L’homme de 79 ans, qui marche désormais avec une canne, était mercredi au palais de justice pour reconnaître sa culpabilité pour attentat à la pudeur, 50 ans plus tard.
Le procès devait débuter devant la juge Josée Lemieux, mais la veille, les deux parties ont finalement choisi de s’entendre.
La victime dans cette affaire, dont l’identité est protégée par un arrêté, était dans la pièce pour voir son bourreau.
«C’est un choc. Je suis très fier de cette victoire. J’encourage tout le monde à signaler les abus. Ne fais pas ce que j’ai fait, attends 50 ans. Je n’ai pas eu d’enfance ni de vie», souligne l’homme aujourd’hui âgé de 61 ans.
Collectif d’action
Dans les années 1970, le Mont d’Youville était un pensionnat pour enfants. Des religieuses assuraient leur surveillance et leur éducation.
Un recours collectif a été autorisé en août 2020, concernant quelque 560 anciens pensionnaires ayant fréquenté l’orphelinat de Beauport pendant sept décennies. Elles affirment avoir subi des abus physiques, psychologiques et sexuels de la part de 67 sœurs de la Charité et de plusieurs éducateurs laïcs.
En mai dernier, une entente historique a été conclue : les Sœurs de la Charité de Québec et le CIUSSS de la Capitale-Nationale verseront une somme « historique » de 65 millions de dollars aux victimes.
Souffrances
La victime dans cette affaire a été envoyée à l’orphelinat à l’âge de huit ans, jusqu’à l’âge de 12 ans. Durant son séjour là-bas, O’Reilly a occupé plusieurs postes, notamment celui d’éducateur, de chef de groupe et de coordonnateur de l’unité de réadaptation.
Dès 1975, à l’âge de 10 ans, la petite victime était sous la surveillance de l’accusé.
«Dans ce contexte, à différentes occasions, sans pouvoir les quantifier, les accusés sont venus chercher la victime en soirée pour s’asseoir sur elle», explique Me Michel Bérubé, procureur dans le dossier.
Lors de ces contacts, O’Reilly a embrassé la victime sur la bouche et touché son corps, y compris son pénis.
Parfois, l’éducateur isole la victime pour des « séances de masturbation ». La victime fait aujourd’hui référence à ces événements de cette façon.
L’homme, aujourd’hui âgé de 61 ans, affirme s’être masturbé devant lui à sa demande et avoir vu l’éducateur éjaculer.
O’Reilly a reconnu les faits, timidement. Le personnel judiciaire devait parler fort pour être entendu, car l’accusé avait des problèmes d’audition. Le septuagénaire parlait presque à voix basse.
Trois ans de prison
L’accusé devant subir des opérations dans les semaines à venir, il a été entendu qu’il serait condamné en février prochain.
O’Reilly sera donc condamné à trois ans de prison pour les actes commis.
L’homme a déjà reconnu avoir été victime d’abus physiques et sexuels dans les années 60 et 70. Il a travaillé au Mont d’Youville pendant une vingtaine d’années.
En 2010, alors âgé de 64 ans, il a plaidé coupable à des accusations d’attentat à la pudeur, de grossière indécence et d’agression contre cinq victimes mineures, des enfants de son entourage ou des garçons sous sa direction lors d’un séjour au Mont d’Youville.
Les victimes, désormais adultes, l’avaient décrit comme un homme « sadique » et « malade », une « bête ». Il a notamment utilisé une ceinture pour corriger sévèrement les adolescents, avant de s’en prendre à eux. O’Reilly a été condamné à deux ans de prison pour ses crimes commis sur deux décennies.
Me Bérubé rappelle que les sanctions pour un attentat à la pudeur n’étaient pas les mêmes à l’époque. En 1975, la peine maximale était de cinq ans. Le Code criminel est très différent aujourd’hui.
Pour un délit de contact sexuel, c’est-à-dire des actes sexuels commis sur un enfant de moins de 16 ans, l’accusé risque une peine maximale de 14 ans.