Le Centre d’Art Contemporain présente les bourses

Le CAC présente des bourses d’art contemporain

Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland. Le CAC illustre un système qui tourne en rond depuis des décennies. Un académisme ignoré.

Publié aujourd’hui à 18h24

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Aie! Mauvaise nouvelle ! Les bourses Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland reviennent au Centre d’art contemporain (CAC), condamné à les accueillir chaque année quitte à ternir son image. Comme d’habitude, ils ont mis douze candidats en lice, en exigeant bien entendu tous les « x ». La parité est parfaite dans la mesure où il y a un peu plus de filles que de garçons. En revanche, les anciens candidats aux arts visuels ont désormais tendance à prévaloir sur les jeunes pousses orientées vers les arts appliqués. Un tort sans doute. De nos jours, les deux choses sont devenues une casquette blanche et une casquette blanche. Au pays du non-sens, les différences s’estompent inévitablement. Aux deux étages du CAC, on sent à quel point les écoles (HEAD, ECAL, etc.) forment leurs étudiants. Au travail, ils se ressemblent tous comme des petits lapins en chocolat. En termes de parole, ils répètent les mêmes mots comme des perroquets bien dressés. En voulant être décalé, nous avons finalement recréé une uniformité. Selon moi, il n’y a rien de plus académique que les œuvres actuellement exposées au Centre d’art contemporain. Peut-on innover en « développant une pratique multiforme autour de l’écriture de l’intime sous un prisme théorique queer et décolonial » ? Bien sûr que non!

Deux gagnants

Le CAC a réparti les exposants dans des salles en forme de caisson. Tout le monde peut s’y disperser, même s’il me semble y avoir plusieurs chambres doubles, comme dans les hôtels. J’aurais du mal à vous dire quelles sont les différences avec l’édition 2023, et sans doute celle de 2025. Les Bourses tournent en rond depuis des décennies maintenant, sans jamais offrir de révélation ou presque. Il s’agit de la roue arrière d’un système officiel désormais en fin de vie. Celui-ci souhaite que deux prix soient décernés chaque année à des gagnants dont on n’entend généralement plus parler par la suite. Les écoles ont ainsi fait leur travail et justifié les subventions. La Ville a rempli son devoir culturel. Et les artistes malheureux végèteront, tandis que les nouvelles générations de « perdants » apparaîtront rapidement derrière eux.

Qui sont les gagnants de 2024 ? Pour les arts plastiques, il s’agit de Maëva Weissen, qu’on verrait plutôt comme une artiste décoratrice. La Genevoise spécialisée dans le textile. Cela revalorise bien sûr les matériaux. Son préféré, ce sont les maillots de « football » recyclés. La jeune trentenaire (qui jouit déjà d’une certaine notoriété) revalorise ainsi les histoires de banlieue « systématiquement marginalisées » entre rap sport et féminisme. Thomas Clément, 32 ans, se distingue pour sa collection couture. Il y marche comme beaucoup d’autres sur les traces du Belge Martin Margiela (déjà retraité…) Son installation s’avère néanmoins la plus ludique de toutes. Elle a la forme d’un atelier de couture, avec du parquet ciré. Les vêtements restent bien entendu inportables. Cela reste apparemment sans importance. Thomas n’est pas encore entré dans la vraie vie.

Thomas Clément vu par lui-même.

La présentation durera jusqu’au début novembre. Nous sommes un peu tristes que l’institution dirigée par Andrea Bellini soit obligée de le montrer, alors qu’elle se montre capable d’expositions de niveau suisse et même international avec « Chrysalide, le rêve du papillon » ou « Scrivere disignando ». Des réussites parfaites, qui auront marqué. Mais encore une fois, c’est un système mal mis en œuvre qui l’exige. Peut-être devrions-nous encore réfléchir à le changer ?

Pratique

“Berthoud, Lissignol-Chevalier, Galland”, Contemporary Art Center (CC), 11, rue des Vieux-Grenadiers, Geneva, until November 3. Such. 022 329 18 42, website https://centre.ch Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h

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Né en 1948, Etienne Dumont étudié à Genève qui lui furent de peu d’utilité. Latin, grec, droit. Avocat raté, il se tourne vers le journalisme. Le plus souvent dans les sections culturelles, il travaille de mars 1974 à mai 2013 à la Tribune de Genève, commençant par parler de cinéma. Viennent ensuite les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le constater, rien à signaler.Plus d’informations

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