« Les guerres et le terrorisme sont les principales racines du problème en Afrique », Jean Messingue, psychologue clinicien jésuite

« Les guerres et le terrorisme sont les principales racines du problème en Afrique », Jean Messingue, psychologue clinicien jésuite
« Les guerres et le terrorisme sont les principales racines du problème en Afrique », Jean Messingue, psychologue clinicien jésuite

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter ?

Messingue Jean : Je suis psychologue clinicien jésuite, directeur du COPAC qui est un centre universitaire jésuite pour la promotion de la santé mentale et du bien-être en Afrique, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Nous proposons des formations de renforcement des compétences en santé mentale, nous formons les diplômés au soutien psychologique de première ligne et menons des actions humanitaires et communautaires en santé mentale. La santé mentale pour tous en Afrique est la raison d’être de COPAC.

Qu’entendez-vous par santé mentale ?

La santé mentale est un état dans lequel une personne se sent bien dans sa peau. C’est lorsqu’une personne est en possession de ses ressources pour accomplir ses tâches quotidiennes en faisant face efficacement aux difficultés ordinaires et mène une vie qui contribue au bien-être des autres.

Le thème de cette année est « La santé mentale au travail ». Comment appréciez-vous cela ?

La santé mentale est une préoccupation majeure dans le monde du travail. Il y a par exemple le stress lié au travail, à la circulation, à la charge de travail. L’absence de services de soutien psychologique au sein des entreprises est préoccupante. Chez COPAC, nous avons un programme appelé Bien-être et santé mentale des employés. Nos programmes de formation sont basés sur ces conditions. Nous croyons que la qualité du bien-être mental détermine l’amélioration de la performance et de la productivité des travailleurs. Nous pensons également que les travailleurs s’investissent pleinement dans l’entreprise lorsqu’elle veille à leur bien-être.

Les compétences émotionnelles et relationnelles sont aussi importantes que les compétences professionnelles. La qualité du leadership et du management détermine inévitablement la qualité des équipes et l’atteinte des résultats. Pour dynamiser et accompagner les entreprises dans la prise en compte de la santé mentale, nous proposons des services d’évaluation psychologique, des programmes de développement du bien-être personnel, des programmes pour améliorer les stratégies de réduction du stress au travail, pour renforcer la résilience et la santé mentale des salariés.

Pouvez-vous nous parler de la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale ?

La Journée mondiale de la santé mentale a été créée en 1992 pour lutter contre la stigmatisation liée à la santé mentale. L’objectif initial était de sensibiliser les populations afin qu’elles normalisent la souffrance psychologique comme un problème de santé et recherchent des services de santé mentale. La santé mentale est faussement identifiée à la foi et à la souffrance psychologique telle que la dépression accompagnée de faiblesse. Il s’agit d’un problème de santé que toute personne confrontée à une épreuve peut endurer.

Quelle signification cette Journée mondiale de la santé mentale signifie-t-elle pour les pays en crise comme le Burkina Faso ?

Bien que la lutte contre la stigmatisation liée à la santé mentale soit pertinente pour tous les pays, la Journée mondiale de la santé mentale devrait avoir une toute nouvelle signification dans les pays en crise comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Pour les populations touchées par le terrorisme et la guerre, célébrer la Journée mondiale de la santé mentale devrait impliquer trois choses.

Premièrement, l’appel à renforcer l’intervention psychologique et psychosociale en cas de crise pour soulager les souffrances psychologiques et morales des personnes touchées de diverses manières par la crise. Dans plusieurs pays africains, des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes ont subi ou été exposés à des actes de torture. D’autres ont tout perdu, certains ont quand même fui leur foyer. Mais très peu bénéficient d’interventions psychologiques ou psychosociales.

Deuxièmement, une telle journée de réflexion sur la promotion de la santé mentale en contexte de crise est un appel à agir en faveur de la santé mentale communautaire à travers le renforcement de la résilience individuelle, communautaire et sociale.

Enfin, la Journée mondiale de la santé mentale est l’occasion pour un pays en crise de rappeler au monde entier, notamment aux organisations internationales, que la violence, les guerres et le terrorisme sont les principales racines des problèmes de santé mentale en Afrique. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la santé mentale est une urgence en Afrique même si elle constitue la condition du développement durable.

Quelle est votre approche au niveau du COPAC dans ce combat ?

L’approche de COPAC est de proposer des formations pour renforcer les compétences des agents communautaires, des travailleurs sociaux et des professionnels pour une meilleure prise en compte du bien-être et de la santé mentale dans toutes les activités et à tous les niveaux. . Nous apportons également un soutien aux personnes vulnérables en leur proposant des espaces d’écoute thérapeutique et en leur proposant de la nourriture que nous récupérons auprès des autres.

C’est la solidarité qui peut nous sauver ; cette valeur chère à l’Afrique doit s’exprimer davantage. COPAC dispose désormais de professionnels de soutien psychologique de première ligne au Burkina Faso, au Cameroun, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Ce réseau africain nous permet d’apporter un soutien psychologique aux populations de ces pays qui sollicitent nos services.

Interview réalisée par Serge Ika Ki

Lefaso.net

 
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