FAITS DU SOIR Entre espoirs et bouleversements, le cœur des vignerons vacille

La Fédération des Vins du Gard IGP fait le point sur sa saison. Vendanges gardoises 2024, été oenotouristique, état des lieux de la filière dans le Gard, future édition des Vignes Réboussières… On vous dit tout !

Éléonore Anger, Gérard Sanchez, Christel Guiraud, Christophe Aguilar, Denis Verdier and Alix Bailly (Photo Anthony Maurin)

Le Gard est clairement un département agricole. Et même le vin ! Il faut donc faire bouger ce territoire, l’entretenir et essayer d’en extraire des ressources économiques qui permettent aux habitants de vivre, aux paysages de se valoriser et aux Gardiens d’avoir de bons et de beaux produits à déguster. Quant à la fédération des vins du Gard IGP du Gard, nous déménageons depuis quelques temps mais la situation est compliquée et ne s’améliore pas. Heureusement, les vignerons ont le courage de leurs idées et aiment leur métier et leur terroir plus que tout.

Si le vin n’est plus très apprécié, il faut reconquérir les marchés. Nos vins rouges IGP se caractérisent par une structure équilibrée et des tanins souples. Les vins rosés et blancs sont vinifiés afin de préserver fraîcheur et finesse aromatique. La majeure partie de la production est commercialisée jeune et présente des profils sensoriels et aromatiques très appréciés.

La Maison vigneronne du Gard (Photo Anthony Maurin)

L’IGP Gard est bordée par la mer Méditerranée, les Cévennes et le Rhône. Le département du Gard sait tirer parti de ses nombreuses richesses culturelles. La vigne est indissociable de l’olivier, de la tauromachie et des ferias. Habituellement, le Gard produit 200 000 hectolitres, dont 100 000 qui sont vendus en vrac.

« Il faut réinventer l’agroécologie. On a des bases de travail, il faut pouvoir réagir à certaines problématiques », souhaite Denis Verdier, président de la Fédération Gardoise des IGP. Il poursuit : « Il reste encore quelques raisins à vendanger mais nous avons une vision assez claire. J’ai envie de piquer une crise… Nous avons été enfermés dans un schéma terrible. Nous sommes favorables à l’idée d’entrer dans une notion de respect environnemental. Nous discutons de la manière dont nous pouvons avancer vers cette nécessaire transition écologique. Les normes et règles, conçues à Bruxelles ou à Paris, n’ont pas pris en compte le changement climatique qui se produit très rapidement. »

Ces phénomènes se sont accentués en dix ans et les normes qui n’ont pas été conçues par les agriculteurs sont dans un mauvais état. Pour cette campagne, dans le Gard, nous avons eu une période d’humidité et de pluie au moment de la floraison des raisins.

Christel Guiraud, Denis Verdier et Christophe Aguilar (Photo Anthony Maurin)

Le président Verdier poursuit : « Que introduit une période d’attaque sévère de la part de Mildou, l’adversaire traditionnel du vigneron. Période exceptionnelle pendant laquelle nous n’avons pas pu nous défendre. Les parcelles de Grenache et de Merlot sont dévastées. En Europe, ils n’ont pas les mêmes notions de ces normes inapplicables. Nous demandons, exceptionnellement, des dérogations afin de pouvoir nous défendre tout en respectant l’environnement. Si nous voulons rester dans ces schémas, nous perdrons des récoltes. »

Trop de contraintes : les vignes meurent et les vignerons laissent des parcelles entières à l’abandon. Le déracinement sera sans doute terrible compte tenu de son ampleur. ” Mais là aussi on ne sait rien… Tout est vague, l’enveloppe comme le calendrier mais on devrait en savoir plus dans quelques jours. »

Préoccupé par le résultat des mauvaises récoltes, Denis Verdier est en alerte. Un projet immense avec de nombreuses questions. Il y a toujours une urgence. ” C’est l’un des plus bas depuis de nombreuses années et le prix du vin est également en baisse. Les gens vont souffrir, leurs revenus ne seront plus les mêmes. Nous sommes extrêmement inquiets de cette future situation sociale du secteur ! Tout est en danger si nous ne parvenons pas à inverser la tendance. »

IGP Fédération des vins du Gard (Photo Anthony Maurin)

IGP Fédération des vins du Gard (Photo Anthony Maurin)

Les équipes deICV s’engager sur des objectifs, promouvoir les produits intéressés, améliorer la qualité et la cohérence et soutenir l’innovation. Tout ce dont vous avez besoin dans un monde aussi complexe que celui du vin au 21ème siècle.

Le Groupe ICV, il existe cinq métiers dédiés à la production vitivinicole : analyse, conseil, produits œnologiques, formation et recherche & développement. Au cœur de l’économie sociale et solidaire, le Groupe ICV est animé par des valeurs coopératives fortes. Gérard Sanchez, directeur de la filière Gard pour le groupe ICV, du centre œnologique de Nîmes, explique : « La climatologie a été défavorable avec plus de 35 jours de pluie sur la période. Une année sur trois, nous sommes confrontés à ce phénomène. Les cépages peuvent être plus ou moins sensibles au Mildiou. Tout le monde n’est pas dans le même bateau. Le sud du Gard est entre -25 et -30% de récolte par rapport à l’année dernière. Les Côtes du Rhône annoncent -40 et -60% de perte de récolte, c’est vertigineux ! Un secteur s’en sort un peu mieux : le centre et le Piémont cévenol, qui résistent un peu mieux. »

A savoir… En Occitanie, entre 2009 et 2023, la production a chuté de plus de 20 % (soit 1,5 point par an) et les surfaces ont également connu une baisse de 18 % en moins. Connaissant les problèmes sanitaires, la baisse du rendement moyen enregistrée est, sur la même période, de 7%.

IGP Fédération des Vins du Gard 2024 (Photo Anthony Maurin)

Gérard Sanchez, Christel Guiraud, Denis Verdier and Christophe Aguilar (Photo Anthony Maurin)

La récolte sera réduite. On le voit lorsque l’on prend la route et constate l’abandon de certaines vignes. ” Compte tenu de la superficie, le Gard produit généralement 3,2 millions d’hectolitres. En 2023, nous avons produit 2,9 millions d’hectolitres. Si en 2024 on en produit 2,5, on sera content mais on pense plutôt à 2,3 millions d’hectolitres. Il reste encore 12 ou 13 jours de vendanges et pour certaines caves nous sommes à la neuvième semaine de vendanges, mais ils souhaitent valoriser leur potentiel œnologique en récoltant des raisins parfaitement mûrs ! »

La qualité des produits sera en revanche bonne en blanc et en rosé. Conforme aux demandes des acheteurs. Le vin rouge va diminuer en volume mais les choses sont très intéressantes. Notre millésime 2023 est à l’opposé de celui de cette année. Les vins seront moins opulents et denses, plus fruités et frais en bouche. Plus adapté au marché donc.

IGP Fédération des vins du Gard (Photo Anthony Maurin)

IGP Fédération des vins du Gard (Photo Anthony Maurin)

Engrais, verres, carton… entre 2021 et aujourd’hui, les professionnels ont pris une hausse de prix de +30%. Un tracteur a pris 50 % de son coût et le prix du vrac a baissé de 30 %. ” Nous ne pouvons même plus amortir nos achats… Certaines personnes ont gagné trop d’argent sur notre dos. Nous ne pouvons pas construire un secteur avec autant de problèmes. Il faut rééquilibrer les choses, on ne peut pas tout prendre de front à chaque fois ! », admits Christophe Aguilar, president of IGP Coteaux du Pont du Gard Wines.

IGP Fédération des Vins du Gard 2024 (Photo Anthony Maurin)

Le domaine familial Guiiraud (Photo Anthony Maurin)

Christel Guiraud, president of IGP Cévennes wines and owner of Domaine des Loubatières, continues: “ Nous avons pu régler quelques problèmes mais la moisissure et les faibles doses de cuivre nous ont beaucoup inquiétés… » Christophe Aguilar, president of IGP Coteaux du Pont du Gard Wines, Domaine de la Patience, continues: “ Cette année, la situation est hors de contrôle. Le constat est qu’on met en péril les revenus des gens dans des situations qu’ils ne peuvent plus gérer. Nous sommes dans des impasses techniques. Il nous faut des produits curatifs, nous ne l’avions pas vraiment vu venir… Aujourd’hui, nous nous sommes heurtés de plein fouet au mur. »

En IGP, la valorisation, la vente locale ou à l’export, sont le meilleur atout des vignerons. La fédération viticole IGP du Gard souhaite s’adapter à la consommation. ” Nous avons toujours beaucoup de gens intéressés et qui viennent acheter nos vins. Nous avons des prix raisonnables car nous sommes en vente directe », adds Christel Guiraud.

La fête du vin d’Anduze, du 19 au 21 juillet, a réuni 25 caves et domaines pour 973 dégustateurs et 2 800 ventes de bouteilles, pour un total de 28 000 euros de ventes de vins. ” C’était la première fois que nous organisions une soirée d’ouverture pour le 15ème anniversaire de cet événement qui a accueilli 250 visiteurs. Le public a pu découvrir des produits spéciaux. C’était un bon week-end ! », notent Éléonore Anger et Alix Bailly, du centre de promotion et de communication de la fédération du Gard.

Les vignerons sur le pont • Photo Domaine Pierre-feu

Belle réussite pour une autre animation. Celle des Vignerons sur le Pont, les mercredis du 17 juillet au 21 août a réuni 18 caves et domaines par soirée pour 2 100 bouteilles apportées à 10 000 dégustateurs et 21 000 verres servis, donc des tickets remis aux caveaux. Total ? 26 000 euros de ventes de vins. ” Six soirées avec 18 caves tous les soirs sauf la dernière où il n’y en avait que 15 à cause des vendanges. C’est la première année où nous recevons au moins 2 000 inscriptions payantes chaque soir ! » Près de trois fois mieux que l’an dernier. Pour les dix ans, en 2025, quelque chose de plus festif sera prévu.

Lors de la fête du vin à Saint-Ambroix, le 4 août, il y avait 14 caves et domaines pour 658 dégustateurs et 2 300 ventes de bouteilles, pour un total de 22 000 euros de ventes de vins. Créer une image collective, une notoriété. ” Nous avons réduit le nombre de caves mais c’est une année record avec 5 000 euros de plus que lors du dernier record. Nous avons atteint 22 000 euros de ventes de vins, ce qui est encourageant. La différence d’horaires a plu, la météo était bonne, les passionnés aussi », disent Alix et Christel.

« L’œnotourisme est un point essentiel sur lequel il faut jouer », conclut Denis Verdier qui veut préserver au Gard une image bachique que l’on aime tous !

 
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