les producteurs de noix risquent de perdre 50 % de la prochaine récolte

les producteurs de noix risquent de perdre 50 % de la prochaine récolte
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l’essentiel
En raison des dégâts causés par le gel, les producteurs de noix du Lot craignent déjà de perdre 50 % de leur récolte cet automne. Ils tireront la sonnette d’alarme au ministère de l’Agriculture.

Les producteurs de noix sont en difficulté. Depuis deux semaines, ils n’ont cessé de lever les yeux au ciel. Et roulent des yeux sur leurs noyers. Au nord du Lot, le gel a causé de nombreux dégâts aux arbres. « Les tiges qui portent les feuilles sont brûlées et nécrotiques, on a l’impression qu’elles pourrissent », constate Aurélien Frégeat, producteur de noix à Biars-sur-Cère. Sur ses 14 hectares, 11 sont victimes du gel, notamment les parcelles situées dans la vallée. Chez nous, durant cette période cruciale de floraison, le thermomètre est descendu à -3° pendant quatre nuits consécutives. Et il le sait déjà : ce qui est perdu est perdu. « D’autres bourgeons vont repartir mais ils ne porteront pas de fruits. Au mieux, les bourgeons qui renaîtront donneront une croissance végétative suffisante pour avoir une récolte décente l’année prochaine », précise-t-il.

L’année dernière, le producteur a récolté 11 tonnes alors qu’en moyenne, il en récolte 25. Ses calculs pour la prochaine saison, à partir de septembre, ne sont pas bons : « Je m’attends à avoir au moins la moitié des pertes sur les variétés précoces. Cela signifie qu’il ne pourra récolter qu’une dizaine de tonnes de noix cet automne. L’ironie est qu’il y a deux ans, comme la majorité des producteurs, il s’est retrouvé avec trop de noix sur les bras. Impossible de les écouler sur un marché bouché : certains de ses confrères vendaient la marchandise aux Restos du coeur.

Tour antigel, irrigation, chaudières…

Puisqu’il baisse les yeux pour voir si le sol est gelé, il baisse également les yeux. « Je me suis installé il y a cinq ans, j’ai des investissements sur le dos et je n’ai pas fait une bonne année donc je n’ai pas encore pu toucher une rémunération suffisante », confie-t-il, démotivé. Alors, parfois, quand le cœur est trop lourd, Aurélien Frégeat regarde les offres d’emploi. Il s’imagine salarié, avec de vraies vacances et un salaire fixe. Et puis, « la passion parle ». Et le cœur l’emporte sur la raison.

A Saint-Michel-de-Bannières, Laurent Perrier ne se fait pas non plus d’illusions. Chez nous, au moins 50 % de la récolte sera également gaspillée : « Le pire, c’est que cette année, la végétation a eu deux semaines d’avance grâce à la chaleur du mois de mars. Les dégâts du gel étaient d’autant plus terribles que les tiges étaient déjà bien formées ». Un nouveau coup du sort qui s’ajoute. « Entre coups de chaleur, gels, maladies, sols gorgés d’eau et racines qui ne fonctionnent plus, les noyers accumulent les situations de stress climatique », constate-t-il. Et contre le froid, rien n’y fait. Ni les tours antigel installées par certains, ni l’irrigation par aspersion car les noyers sont trop hauts, pas même les chaudières biomasse qui ventilent les rangs et les feux de bottes de foin. Laurent Perrier, qui est également membre du syndicat AOP Noix du Périgord, espère avoir une reconnaissance de catastrophe agricole pour compenser les pertes financières. D’autant plus qu’il a renoncé à l’assurance il y a huit ans. « Je payais 25 000 € par an à mon assurance alors que je n’ai été indemnisé qu’une seule fois, en 2017 », explique-t-il. Le calcul a été rapide. Désormais, face aux dégâts, il doit trouver une solution à l’équation.

Aurélien Frégeat montre les dégâts du gel à Huguette Tiegna.
Bio 46

Ils demandent de l’aide pour déraciner et replanter

A l’instar des vignerons du Lot, les producteurs de noix cherchent eux aussi à arracher les noyers trop endommagés. « Nous demandons une aide pour la restructuration de nos vergers qui sont vieillissants et avec des variétés qui ne sont plus adaptées au climat et au marché. Il nous faut du temps et de l’argent pour arracher et replanter, nous espérons une prime à la restructuration», raconte Aurélien Frégeat, le producteur de Biars-sur-Cère. Laurent Perrier abonde dans le même sens : « C’est le seul moyen de sauver le secteur. Avec notre trésorerie stagnante, nous ne pouvons plus investir dans des outils pour nous protéger du gel sans être sûrs de leur efficacité. C’est dans ce contexte que Bio 46 a organisé ce mardi une rencontre entre les producteurs bio concernés et Huguette Tiegna, la députée. « Nous attendons qu’elle s’exprime sur notre situation la semaine prochaine, devant l’Assemblée nationale, lors du débat sur le projet de loi d’orientation agricole », précise-t-il encore. Mardi 14 mai, une délégation du nouveau syndicat des producteurs de noix du sud-ouest portera le sujet directement sur la table du ministère de l’Agriculture.

 
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