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Le centre d’accueil de nuit et de réinsertion résidentiel fribourgeois voit son taux de fréquentation augmenter alors que ses moyens financiers stagnent.
La Tuile a accueilli un nombre record de personnes en 2023. © Alain Wicht-archives
Publié le 26/04/2024
Temps de lecture estimé : 3 minutes
« La Tuile est au bord de la saturation », prévient son directeur Eric Mullener. Le centre d’accueil de nuit et le dispositif de réinsertion en logement doivent faire face à une hausse significative des demandes, alors que son soutien financier reste pour l’heure inchangé. Même si ces préoccupations ne sont pas nouvelles (LL28/12/23), la situation s’est dégradée depuis 2022 au point que des doutes planent sur la pérennité du système, ont souligné les responsables jeudi lors de l’assemblée générale.
«Entre 2021 et 2023, le nombre de personnes accueillies en centre d’accueil de nuit a augmenté de plus de 30%», note le président Benoît Rey, évoquant une hausse de la précarité dans le canton. D’une moyenne de 500 personnes accueillies jusqu’en 2021, le centre est passé à 600 en 2022 et à plus de 650 en 2023. « Les possibilités maximales d’accueil de nuit ont été dépassées une nuit sur quatre, travaux supplémentaires à la clé », a constaté Denis Pythoud, directeur d’accueil d’urgence. Le nombre de nuitées a également augmenté de 7 761 en 2022, pour atteindre 8 826. L’augmentation des résidents non cantonaux effectuant de courts séjours se conjugue en 2023 avec une nette augmentation du nombre de nuitées des résidents cantonaux.
Problèmes financiers
L’exercice 2023 se termine ainsi sur un déficit net de près de 50’000 francs. « Les activités subventionnées représentent un déficit de plus de 430 000 francs », souligne le directeur. Et le capital net, moins de 7% des dépenses, qui s’élèvent à 2,5 millions.
Si la tendance persiste en 2024, une adaptation du système sera nécessaire et davantage de moyens. « Or, l’État couvre à peine plus de 30 % du budget, le reste étant constitué de 25 % assuré par la Loterie romande, 17 % par les prestations facturées et 27 % par les dons et cotisations. Cela démontre un problème structurel dans le financement de l’association », estiment les responsables. Qui appellent à augmenter la part des subventions cantonales « si La Tuile ne veut pas sombrer elle-même dans la précarité ». Il a été demandé de porter ce chiffre à 1,1 million en 2025.
« Il faut augmenter la part des subventions de l’Etat si La Tuile elle-même ne veut pas sombrer dans la précarité »
Éric Muller
“Si une augmentation de la subvention allouée par l’Etat survenait, elle serait prévue pour 2025”, confirme Claudia Lauper, secrétaire générale de la Direction de la Santé et des Affaires sociales, sans pouvoir en préciser le montant, le processus et les discussions. étant en cours. La subvention actuelle, inchangée depuis 2021, représente « 32 % du budget de La Tuile, soit 732 000 francs. Mais pour 2024, compte tenu de l’inflation, ce chiffre a été porté à 758 250. »
Pistes et projets
Les responsables de La Tuile réfléchissent à des solutions au problème du logement, comme la création d’une pension ou le développement de la colocation encadrée. Mais le concept lui-même de La Tuile n’évoluera pas « car il porte ses fruits : 90 % des personnes quittent définitivement la structure et sont réintégrées ».
Et de rappeler le rôle pionnier joué par La Tuile avec son logement accompagné qui a fêté ses 20 ans en 2023, et avec la création d’un « Accueil24 ». Un projet de 8 studios y est également en cours, qui doit être achevé d’ici août. Et il est prévu d’aménager un espace communautaire pour Saint-Nicolas dans les garages de la Maison de la rue Marcello.
