la communauté maghrébine « n’en peut plus de supporter cette douleur »

La communauté nord-africaine de Montréal est toujours sous le choc après le décès d’un adolescent de 14 ans, dont le corps a été retrouvé à Frampton, près des locaux des Hells Angels. Inquiètes du recrutement de jeunes par des bandes criminelles et d’une hausse de la violence, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées samedi à Saint-Léonard pour réclamer une commission d’enquête et une modification du Code criminel.

L’organisatrice de ce rassemblement, Hadjira Belkacem, tire la sonnette d’alarme, estimant que les parents doivent s’unir pour stopper le recrutement d’adolescents dans les écoles et les parcs montréalais.

Cela commence à 12, 13, 14 ans. Les gangs de rue leur demandent de voler des voitures, d’aller tuer, ce genre de choses… Ils recrutent des enfants pour faire leur sale boulotelle dénonce.

Des membres de la communauté nord-africaine de Montréal se sont rassemblés samedi après-midi dans un parc de la ville pour tirer la sonnette d’alarme sur le « fléau des gangs de rue » qui recrutent des jeunes pour commettre des actes criminels.

Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Hughes

La guerre entre les gangs de rue et les adolescents qui en sont victimes représente un douleur que la communauté maghrébine je ne peux plus supporterajoute Me Nazar Saaty, avocat bénévole à l’Association des Enterrements Musulmans du Québec.

Depuis 2019, nous avons enterré une quarantaine de jeunes dans notre communauté [maghrébine].

Une citation de Me Nazar Saaty, avocat bénévole à l’Association des Enterrements Musulmans du Québec

Le cas récent de Mohamed-Yanis Seghouani, 14 ans, résidant de Saint-Léonard, a particulièrement mis en lumière cette problématique de recrutement chez les jeunes. Cet adolescent d’origine algérienne, qui aurait été associé à un violent gang de rue à Saint-Léonard, a été retrouvé sans vie près d’un repaire de Âmes sombresun club scolaire de Les Hells Angelsà Frampton, en Beauce.

>>>>

Ouvrir en mode plein écran

Mohamed-Yanis Seghouani, 14 ans, vivait à Saint-Léonard, à Montréal.

Photo : Facebook/Tissa Sk

Selon nos informations, le jeune homme n’était pas seul : il était venu de Montréal et était armé de fusils d’assaut de type AK-47.

Selon Mimoun Mohammed Nordine, coordonnateur du Forum des jeunes de Saint-Michel, l’adolescent a été victime d’intimidation à l’école, ce qui l’aurait poussé à se protéger d’un gang.

Il y a un vrai phénomène d’intimidation, qui pousse les jeunes à avoir des armes blanches, des armes automatiques. Il n’y a aucune reconnaissance de ce problème [dans les écoles]ce qui pousse certains à chercher protection [dans des groupes criminels]se lamente-t-il.

Il ajoute que enfants en situation économique difficile de se faire vendre par des gangs un mode de vie grâce à quoi ils gagneront argent facile.

Les parents ont peur, ils ne savent pas quoi faire avec ça.

Une citation de Mimoun Mohammed Nordine, coordonnatrice du Forum des jeunes de Saint-Michel

Appel à l’action des gouvernements

Quelles solutions pour éviter un autre drame comme celui de Mohamed-Yanis Seghouani ? Mimoun Mohammed Nordine réclame d’abord une commission d’enquête pour comprendre comment des enfants de 14 ans parviennent à se faire recruter à proximité des écoles, à avoir des armes.

>>>>

Ouvrir en mode plein écran

Selon Mimoun Mohammed Nordine, coordonnateur du Forum jeunesse de Saint-Michel, les jeunes se tournent souvent vers les gangs en raison d’intimidations ou de leur situation économique.

Photo : Radio-Canada

Pour l’avocat Nazar Saaty, une clé serait également la révision du Code pénal afin d’imposer des peines plus sévères aux mineurs. La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents a été déformée par des criminelsdit-il.

Ils ont vu une faille dans notre système qui consiste à envoyer des jeunes commettre leurs mauvaises actions. Ils disent aux jeunes : « Au pire, vous serez condamné dans un centre. » Derrière ça, ceux qui envoient les jeunes ne sont pas sanctionnés.

Il rappelle également l’importance de financer des programmes communautaires qui viennent en aide aux jeunes des quartiers défavorisés.

C’est un cri du cœur aux élus municipaux, provinciaux et fédéraux, et à la société en général, de dire que nous nous désolidarisons de ces comportements et que nous voulons des solutions concrètes.

Une citation de Me Nazar Saaty, avocat bénévole à l’Association des Enterrements Musulmans du Québec

Le ministre de la Sécurité publique du Québec s’est déjà prononcé sur le fléau des bandes armées.

Comme beaucoup de Québécois, ce que j’entends venant de Frampton me choque, écrivait François Bonnardel sur X le 19 septembre. C’est dégoûtant que des gangs de rue enrôlent des jeunes, des enfants, pour faire le sale boulot.

>>Un poste de commandement mobile a été implanté au cœur de la commune pour rassurer la population.>>

Ouvrir en mode plein écran

Un poste de commandement mobile a été implanté au cœur de la municipalité de Frampton, en Beauce, pour rassurer la population.

Photo: Radio-Canada / Colin Côté Paulette

À la suite du drame de Frampton, la Sûreté du Québec a également augmenté le nombre de ses patrouilles dans le secteur afin de rassurer la population. L’enquête pénale se poursuit.

La violence armée liée aux gangs suscite l’inquiétude ailleurs au pays, notamment à Toronto, où une marche a été organisée samedi pour honorer les victimes d’homicides.

Avec les informations de Jean-Philippe Hughes, Pascal Robidas et La Presse Canadienne

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Présentation des conclusions de l’étude d’impact
NEXT Macron effectuera une visite d’État « fin octobre » au Maroc