Franck Dhersin, sénateur de l’Union centriste du Nord, fait la distinction entre « chômage choisi de certains jeunes » et chômage « soutenu » des plus de 55 ans.

A 60 ans, licenciée de son CDI en décembre 2022, Sandrine Houssaye multiplie les candidatures pour retrouver un nouvel emploi. Mais trop âgée pour certains employeurs, pas assez qualifiée pour d’autres… elle se heurte à une série de refus. La situation de cet habitant de Sotteville-lès-Rouen est loin d’être un cas isolé. Après quarante ans de carrière, elle craint de ne pas retrouver d’emploi avant les quatre ans et demi qui la séparent de la retraite. Arrivée en fin de droits en juillet, elle s’inquiète du raccourcissement du délai d’indemnisation des chômeurs.

Trouver un emploi : mission impossible pour les seniors ?

Comme Sandrine Houssaye, de nombreuses personnes de plus de 55 ans sont marginalisées par le monde du travail. Si Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine, rassure Sandrine en expliquant que « la réforme ne sera pas rétroactive », il concède néanmoins que le taux d’emploi des seniors « est un vrai problème dans notre pays ». Selon lui, il est clair qu’« on ne peut pas faire le même métier quand on a 20 ou 30 ans et quand on a 50 ou 60 ans ». Mais pour Sandrine, la raison est ailleurs. Elle estime que pour ces employeurs potentiels, elle n’est plus assez « rentable ».

Chômage choisi et chômage subi

Malgré ses efforts pour trouver du travail, Sandrine Houssaye ressent une certaine stigmatisation de la part des décideurs politiques et de la société à l’égard des chômeurs. Elle interpelle donc les sénateurs : « Pensez-vous vraiment qu’on reste au chômage par confort ? « . Une question reprise par Colombe Brossel, sénatrice socialiste d’Île-de-France : « C’est la réalité du monde du travail. Ce n’est pas celui des chômeurs assis sur leur canapé et qui, pour reprendre les mots du président de la République, n’auraient qu’à traverser la rue pour trouver du travail. C’est pourquoi nous luttons contre cette réforme annoncée de l’assurance chômage.» Le sénateur Franck Dhersin fait un constat plus contrasté. « Chez certains jeunes, il y a effectivement le chômage choisi (…). Mais pour la plupart des seniors, c’est une souffrance. Je vois beaucoup de gens qui veulent travailler, qui ont besoin de travailler, et à qui on dit à longueur de journée, on ne s’intéresse pas à vous, et ce n’est pas normal», s’indigne-t-il. il.