Ces habitants de la périphérie messine ne se rendent plus au centre-ville et nous expliquent pourquoi

Ces habitants de la périphérie messine ne se rendent plus au centre-ville et nous expliquent pourquoi
Descriptive text here

Par Antony Spéciale
Publié le

28 avril 24 à 17h53

Voir mon actualité
Suivez l’actualité lorraine

Le centre-ville de Metz (Moselle) attire types de populations : ceux qui s’y installent pour y vivre, ceux qui vont y travailler ou simplement ceux qui aiment s’y promener, faire du lèche-vitrines, aller au restaurant ou prendre un verre.

Pourtant, lors de nos reportages ou de nos simples échanges avec les citoyens, des critiques s’élèvent de plus en plus souvent sur la situation du centre-ville.

Alors que depuis 2020, le maire François Grosdidier mène une politique de réenchantement du centre-villecertains habitants des quartiers plus éloignés ou des communes périphériques ne souhaitent plus se rendre au centre. Actualités Lorraines a interrogé plusieurs profils pour tenter de comprendre les raisons de cet éloignement du cœur de ville.

Le prix du stationnement, argument numéro 1

Nous avons lancé un appel à témoignages pour découvrir ce qui retenait le plus le public du centre-ville de Metz. L’argument qui me vient sans doute à l’esprit est le prix du stationnementqu’il s’agisse de stationnement sur route ou dans des structures.

Pour Aurélie, une institutrice de 36 ans habitant le quartier de Vallièresc’est la première raison qui ne la fait plus venir en centre-ville : « Tout a commencé avec le prix du stationnement trop élevé », introduit-elle, avant d’énumérer une autre série de points que nous détaillerons plus tard.

Selon Sarah, gérante d’une boutique du centre-ville, l’état des parkings en soi, cela soulève également des questions. « Les tarifs du stationnement sont exorbitants même s’ils sont très endommagés. » Adrien, entrepreneur qui a récemment ouvert un restaurant en dehors du centre, ajoute que « ce n’est pas en proposant des offres aux 1 euro le soir que la question des prix du stationnement sera résolue.

Conséquence : plusieurs personnes interrogées, ainsi que d’autres qui ont commenté notre appel à témoignages, estiment qu’il est plus intéressant de se rendre dans les zones commerciales de périphérie, où le stationnement est gratuit et où l’offre commerciale est dense.

Vidéos : actuellement sur Actu

La sécurité remise en question

Le deuxième argument qui revient le plus souvent est la question de sécurité. Cindy, une résidente de Saint-Julien-lès-Metz âgé de 44 ans et qui travaille dans le quartier de Magnyassure que c’est la principale raison qui la pousse à venir rarement au centre-ville.

Un soir de l’été dernier, je suis sorti avec trois amis, puis à un moment donné, nous avons été suivis par trois jeunes qui ne parlaient pas français depuis longtemps. Depuis, je ne sors plus sans mon partenaire.

CindyHabitant de Saint-Julien-lès-Metz

Richard, 52 ans, demeurant à Amanvillers et travaillant à Thionvilleestime que « la fréquentation peu recommandable en journée est très accentuée le soir ».

Pour Émilie, 38 ans, qui vit et travaille à Marneux« On croise des gens ivres, et ils nous demandent de l’argent à chaque coin de rue. Si nous avons le malheur de refuser, nous serons insultés.

En matière de sécurité, que disent les chiffres ?

Le thème de la sécurité revenant de manière récurrente, nous avons souhaité comparer les chiffres de la délinquance à Metz en 2023 avec ceux de 2022, pour les incidents les plus courants, selon les données du ministère de l’Intérieur.

  • Vols violents sans armes : 123 incidents observés en 2023 / 127 en 2022
  • Vols sans violences sur personnes : 1 756 / 1 694
  • Vol d’accessoires dans les véhicules : 157/157
  • Consommation de stupéfiants : 509 / 419
  • Agressions volontaires et coups et blessures hors famille : 623/624
  • Agressions volontaires et coups et blessures : 1 229 / 1 191
  • Cambriolages résidentiels : 489/270
  • Destruction et dommages intentionnels : 1 576 / 1 417
  • Vol de véhicule : 168/145

Les chiffres sont pour la plupart en légère augmentation. Mais il faut aussi intégrer le paramètre selon lequel ils s’inscrivent dans une augmentation globale à l’échelle nationale.

Plusieurs mesures ont été mises en place depuis l’arrivée de François Grosdidier à la mairie de Metz pour tenter de renforcer la sécurité dans la ville : augmentation du nombre de la police locale et le renforcement des patrouilles, l’installation de nouvelles camérasl’inauguration d’un centre de surveillance urbaine…

Fonctionne partout dans le centre, un frein pour beaucoup

Pour compléter le top 3 des arguments les plus fréquemment cités, il y a la multiplication des phases de travaux au centre, notamment dans le secteur compris entre la rue Serpenoise et la rue de Ladoucette. Sarah estime que « les commerçants de la rue de Ladoucette n’en peuvent plus ».

Même chose pour Cindy : “Tous ces travaux en centre-ville doivent être pénibles pour les commerçants.”

Néanmoins, la quadragénaire croit au résultat final : « Cela donnera quelque chose de beau », estime-t-elle. Sarah, de son côté, est plus mesurée : « Mon optimisme cède mais j’ai quand même envie d’y croire. »

Adrien se pose la question : « Est-ce vraiment ces travaux qui vont amener les gens au centre-ville ? Au contraire, cela ne va-t-il pas accélérer la fermeture des commerces ? « .

Une offre commerciale réduite ?

En parlant de commerce, plusieurs de nos interlocuteurs pointent également la fermeture récente de plusieurs enseignes ces derniers mois. « Un nombre de marques qui a cruellement diminué » pour Émilie, « une salve de fermetures de magasins » pour Richard…

Aurélie, de son côté, estime que « la rue des Clercs regorge de belles boutiques ». Sarah, la commerçante, invite le public à flâner dans les petites rues du centre-ville : « Il faut arrêter de dire qu’il n’y a pas de commerces à Metz. Il n’y a pas que la rue Serpenoise, il y a par exemple la rue Taison qui prospère.

Interrogée sur la stratégie municipale en matière d’attractivité commerciale, Anne Daussan-Weizman, adjointe au maire chargée du commerce, assure que « le centre-ville est très demandé ». Selon elle, « les centres-villes avec les mêmes enseignes partout ne sont plus d’actualité ». La municipalité souhaite plutôt diversifier l’offre, dans une logique de complémentarité avec les centres commerciaux périphériques.

Des prix de l’immobilier très élevés

Pour plusieurs personnes interrogées, le centre-ville peine à attirer de nouveaux habitants en raison prix de l’immobilier. « Qu’est-ce qui justifie un tel prix en termes de foncier ? », demande Adrien, tant en termes de logement que de commerce. « J’avais un contrat qui n’a pas duré, où le loyer était exorbitant. Quand j’ai ouvert mon restaurant, je n’aurais jamais retenté ma chance en centre-ville », poursuit-il.

Sur ce point précis, François Grosdidier a répondu, lors d’un entretien accordé à Actualités Lorrainessur la stratégie municipale du logement.

Ce que je souhaite, c’est un mélange entre social et très haut de gamme. Je me bats pour qu’il y ait un intermédiaire, pour que les classes moyennes puissent accéder au logement et même, si possible, à l’immobilier, alors qu’il est très difficile d’acheter actuellement. (…) Je fais tout pour qu’il y ait accès à la propriété, mais aussi pour que les personnes aux faibles revenus puissent aussi devenir propriétaires.

François Grosdidier, maire de MetzLors d’un entretien avec Lorraine Actu le 12 avril 2024

Pour les commerces vides, la municipalité avait annoncé la mise en place d’une taxe sur les cellules vacantes.

La question de la propreté

propreté est également revenu régulièrement dans nos échanges avec nos différents interlocuteurs.

Parmi les raisons qui poussent Richard à venir de moins en moins en centre-ville, il y a « la saleté des rues ». Pour Sarah, la commerçante du centre-ville, il y a aussi un « gros problème de propreté », même si cela est dû avant tout, selon elle, à « l’incivilité des autres ».

François Grosdidier a également répondu aux raisons pour lesquelles il y a encore des sacs poubelles dans le centre-ville, ainsi que des déversements sauvages de déchets. « D’ici la fin du mandat, nous aurons complètement résolu le problème », a-t-il d’abord certifié. Il a également dénoncé les « mauvais citoyens » qui commettaient ce type d’incivilités.

Ceux qui perdent espoir…

Face à l’addition de tous ces facteurs, certains de nos interlocuteurs font preuve d’un relatif pessimisme.

Richard est le plus pessimiste : « Metz ne ressemble plus à grand-chose. C’est vraiment compliqué d’y trouver satisfaction. Des services sont perdus et le portefeuille est lourdement mis à rude épreuve, sans véritable retour concret.»

Sarah, de son côté, dit avoir « perdu son optimisme » sur plusieurs sujets, notamment l’attractivité commerciale et le prix du stationnement.

…et ceux qui voient encore le potentiel du centre-ville

Pourtant, dans la majorité des témoignages recueillis, les interlocuteurs n’ont pas une image terne du centre-ville. « Metz, c’est un peu la belle au bois dormant, explique Adrien.

Nous avons un centre-ville magnifique mais encore sous-exploité. On sent que la municipalité essaie de mettre les choses en place mais qu’elle ne va pas assez loin dans la démarche. Ce qui manque, c’est un véritable moteur économique et des points de ralliement qui fédèrent la population. Mais tout n’est pas négatif.

AdrienEntrepreneur

Dans l’ensemble, les personnes interrogées aiment beaucoup « leur » ville. « Tout ce que je dis est frustrant, parce que j’aime ma ville, résume Adrien. Un sentiment majoritairement partagé par les autres interlocuteurs.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Lutte contre le trafic de bois à la frontière Sénégal-Gambie
NEXT SÉNÉGAL-ÉLEVAGE-MESURES / Le gouvernement adopte 15 mesures pour la fête de la Tabaski – Agence de presse sénégalaise – .