« La Résistance a été cruciale lors du Débarquement »

La cérémonie nationale d’hommage aux victimes de la déportation a eu lieu dimanche 28 avril 2024le matin, à Cherbourg (Manche), Place de la République. Le président de l’Association des déportés, internés et familles de disparus de la Manche (ADIF), Yves Sassignol, poursuit son lutte pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.

Le 80ème anniversaire du Débarquement de Normandie approche. Quel est votre défi cette année ?

Cette année représente beaucoup pour l’association. De nombreux résistants sont déportés et la Résistance française joue un rôle important dans la préparation du Débarquement. Reconnaissance, renseignement, aide aux troupes arrivées par la suite… Il faut absolument être présent dans ces hommages. C’est pourquoi nous avons organisé une exposition sur la déportation à la mairie de Tourlaville. Pour ne pas les oublier une seconde fois. Cela les tuerait encore une fois.

Que représentait la Résistance dans la Manche ?

La Résistance dans la Manche est particulièrement active dans le centre du Nord-Cotentin car sa partie nord est une zone interdite. La Résistance fut très active en parachutant des hommes, du matériel, des munitions et de la nourriture car il fallait alimenter les réseaux. Ces hommes et ces femmes eurent une importance très capitale au Débarquement. Mais nous représentons aussi la déportation dans son ensemble. On met souvent en avant les résistants mais il y avait aussi de nombreux déportés dits « politiques » qui étaient en réalité des résistants plutôt isolés n’appartenant à aucun réseau. À mon avis, ceux-ci sont un peu négligés aujourd’hui. Notre travail est de préserver cette mémoire et de les honorer en tant que résistants « officiels ».

Y a-t-il un écho entre les heures sombres d’hier et d’aujourd’hui ?

En 1944, en France occupée, alors que l’Allemagne subit d’importants revers militaires, les 14 derniers convois de déportation génocidaires partent. La lutte contre la Résistance et le maquis devient une priorité pour l’ennemi. Près de 45 000 hommes et femmes sont déportés de France et plusieurs milliers sont arrêtés pour rébellion ou actes d’hostilité puis envoyés à leur tour dans des camps de concentration. Malgré tout, la Résistance clandestine s’organise pour contrecarrer les sinistres plans nazis. Aujourd’hui, cet hommage intervient dans une période à nouveau chaotique où les désordres mondiaux menacent la démocratie et provoquent la souffrance des populations civiles innocentes. Nous devons rester mobilisés contre le fanatisme, contre la résurgence des idéologies de haine et d’exclusion, et unir dans un même hommage tous ces êtres humains dont la vie a été brisée en raison de leur résistance, de leurs croyances, de leur origine ou de leur orientation sexuelle. Plus que jamais, notre combat est celui de la liberté et de la paix.

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