le pape très critique sur l’avortement et l’UCLouvain dans l’avion pour Rome, “ce n’est pas moral”

Paul Magnette « frappé » par les propos du Pape sur les femmes : « Personne ne devrait jamais dire à une femme comment elle doit vivre »

La visite du pape en Belgique a fait beaucoup parler, souvent en termes positifs, mais elle laisse un goût amer à certains lorsqu’il s’agit de parler des droits des femmes, notamment dans les rangs socialistes.

Par Sudinfo avec Belge

Publié le 29/09/2024 à 18h25

“J’ai été choqué, comme beaucoup de personnes je pense, par ses propos sur les femmes en général”, a déclaré ce dimanche le président du PS Paul Magnette sur le plateau de RTL-TVi. « Autant quand il parle de lutte contre la pauvreté, du climat, de la paix dans le monde, il a des messages de progrès, qui rassemblent, autant sur la question des femmes c’est vraiment très blessant, notamment sur la question de leur droits et libertés ».

« Personne ne devrait jamais dire à une femme comment elle doit vivre, ni un mari, ni un frère, ni un père… ni un chef religieux. »

Le socialiste n’a pas précisé quels propos il visait plus spécifiquement, mais le pape François s’est fait remarquer à plusieurs reprises sur le sujet, entre autres lors de sa visite samedi à l’UCLouvain, à Louvain-la-Neuve. Dans son discours, il a considéré les femmes comme « un accueil fécond, des soins, un dévouement vital », relayant entre autres termes, selon l’université, une vision « déterministe et réductrice » de la femme, que l’UCLouvain a tenu à désapprouver. “Ce n’est pas bien quand une femme veut devenir un homme”, a déclaré le Pape.

Autre sortie, loin d’être anodine, et qui en a fait plus d’un bond : la visite, demandée par le Pape lui-même selon le Palais, de la Crypte Royale où le souverain pontife est allé se recueillir au tombeau du roi Baldwin. Le pape a salué le “courage” d’un roi qui a choisi, au moment de l’adoption de la loi dépénalisant partiellement l’avortement, de “quitter sa place (…) pour ne pas signer une loi meurtrière”.

Des « commentaires ahurissants » selon le Centre d’action laïque, d’autant plus provocateurs qu’ils ont été tenus à l’occasion de la Journée mondiale du droit à l’avortement.

Dans les rangs politiques, le désarroi des socialistes a également été marqué, même s’ils n’ont pas été les seuls à s’interroger sur la place de tels propos en visite d’État et en présence du couple royal belge.

“On retiendra (…) une expression contre le droit à l’avortement et la liberté des femmes”, a posté Paul Magnette sur X samedi. « Être anti-avortement n’est pas une question de « courage », c’est un manque de respect envers les femmes ! », avait lancé la ministre fédérale Karine Lalieux. Christie Morreale, ancienne ministre wallonne de l’Égalité des chances, résume, toujours sur « le courage » du roi Baudouin qui a sorti de son rôle en s’y opposant. Dans notre pays, l’avortement est un droit menacé par les courants religieux et conservateurs. Sa réaction en est une nouvelle et déplorable illustration.»

Caroline Désir, également socialiste, souligne qu’il s’agit bien d’une « expression politique » du pape, « déplorable ». Thomas Dermine se pose également des questions : « Le Pape a été reçu comme chef de l’Etat, c’est ce qui a justifié son accueil au Palais », rappelle-t-il. “Donc, le fait qu’il s’exprime, dans le cadre de cette visite, sur une béatification et sur une loi votée par le peuple belge (sur l’avortement) pose sérieusement question.”

Dans les rangs de DéFI, la présidente Sophie Rohonyi est également montée au créneau. « La loi de 1990 n’est pas une ‘loi homicide’. Au contraire, il a sauvé la vie de milliers de femmes, en les empêchant d’avorter clandestinement. La qualifier d’assassin est un affront inacceptable de la part du pape aux droits des femmes.» Ces propos sortent « du champ de compétence du ‘chef de l’Etat’ », estime-t-elle.

 
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