SSamedi 27 avril, jour d’ouverture de la pêche aux carnassiers, des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) et de la gendarmerie sont sur le terrain pour contrôler les pratiquants. Premier arrêt, la cale de mise à l’eau du Fleix, sur la Dordogne. On y pêche depuis le bord et surtout depuis un bateau, sur la rivière.
Gilbert arrive avec son bateau. Il n’a pas perdu sa matinée et a ramené un joli brochet de 70 centimètres, attrapé au leurre. « Mon beau-père est cuisinier, c’est lui qui va nous le préparer », sourit le pêcheur en exhibant sa prise. Depuis sept ans qu’il vient Ici, c’est la deuxième fois qu’il participe à une inspection.
Si les autorités sont en alerte, c’est principalement en raison des dégâts constatés dans la nuit du 16 au 17 avril, sur des engins de pêche expérimentale au silure. L’enquête n’a pas encore permis d’identifier le ou les auteurs, mais l’affaire illustre bien les tensions autour du poisson-chat, qui compte autant d’admirateurs que d’ennemis.
“Y mettre fin”
Pour certains pêcheurs sportifs, ce monstre de rivière est un Graal à capturer et il n’est pas question de le tuer ; il faudra le remettre vivant à l’eau pour, peut-être, le rattraper lorsqu’il sera encore plus gros. Mais ici, pour de nombreux pêcheurs, ce prédateur vorace est avant tout un fléau.
« Pour moi, il faudrait en finir avec le poisson-chat », estime un pêcheur. De ce fait, il y a beaucoup moins de petits poissons et le brochet devient rare. » Ici, ils sont nombreux à penser ainsi, comme Christian, 75 ans, qui rentre chez lui avec deux sandres mesurant 75 et 57 cm. «C’est un problème», confirme-t-il. L’année dernière, je n’ai pêché que trois poissons-chats, dont un mesurant 1,92 m. »
« De toute façon, il est trop tard pour espérer l’exterminer », résume Laurent, également pêcheur. Il vaut peut-être mieux laisser les gros et essayer de prendre les petits, qui sont les plus voraces. Mais bon, je ne suis pas un scientifique. »
Dommage
Introduit à la fin des années 1980 en Dordogne, le poisson-chat s’y est multiplié et est aujourd’hui soupçonné de causer des dommages importants à la biodiversité aquatique, notamment aux espèces migratrices comme la lamproie marine. Depuis plus de dix ans, il est pêché en rivière par des pêcheurs professionnels et étudié par Epidor, l’établissement public territorial gestionnaire du bassin de la Dordogne, pour mieux comprendre son impact et l’efficacité de la pêche réglementaire.
La pêche expérimentale lancée fin mars vise à capturer des silures et des lamproies en aval du barrage de Bergerac, à Fleix et Eynesse (Gironde). Depuis son lancement fin mars, “aucune lamproie n’a été capturée sur ces sites, où elle était présente il y a quatre ou cinq ans”, s’inquiète Frédéric Delmarès, président de la communauté d’agglomération de Bergerac et ancien pêcheur. professionnel.
La préfecture rappelle que les dégradations sur les engins de pêche sont passibles de poursuites pénales. Les appareils, ancrés au fond de la rivière ou amarrés sur la berge, sont équipés de flotteurs marqués « AIP du 27/03/2024 ».