas des bouleaux, les pins maritimes atteignent plus de 10 mètres de haut. « Il n’y a pas de photo », précise Sandra Barot, membre du conseil d’administration de la coopérative et elle-même propriétaire forestière dans les Landes et la Gironde, présente pour la visite. Ceci amène Alliance Forêts Bois à conclure que le pin maritime demeure la seule essence utilisable sur ce type de sol pour la production. « Nous avons besoin d’arbres qui vivent, mais qui poussent aussi. On revient toujours au pin», reconnaît Stéphane Viéban.
« Nous avons besoin d’arbres qui vivent mais qui poussent aussi »
La visite de l’arboretum se terminerait presque sans évoquer les eucalyptus qui mesurent plusieurs mètres de haut. Le directeur général reconnaît une « croissance intéressante », mais pose la question de « l’acceptation » dans le paysage. « Le massif a une histoire. Il faut le respecter», ajoute Sandra Barot.
Onze variétés de pins
Sur les 39 espèces plantées, onze appartiennent à la famille des Pinacées et huit à la famille des chênes. Et d’autres variétés de chêne se démarquent. Parmi eux, le chêne noir, le chêne rouge et le chêne pédonculé de 3 à 4 mètres. Le chêne-liège, naturellement présent dans les Landes, affiche son feuillage haut de plus de 5 mètres, pour un diamètre de 10 centimètres. Mais là encore, les forestiers ne considèrent le chêne-liège que pour la diversification des espèces. « Il faut deux générations de pins maritimes pour avoir une de chênes-lièges », déplore Sandra Barot. Cela ne reste qu’un investissement de passion. »
Si les résultats varient d’une espèce à l’autre, leur origine joue également un grand rôle. Chaque essence a été testée dans plusieurs sources, de la Bulgarie à l’Australie en passant par les Etats-Unis. Pour les forestiers, cet arboretum constate que le pin maritime du Maroc se porte particulièrement bien. Ce qui amène la coopérative à imaginer un croisement de provenances, entre Landes et pin maritime du Maroc, pour renforcer sa résistance. Ce qui est sûr, c’est que le massif des Landes de Gascogne n’a pas encore révélé tout son potentiel.