Le Tarn-et-Garonne en proie à des précipitations « remarquables »

Le Tarn-et-Garonne en proie à des précipitations « remarquables »
Le Tarn-et-Garonne en proie à des précipitations « remarquables »

l’essentiel
Depuis octobre, le Tarn-et-Garonne enregistre des cumuls pluviométriques bien supérieurs à la normale. Pas de quoi parler de record cependant, explique Météo France. Du côté des agriculteurs, dont beaucoup n’ont pas pu réaliser leurs semis d’hiver, l’inquiétude grandit. Décryptage.

Depuis octobre, le Tarn-et-Garonne est en proie à d’importants épisodes pluvieux. Si de brèves accalmies se profilent, le week-end et le début de la semaine prochaine s’annoncent (encore) très humides. Sur le plan agricole, le phénomène a des conséquences ambivalentes. La situation peut en effet devenir critique pour certains (lire aussi ci-dessous) mais il a aussi le mérite de réalimenter les nappes phréatiques, les lacs collinaires et autres réservoirs d’eau. Car après 2022 qui fut l’année la plus chaude enregistrée au niveau national et départemental, c’est 2023 qui se classe juste derrière. Le spectre de la sécheresse planait jusqu’en octobre dernier. « La situation s’est inversée avec une récidive des états dépressifs. Nous enregistrons des cumuls pluviométriques qui, jusqu’à aujourd’hui, restent bien supérieurs à la normale », confirme Météo France.

L’établissement public qui est l’alpha et l’oméga de la climatologie dans le pays peut s’appuyer sur plusieurs sondes installées à Montauban, Sérignac, Saint-Vincent-d’Autéjac, Castelsarrasin ou encore Caylus et Lauzerte. “Quand on agrège toutes ces données, on constate qu’en octobre et novembre 2023, il est tombé presque deux fois plus de pluie que la normale avec 45% de précipitations excédentaires”, poursuit le spécialiste.

En revanche, l’hiver – qui débute le 1er décembre pour Météo France – affiche un record de précipitations normal avec 76 mm. Janvier 2024 a permis une période de répit avec 23 mm. Le calme avant la tempête depuis le seul mois de février a reçu 70 % d’eau en plus que la normale. Et en mars, c’est 40 % supplémentaires, toujours par rapport à la moyenne des 30 dernières années. « Par rapport aux Charentes ou à la côte atlantique, on ne peut pas parler de record. Ces accumulations de pluie dues au flux océanique sont plus remarquables par leur persistance que par leur quantité. Mais le Tarn-et-Garonne est un peu une zone tampon entre l’Ouest, où il a beaucoup plu, et l’Est où il y a encore un déficit hydrique comme à Langedoc-Roussillon”, observe Météo France qui constate que l’hiver le plus humide dans le département fut celle de 1935-36 avec 459,8 mm de pluie, contre 185 mm en moyenne.

“Il faut s’approvisionner pour deux ans”

En revanche, côté irrigation, l’été 2024 devrait permettre un peu de répit. « Depuis la mi-octobre, les sols sont redevenus très humides. Toute la pluie en surface a pu s’infiltrer efficacement dans le sol et même avec la reprise de la végétation, elle continue de s’écouler”, constate le météorologue.

« C’est aussi l’avantage : tous les lacs sont pleins et les réserves sont au maximum. Mais on pourrait en stocker davantage ! C’est vraiment dommage de voir toute cette eau être déversée, ça m’attriste vraiment», insiste Thomas Franco, président des Jeunes Agriculteurs du canton de Nègrepelisse-Monclar. « Nous stockons pour une seule campagne alors que nous pourrions en avoir davantage à l’avance. En 2022, les réserves étaient également pleines mais nous avons tout utilisé en un an. Il faut voir plus loin et pouvoir s’approvisionner pour au moins deux ans d’avance », estime-t-il.
A ce jour, le syndicat Tarn-et-Garonne Aménagement a identifié 17 sites qui ont la capacité naturelle d’accueillir de gros volumes d’eau, jusqu’à 400 000 m3. Les travaux, notamment le curetage, devraient démarrer très prochainement.

Cerises, céréales, maraîchage : même combat

Les cerises éclatent sous la pluie.
ARCHIVES DDM – GAUVAIN PELEAU-BARREYRE

Depuis plusieurs jours, la cerise Burlat est cueillie sur les coteaux du secteur de Moissac. Mais cette année, il faudra composer avec la pluie. « Sur les premières variétés non protégées, on a déjà des cassures. Même pour les gros calibres qui sont protégés. Mais entre l’eau présente dans le sol et les prévisions, cela n’améliorera pas la qualité du produit », souligne Mathieu Lemouzy, président du syndicat interprofessionnel de la cerise – région Moissac (Sicrem). Car excès d’eau signifie aussi cerises fendues et risque d’éclatement. « Il y aura beaucoup de tri mais nous sommes dépendants de la météo », note Mathieu Lemouzy. L’heure n’est pas encore au catastrophisme. Les prochaines semaines seront décisives. D’autant que Météo France annonce une belle accalmie aux alentours du 22 mai. Et si les prévisions se confirment, le mercure devrait flirter avec les 30 degrés le week-end prochain.

Pourtant, après un automne, un hiver et même un printemps pluvieux, de nombreux agriculteurs espèrent voir la lumière au bout du tunnel. Qu’il s’agisse d’arboriculture, de maraîchage ou de cultures céréalières. « De nombreux céréaliers n’ont pas pu planter leurs cultures d’hiver et avec toutes ces pluies, c’est très compliqué de semer au printemps. Semer en juin, ce n’est pas génial car pour le maïs, ça change tout en terme de castration. Cela signifie fleurir en août et donc être exposé aux coups de chaleur. Ce n’est pas bon non plus pour la pollinisation », commente Thomas Franco, céréalier à Bruniquel, qui a commencé à planter ses semences de maïs il y a seulement 3 jours. Alors que les deux tiers de sa superficie devraient être exploités.

« Les pires, ce sont les boulbènes, notamment près de Castelsarrasin qui sont des terres très lourdes. S’il pleut, cela compacte la croûte terrestre et le germe ne peut plus pénétrer. Certains champs sont vides et la pression des maladies est énorme», souligne Thomas Franco, dont l’orge n’a déjà plus beaucoup de feuilles. La rouille, la septoriose mais aussi la fusariose des oreilles sont sa redoute. Autre dommage collatéral : le manque de paille pour les éleveurs. « Ce sera plus tendu cette année », prévient-il.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Un taux de 29,93% appliqué aux tomates égyptiennes en conserve
NEXT Alain Mabanckou animera une conférence à l’UGB – Agence de presse sénégalaise – .